Ce 16 octobre 2025, la communauté internationale célèbre la Journée mondiale de l’alimentation, sous le thème: « Main dans la main pour des aliments et un avenir meilleurs ». Un appel à l’action qui résonne particulièrement au Cameroun, où l’accès à une alimentation saine est souvent mis à l’épreuve par le coût de la vie.
Pour nous éclairer sur la façon d’allier bien-être, portefeuille et respect de l’environnement, nous avons rencontré le Dr Marthe Elise Tankeu, nutritionniste spécialisée en diététique appliquée à la cuisine africaine. Elle dévoile ses « Piliers d’Or » pour transformer nos habitudes alimentaires.
Pilier 1 : Végétaliser et consommer local et de saison
Pour la nutritionniste, réduire notre consommation de produits animaux est un impératif, non seulement pour la santé, mais aussi pour l’environnement.
« Les élevages sont gourmands en eau et en produits végétaux pour très peu de rendement en viande. Choisissons de consommer local, des fruits et des aliments de saison. Cela réduira les coûts économiques. »
Pilier 2 : réduire les gaspillages, valoriser les restes
Le gaspillage alimentaire reste un problème courant, y compris au Cameroun. Le Dr Tankeu recommande de renouer avec les bonnes pratiques d’autrefois :
« Aujourd’hui, nous gaspillons beaucoup trop de nourriture. Il faut cuisiner juste les quantités nécessaires pour chaque personne et, surtout, valoriser les restes d’aliments. C’est ainsi que nos parents faisaient. »
Pilier 3 : Manger vrai, manger simple
Le troisième pilier consiste à bannir les produits aux longues listes d’ingrédients inconnus.
« Manger vrai, c’est manger des aliments simples, les moins transformés possible avec moins d’étiquetage.»
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Le secret anti-précarité
Face à la hausse des prix, certains se tournent vers les produits industriels, pensant faire des économies. Une erreur, selon le Dr Tankeu, qui encourage la cuisine maison :
« C’est un levier très puissant. Il réduit le coût de la marchandise et améliore la qualité nutritionnelle. Avec des aliments frais, on gagne en fibres pour nettoyer l’organisme, en vitamines et en protéines végétales de très bonne qualité. »
La richesse de l’assiette Camerounaise
Le Dr Tankeu insiste sur la richesse des produits locaux, souvent sous-estimés.
»Nous avons assez de tubercules, de céréales que nous pouvons implémenter dans notre alimentation. Les patates, les bananes, les macabres, les plantains, les niambes, les mélons et autres. Au niveau des légumes, tous les types de haricots, les pois de terre, du soja, le sésame, le folon, le hijab, les feuilles de manioc, les feuilles de coque, le waterleaf, les choux.
Par rapport aux fruits, nous avons les papayes, les bananes, les oranges, les mandarines. Il faut consommer les fruits de saison. Ça permettrait d’avoir assez de vitamines C.«
« Et l’autre aspect, ce sera d’associer intelligemment la nourriture pour pouvoir couvrir les besoins nutritionnels.
Tout ce qui est céréales, on va mélanger avec les légumes neutres pour avoir des protéines. C’est-à-dire que je peux faire le corn-tchaf c’est maïs plus haricots qui me donnent des protéines complètes, assez d’énergie, des vitamines et des minéraux. Tu peux associer ton riz aux haricots ou au soja. On pourra également ajouter un peu d’huile. Et l’idéal, c’est la tête de l’huile rouge qui est très, très riche en pro-vitamine A, qui est très digeste et contient aussi de la vitamine E. Nous pouvons aussi valoriser les restes de nos choux. Mais seulement les tiédir. Ne pas refaire une deuxième cuisson, donc ne pas cuire, ne pas réchauffer pendant longtemps. Ça permettrait de garder également des éléments nutritifs malgré le petit budget.«
Le « Geste d’Or » : planifier pour tout changer
Le Dr Tankeu délivre le geste pour transformer durablement notre relation à la nourriture :
« Planifiez vos repas à l’avance, les repas de la semaine. Consommer local et de saison, c’est bien. Mais la planification, c’est le geste d’or individuel qui permet de respecter son budget, de réduire le gaspillage et de garantir la qualité de chaque repas. »
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Ève-Pérec N.BEHALAL
