Pour clôturer en beauté ce mois de mars qui honore la femme, la rédaction de Laura Dave Média braque ses projecteurs sur l’une des rares femmes d’Afrique à jouer de la kora. Elle s’appelle Lubiana, qui signifie « bien-aimée », un nom que lui a donné sa mère, la veille de sa naissance. Artiste, chanteuse et instrumentiste belgo-camerounaise, son parcours est atypique. Et ses liens avec son pays d’origine le Cameroun et autres anecdotes sur sa vie de « métisse » sont à découvrir dans cet article du Zoom de la semaine.

Révélée au public à l’issue de la première édition du télé crochet The Voice Belgique en 2012, Lubiana est devenue en quelques années une des artistes incontournables de la scène musicale bruxelloise. Très vite, la jeune femme a imposé une pop suave, bercée par les sonorités africaines de la kora, son instrument de prédilection.
Née le 12 décembre 1993 en Belgique, d’un père camerounais et d’une mère belge née d’une famille de musiciens, Lubiana Kouamou Kepaou de son nom complet, est une artiste aux multiples talents. Lubiana grandit fille unique jusqu’à l’âge de 13 ans. Sa mère, violoniste, la pousse très vite à côtoyer le milieu artistique.
Dès 8 ans, elle étudie le piano, la guitare, le saxophone et la théorie musicale. Toujours sous l’impulsion de sa mère, elle touche à d’autres domaines physique et artistiques comme le dessin, le théâtre, le sport, la poterie, et participe parallèlement à beaucoup d’ateliers d’art.
À 16 ans, elle intègre un groupe de blues qui fait exclusivement des reprises. Voulant chanter ses propres chansons, elle quitte le groupe pour un duo qui se nomme « Lubiana et Serge » et qui fait quelques scènes avant de s’éteindre.
À 17 ans, Lubiana étudie les techniques vocales au conservatoire de Louvain où elle choisit l’option Jazz. Une fois sa formation terminée, elle obtient le statut de Maître.
Entre décembre 2011 et janvier 2012, elle participe à la première saison de « The Voice Belgique » où sa voix, jazzy et captivante, séduit immédiatement le public et fait retourner les quatre sièges du jury aux auditions à l’aveugle. Elle atteint le quatrième prime, et l’aventure s’arrête pour elle au quinzième épisode. Même si elle n’est pas lauréate de cette saison, Lubiana profite de l’ouverture que lui offre cette grande aventure pour faire ses premiers pas dans le showbiz.

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Lubiana et la Kora
En 2015, Lubiana sort son premier EP éponyme, comprenant des titres tels que « Silly Girl« , « Passion » et « Breathless« .
Sa rencontre avec la kora cette même année revêt un côté mystérieux. Après avoir rêvé de cet instrument à plusieurs reprises, elle le découvre lors d’un voyage en Espagne, où elle entend une korafola (joueuse de kora) jouer sur une place publique à Majorque. Et pour répondre à cet appel presque divin, Lubiana se lance dans l’apprentissage de la kora en autodidacte, un instrument joué majoritairement par les hommes.
Naitra par la suite une sorte de reconnection avec ses racines africaines qui va pousser Lubiana à apprendre plus sur ses ancêtres, son histoire.
En visite dans le pays de son père le Cameroun, notamment dans son village Bangoua, son grand-père la prend de temps en temps sur ses genoux pour lui lonter la riche et belle histoire de ses ancêtres:
« Mon grand-père m’a dit, pour savoir d’où l’on va, il faut savoir d’où l’on vient. En retournant au Cameroun, il m’a amenée à la case familiale pour saluer mes ancêtres. Dans ce lieu sacré où repose ma lignée, le temps s’est arrêté. J’ai senti se poser sur ma main une chaleur qui ne m’a plus jamais quittée, la force de mes ancêtres« , se rappelle Lubiana, avec émotion.

En 2017, elle sort son Ep « Break Free« .
En juillet 2018, elle fait la première partie de la légende sénégalaise Youssou Ndour à Bruxelles, devant 15 000 personnes.
En 2021, Lubiana sort son album « Beloved« , une hymne à l’amour, l’amour de sa terre, de sa culture, entre frères et sœurs, l’amour de soi.. Album sorti en pleine période de confinement dû au Covid.
En 2022, elle revient au Cameroun, cette fois avec ses frères et sœurs pour leur montrer leurs origines paternelles.

En septembre 2023, elle assure la première partie du concert de la Française Zazie à Forest National.
En 2024, elle sort l’album « Terre Rouge« , un projet qui rend hommage au continent africain. Elle déclare, dans une interview publiée sur le site Echo.be, qu’elle a voulu dans cet album, transmettre un « message à l’attention de tous les descendants de la diaspora africaine qui, pour une raison ou pour une autre, ne sont jamais allés en Afrique ni eu envie d’y aller pour leur montrer que l’Afrique n’était pas que ce continent misère et conflits qui leur est conté« . Une sorte d’invite au voyage, à la découverte de traditions ancestrales. La sortie de l’album est accompagnée d’un documentaire du même nom.
En février 2025, Lubiana assure la première partie de ERA au Zénith et à la Défense Arena, avant de rallier un mois après la terre de ses ancêtres le Cameroun pour deux concerts live à l’Institut Français du Cameroun de Yaoundé et Douala. Ces performances étaient accompagnées de la projection du documentaire « Terre Rouge« , réalisé par Sarah Dauphiné Tchouatcha, qui retrace le parcours de l’artiste et des masterclasses.

Lubiana se definit comme une éclipse, un pont entre deux monde, entre deux races, entre deux couleurs, la « blanche à l’africaine« . Le 30 juillet 2025, elle se produira au 25e festival du Bout du Monde à Crozon en France.
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Ève-Pérec N.BEHALAL