Avec 25 ans de carrière à son actif, Alain Kengne dit « Petrol » est un comédien et réalisateur camerounais. Il s’est fait connaître du grand public grâce à son excellent jeu d’acteur dans la série « Foyer Polygamique » au début des années 2000 et n’a plus jamais quitté le grand écran. Actuellement en tournage, le comédien a marqué un arrêt dans les locaux de Laura Dave Média pour répondre à nos questions sur sa personne et de ceux qui lui sont chers, dans un entretien à bâtons rompus.
Laura Dave Média (LDM) : Bonsoir Pétrol et bienvenue à Laura Dave Média.
Pétrol: Bonsoir. Merci de m’avoir invité.
LDM: Vous êtes aujourd’hui une figure importante du cinéma camerounais et cela fait 25 ans que vous êtes dans le métier. Racontez-nous en quelques mots comment tout cela a commencé Petrol.
Pétrol: Avant les années 2000, j’étais dans une troupe au quartier appelée « Univers stars 2000 » et comme c’était difficile d’être à la télé, nous faisions des films avec des caméscopes et de fil en aiguille en 2000, je collabore avec Leopold Magloire, un technicien de Canal2. Je lui ai parlé du projet et il était tellement content. C’est ainsi que nous mettons sur pied cette fois, une troupe cinématographique car à l’époque, c’était une troupe à la volée et on ne faisait que des sketchs. C’est en 2000 qu’on met sur pieds nos premiers courts métrages et quelques temps plus tard, Ebenezer Kepombia décide de créer la troupe des « Deballeurs« . J’ai été contacté par lui-même. Il m’a parlé du projet et j’ai accepté. Nous avons commencé par le moyen métrage « La vie dans les minis cités« . Voilà le départ de Pétrol.

LDM: D’où vient le pseudonyme « Petrol«
Pétrol: J’ai eu ce pseudonyme à l’école. Je suis issu d’une famille modeste et comme tout bon newbellois (habitant du quartier populaire de New-bell à Douala, Ndlr), j’étais un garçon très éveillé et les week-ends, j’allais au marché et je faisais le tri des vêtements pour femmes pour vendre, ce qui me donnait toujours un petit jeton pour offrir à manger aux petites filles. C’est comme ça qu’on a commencé à m’appeler le « Pétrolier » et au fur et à mesure ils ont transformé en Pétrol, et un jour, dans les « Déballeurs » quelqu’un m’a appelé Pétrol là-bas, et c’est ainsi que c’est resté.
LDM: Plus de deux décennies donc, dans le 7e art en tant qu’acteur et réalisateur. Sous laquelle de ces deux casquettes vous sentez-vous le plus à l’aise ?
Pétrol: Pour vous dire vrai, je ne suis pas encore plein dans la réalisation. C’est vrai que j’ai réalisé plus de six films personnels mais je suis plus acteur que réalisateur. Je suis même en train de vouloir renverser la donne, être plus réalisateur qu’acteur parce que je crois que j’ai fait ce qu’un acteur pouvait faire, j’ai incarné plusieurs rôles. On me connaît assez comme acteur et aujourd’hui je dois faire mes preuves dans la réalisation. Pour moi, quand on a déjà atteint le summum dans l’actorat, il faut toucher autre chose et moi, je veux me lancer pieds et mains liés dans la réalisation.
LDM : Qu’est-ce qui paie mieux? L’actorat ou la réalisation ?
Pétrol : (rires). Le commun des mortels voit plus l’argent dans ce que nous, cinéastes faisons. Moi particulièrement, je n’aime pas mettre le mot argent dans ce que je fais. Ceux qui le font ne peuvent pas atteindre leurs objectifs. Si tu mets dans la tête que tu viens avoir l’argent dans le cinéma tu vas échouer. Travaillez bien dans le cinéma et l’argent viendra après.
LDM: Combien coûte les services de Pétrol?
Pétrol: Question intéressante. Si hier je coûtais 1000fcfa, aujourd’hui je coûte 100.000fcfa. Pourquoi? Parce que j’ai pris le temps de fabriquer une image et d’avoir une notoriété. Ce n’est pas donné à n’importe qui parce que ça prend du temps. Il faut être persévérant, endurant, sacrifier de son temps pour atteindre mon niveau. Si tu viens me dire que tu veux être comme Pétrol, je vais te demander de bosser et bosser dur. Ne pas être pressé dans la vie.
LDM: En tant qu’acteur, on remarque dans votre parcours que vous avez beaucoup joué dans les œuvres de Ebenezer Kepombia: Foyer Polygamique, La Reine Blanche, la belle mère, la veuve, Ennemis intimes, Cercle Vicieux, Otage d’amour, Madame Monsieur, La Bataille des Chéries et aujourd’hui Révélations Scandaleuses. Qu’est-ce qui fait qu’il vous fasse autant confiance? Vous êtes de la même famille, vous avez un contrat longue durée ou c’est autre chose?
Pétrol : Je vais tout d’abord dire qu’on ne me fait pas confiance parce que je m’appelle Kengne. Non. On me fait confiance parce que je convainc dans mon jeu. C’est le plus important. Si vous faites un film et vous appelez vos amis de bières et de beignets, vous n’aurez pas un bon résultat à la fin. Si Ebenezer Kepombia me fait confiance, c’est parce qu’il sait que je vais bien remplir mon contrat. C’est pour ça que je suis toujours avec lui et je pense que je serai toujours avec lui.

LDM: Il se dit qu’il vous a offert un terrain, qu’il vous gâte beaucoup. C’est vrai?
Pétrol: Je n’ai jamais reçu un terrain venant de Ebenezer Kepombia. Notre collaboration est fraternelle . C’est un grand-frère avec qui je m’entends beaucoup. Il vient chez moi, je vais chez lui. Il m’a même déjà introduit dans sa famille biologique. Ses sœurs me prennent comme un enfant de la maison. Mais il ne m’a jamais offert un terrain. Il est quelqu’un qui, au lieu de vous donner de l’argent, il vous dit comment faire pour avoir cet argent et pour moi, c’est le plus important. Je vais vous raconter une anecdote. En 2017, Big Mop, Fingon, Ebenezer et moi allions à Yaoundé. A un niveau, Ebenezer nous dit qu’il n’apprécie pas notre façon de fonctionner. Il nous reprochait d’avoir de l’argent et d’aller dans les boîtes de nuit au lieu de penser au lendemain, d’acheter un terrain. C’est ça qui nous a réveillés car, un an après, Big Mop a acheté son terrain, Fingon et moi aussi. Avoir un grand-frère comme lui qui est toujours en train de nous booster, c’est plus important que l’argent qu’on peut te donner.
LDM: il y a deux ans, vous avez publié sur les réseaux sociaux votre chantier. Ça évolue ? A quand l’inauguration ?
Pétrol : J’ai coulé la dalle. Je me bats pour élever un autre niveau. C’est pas facile.

LDM : De toutes ces séries citées plus haut, quel est le personnage que vous avez joué qui vous a le plus marqué et révélé véritablement?
Pétrol : Foyer Polygamique. Je jouais le rôle de successeur. Voilà véritablement le départ de plusieurs d’entre nous et de Pétrol. Jusqu’à aujourd’hui, quand les fans me voient, ils m’appellent le successeur et ça me rappelle les années 2004. Quand je regarde les séquences de ce film, je me demande si c’est moi parce que c’était fait avec les moyens de bord, sans financements.
LDM : On a vu sur la toile des extraits de votre personnage dans la série « Révélations Scandaleuses« . Qui allez-vous incarner dans cette série?
Pétrol : En fait, quand on est encore à la cuisine, laissez que le repas soit prêt. N’allons pas vite en besogne. Le moment venu, vous découvrirez la nouvelle face de Pétrol.

LDM: Vous êtes une star, une personnalité publique. Nous savons que vous n’êtes pas un monogame. La polygamie, c’est un choix chez vous ou un devoir? Vous êtes à combien de femmes déjà?
Pétrol : C’est un choix et non un devoir. Tous ceux qui se revendiquent de l’Afrique noire doivent être polygames. Actuellement j’ai 2 femmes officiellement, et 3 officieusement.
LDM: Que pensez-vous de la journée internationale de la femme, une journée où les femmes revendiquent une égalité de droits? Quels sont ceux de vos épouses à la maison?
Pétrol : Je voudrais commencer par dire que plusieurs femmes ne comprennent pas cette journée. Si vous demandez à beaucoup d’entre elles le thème de l’édition passée, elles seront incapables de vous le dire. Pour elles, c’est juste boire et soulever le kaba. Les droits de la femmes sont tout à fait légitimes. Moi particulièrement, je ne couds pas le pagne à mes épouses parce que c’est le folklore. Qu’est ce que tu as fais cette année de mieux par rapport à l’année dernière ? Voilà la question que je pose à mes épouses.
Mes épouses le 08 me demandent plus d’attention. Mais c’est moi qui pose le plus souvent les questions en leur disant qu’elles doivent faire un pas de plus dans leur foyer.
LDM : Que pensez-vous de ceux qui disent qu’un polygame est un homme qui cherche sa mort précoce?
Pétrol : Quand on regarde la démographie, on se rend compte que pour qu’il n’ y a pas de femmes libres sur cette terre. Il faut que chaque homme ait au moins 4 à 5 femmes. Si un africain de l’Afrique comme moi participe à la résolution de cette situation, où est le problème ? Vous savez pourquoi il y a trop de prostituées dehors? Parce qu’elles cherchent l’homme en vain, elles veulent la stabilité. Par contre, si monsieur X prend ouvertement, poliment, gentiment ses épouses et ne voit plus ailleurs, il n’y a pas de problème. Moi je suis de ceux qui pensent qu’on doit être fidèle à plusieurs épouses. S’il faille que chaque femme prenne un homme, on aura plusieurs femmes célibataires. Je suis de ceux qui prônent la polygamie même la Bible le recommande, avec Abraham, Moïse et on les appelle les saints. Même l’Etat camerounais reconnaît la polygamie.

LDM : Quel message pouvez-vous envoyer à vos épouses ?
Pétrol : Je voudrais leur sire ceci: je veux que vous soyez des femmes exemplaires. Votre mari que je suis est un artiste, une star. Ne pensez pas que quand je sors pour travailler et tourner, je vais chercher les femmes. Même si vous me voyez avec les femmes, ce sont les collaboratrices et non des femmes que je convoite. Donc arrêtez à votre niveau de m’agacer avec les « on t’a vu avec x, y ». Je suis dehors pour collaborer. Pour preuve, on ne peut pas faire un film uniquement avec les hommes. Je suis obligé de travailler, m’entretenir, allez dans les snacks discuter les sujets concernant mes services avec les femmes. Si vous me voyez dans un endroit particulier avec des femmes, ne pensez pas que je suis en train de vous tromper. Je travaille et quand je fini le travail à la maison je deviens monsieur Kengne. Ne confondez plus les deux. Je vous aime et je vous adore.


LDM: Revenons à votre vie professionnelle. C’est quoi le plus dur dans votre métier?
Pétrol : Le plus difficile est de trouver les moyens de productions dans ce que nous faisons. Si vous faites l’à-peu-près dans le cinéma, on va mettre votre projet à l’écart. Dans notre métier, les choses vont vite. Les gens sont très pointilleux dans la qualité de l’image et du son. Si vous ne faites pas un film de qualité, laissez le projet. C’est ça le plus difficile : avoir les moyens pour rassembler tous ce dont un film a besoin pour avoir un bon résultat. Il faut avoir les moyens de productions.
LDM : Quelles sont vos relations avec Big Mop, Tonga et Muriel Blanche ?
Pétrol: Big Mop, depuis qu’il a quitté le Cameroun, je n’ai plus eu de contact avec lui mais nous n’avons pas de problèmes.
Tonga est une petite sœur à moi au quartier que j’ai introduit dans le cinéma. C’est d’ailleurs la petite sœur de mon meilleur ami. Elle a dit sur un plateau télé que c’est elle qui m’a introduit dans le cinéma mais c’est faux et archi faux. C’est tout le contraire. Après sa sortie , son frère qui est mon ami lui a demandé pourquoi elle a dit cela, et elle lui a répondu qu’elle allait gérer avec moi. Mais je ne suis pas dans les clashs.
Muriel Blanche, elle, c’est une petite sœur que je rencontrée sur le plateau. Elle a sa particularité. C’est une actrice très posée, calme, qui ne gesticule pas sur le plateau. C’est une très très bonne actrice. J’ai suivi des remous la concernant mais elle donne d’abord le jeu et ça me plaît beaucoup de travailler avec elle parce que, quand vous la voyez dans son rôle, sans lui jeter les fleurs, elle est parfaite. Et aussi elle est généreuse

LDM: Quel est votre plus grand rêve aujourd’hui ?
Pétrol : je viens d’écrire une série et mon rêve est de la réaliser dans les règles de l’art, parce que je sais que ce n’est pas facile. C’est vrai que j’ai déjà réalisé six films personnels mais ce n’était pas vraiment ça. Quand vous voyez Ebenezer Kepombia atteindre le niveau qu’il a atteint aujourd’hui, je lui tire un grand coup de chapeau parce qu’il se donne à fond dans ce qu’il fait. Mon rêve est de réaliser cette nouvelle série qui me tient vraiment à cœur. J’ai réalisé des courts, moyens, longs métrages mais je n’ai pas encore réalisé une série, la signature d’Alain Kengne lui-même, et je vais y parvenir parce que je travaille dans ce sens .
LDM: Quel est votre plus grand vœu pour le cinéma camerounais ?
Pétrol : C’est que le cinéma camerounais atteigne le niveau international. Aujourd’hui, nous tutoyons déjà le cinéma africain car nous avons des prix dans les festivals reconnus à l’international. Nous travaillons durs pour mettre le Cameroun à ce niveau. Mon souhait c’est qu’en dehors de Hollywood, Nollywood, Bollywood, qu’il y ait aussi Collywood parlant du Cameroun, et on y parviendra un jour car nous travaillons dans ce sens.

LDM: Un dernier mot pour vos fans et téléspectateurs de Laura Dave Média Tv?
Petrol: Je vous aime et sans vous je ne suis rien.
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Entretien mené par Ève-Pérec N.BEHALAL