Dans une société où les réseaux sociaux dictent souvent les débats publics, la présence des artistes dans les luttes citoyennes est de plus en plus scrutée parfois revendiquée par les internautes. Ceux-ci jugent souvent leur silence comme un manque de considération envers les maux qui touchent la société à laquelle ils appartiennent. Doivent-ils s’engager par devoir moral ou vont-ils seulement surfer sur les vagues médiatiques pour entretenir leur notoriété ? Pour en savoir plus, la rédaction de Laura Dave Média a recueilli les avis de Tony Nobody, rappeur, producteur et syndicaliste, et de Byfredi, artiste engagé et leader du groupe X-Energie.
L’artiste porte-parole de la société ?
Pour Tony Nobody, la réponse ne fait aucun doute : « Les artistes ont un devoir moral de s’engager dans les luttes citoyennes. » Selon lui, la fonction même de l’artiste est d’éduquer et de sensibiliser : « Nous influençons les gens à travers nos textes et l’aura que nous portons. » Il estime qu’un artiste est avant tout la voix des sans-voix, un relais des réalités vécues dans la société. À ce titre, se taire face à l’injustice ou l’exclusion équivaut à trahir sa mission première.

De l’autre côté, l’artiste Byfredi aborde la question avec plus de nuance. Pour lui, l’artiste est certes un acteur social, mais il reste libre de choisir son niveau d’engagement : « Certains peuvent préférer se concentrer sur leur art pur, tandis que d’autres ressentent un devoir moral de s’impliquer. » Il insiste sur le respect de la diversité des postures et sur la liberté artistique.

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Conviction personnelle ou effet de mode ?
À la question de la sincérité des engagements, Tony Nobody est catégorique : « Mes luttes ne sont pas des coups de communication, mais des convictions profondes. » Il revient sur son combat mené dans le quartier Youpwè à Douala, toujours en conflit judiciaire : « Je protège ma communauté parce que je suis d’abord un citoyen avant d’être un artiste. » Il rejette fermement toute idée de suivisme ou d’effet de mode.
Son collègue Byfredi, reconnaît également qu’une part de stratégie peut parfois accompagner les engagements publics : « Certains artistes sont influencés par la tendance ou la visibilité que cela peut leur apporter. » Mais il précise que cela n’annule pas forcément la sincérité de ceux qui s’investissent durablement sur le terrain.
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Un impact à double tranchant
Les deux artistes s’accordent tout de même sur un point essentiel : l’implication d’un artiste dans une cause citoyenne peut avoir un impact réel, à condition qu’elle soit authentique. Tony Nobody en est un exemple vivant : président d’un syndicat des musiques urbaines et récemment nommé ambassadeur des mobilités, il revendique une influence qui dépasse les mots : « Nos actions produisent des fruits dans la cité. »
Pour le leader du groupe X-energie l’impact ne se mesure pas seulement à la médiatisation, mais à la capacité de mobilisation : « L’engagement a du poids lorsqu’il inspire des changements positifs, quand il est soutenu par des actions concrètes. » À l’inverse, un activisme de façade peut se retourner contre l’artiste et affaiblir la cause défendue.


Au croisement entre devoir moral et liberté individuelle, l’engagement citoyen des artistes reste un sujet à multiples facettes selon les deux artistes. S’il peut parfois être instrumentalisé, il demeure un levier puissant de transformation sociale lorsqu’il est porté par une conviction profonde et une volonté d’agir. Entre sincérité et stratégie, il appartient à chaque artiste de définir la ligne qu’il souhaite tracer entre l’art et la société, entre le micro et le mégaphone.
Stanley Enow, une voix forte pour l’éducation et l’autonomisation des jeunes au Cameroun.
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William Nlep