Le film américain « À Bout » (Straw), actuellement disponible sur Netflix, connaît du succès au Cameroun. Cette œuvre dramatique met en scène Janiyah Wiltkinson, incarnée par Taraji Penda Henson, une mère célibataire en proie à de nombreuses épreuves : perte d’emploi, précarité, deuil, et une prise d’otages inattendue dans une banque.
Dans ce film, les téléspectateurs camerounais découvrent progressivement une femme brisée par la perte de sa fille Aria, une douleur qu’elle n’arrive pas à surmonter. Portée par une performance exceptionnelle de l’actrice principale, l’œuvre fait débat sur la qualité artistique et du jeu d’acteur au sein du paysage audiovisuel camerounais.
Face à cette popularité grandissante, Thierry Ntamack, acteur et producteur camerounais, a livré une réaction passionnée :
« Y’A RIEN ICI DANS CE FILM que les Camerounais ne puissent faire SI culturellement nous faisons de LA FORMATION DANS LES MÉTIERS DU CINÉMA, UNE PRIORITÉ !!!!!«
« Hier encore je rappelais à mes stagiaires en début d’atelier que L’ÉMOTION EST LE CŒUR ET L’ABOUTISSEMENT MÊME DU LANGAGE CINÉMATOGRAPHIQUE !«
« Le Jeu d’acteur, le Scénario, la Lumière, Le Son, les Costumes, La Mise en scène, le mixage, le montage, le maquillage, les musiques de film… UNE INDUSTRIE À BÂTIR.«
« TYLER PERRY, nous offre avec ce Film UNE MASTERCLASS avec une performance monstrueuse de TARAJI qui explose ici les compteurs de L’ACTING«


À travers ses propos, il pointe un besoin fondamental : former, structurer, bâtir une vraie industrie locale du cinéma.
Dans le même esprit, le producteur et réalisateur camerounais Blaise Option, s’est également exprimé sur les réseaux :
« Sia prouving ces jours-ci sur les réseaux sociaux avec le film À BOUT (STRAW). Qui va se négliger ?«
« Ma prochaine chronique c’est STRAW 2. Rendez-vous Dimanche le 22«
« Voilà un film fast-food qui fait parler le monde entier. STRAW a été tourné en seulement 04 jours »

Il met ici en lumière la question de discrimination dans le soutien des œuvres cinématographiques au Cameroun, ceci étant marqué par un fort engouement pour les œuvres extérieures.
Plus critique, Aimée Catherine Moukouri, journaliste, animatrice et promotrice de SCN, s’inquiète du déséquilibre des regards :
« À bout
Je suis épuisée par tous ses posts !
Tyler Perry, dont j’adore toutes les œuvres, n’a pas besoin de nos appréciations ni de nos félicitations pour son travail. Ses marchés principaux et secondaires sont déjà conquis par ses films ; nous n’en faisons pas partie. Bien sûr, on ne peut pas interdire d’aimer une œuvre étrangère (en tant que cinéphile et amoureuse de l’art, je sais que ça n’a pas de sens) le souci est de se servir d’un produit externe, AMERICAIN pour minimiser notre propre cinéma ! C’est inacceptable.«
Elle enchaîne avec un appel sur l’importance de valoriser et de soutenir le cinéma camerounais
« Apprenons à jouer pour nous-mêmes ! La promotion que les blogueurs et acteurs font de ce film incite des centaines, voire des milliers de personnes, à le regarder, à s’abonner à Netflix, à recharger des données, etc.… »
Elle poursuit dans sa sortie avec une défense de la qualité artistique locale
« Essayons de mettre la même énergie sur nos productions locales !
Et ne venez pas me dire que, qualitativement, nous n’avons pas le niveau pour la mériter ! Oui, parce que depuis quelques jours, chaque « bien-pensant » nous sort son cours de cinématographie à deux sous sur le jeu d’acteur, le scénario et j’en passe (souvent pour tancer quelques acteurs en vue, le cinéma ne se limite pas à ceux-là). Si vous osez le faire, c’est que vous n’avez jamais regardé Innocente ou L’Accord de Frank Thierry Lea Malle. Vous n’avez jamais vu le jeu d’acteur de Tatiana Matip Officiel les larmes de Lucie Memba, la rage de Thierry Ntamack. Vous n’avez jamais vu les plans intrigants de Françoise Élong.«
Aimée Catherine Moukouri conclut en citant une actrice locale peu mise en lumière
« Alors, misons sur les pépites de notre cinéma. Commençons dès maintenant à porter des perles comme Thérèse Ngono, qui est époustouflante dans Indomptables de Thomas Nguidjol. Pourtant, elle aussi est À BOUT et réellement, dans un pays qui ne reconnaît pas ses valeurs. Elle a besoin qu’on la porte plus haut, contrairement à Taraji P à qui ça ne fera rien de se savoir dans vos stories.«

Ainsi, À Bout dépasse le cadre du simple film et devient le déclencheur d’un débat profond sur la reconnaissance du talent local, la formation et la valorisation de l’industrie cinématographique camerounaise.
L’antenne de nos 30 ans » : le partage d’expériences de 9 Hommes de médias camerounais sur le journalisme.
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William Nlep