Au Cameroun, la question du revenu des acteurs revient sans cesse. Pour Roger Brice Sobgo, acteur et formateur, vivre de ce métier est possible, à condition d’en repenser les bases. Dans un entretien accordé à Laura Dave Média, il dévoile sa méthode, fondée sur cinq sources de revenus, et plaide pour une approche entrepreneuriale du jeu d’acteur.
« Le problème, ce n’est pas le cinéma, c’est la vision limitée du métier d’acteur »
Avec la voix de l’expérience, Roger Brice Sobgo ne tourne pas autour du pot :
« À chaque fois, on me pose la même question : est-ce qu’on peut vivre de son métier d’acteur au Cameroun ? Et je réponds toujours oui. Mais pas si vous vous limitez à attendre un rôle. »
Selon lui, beaucoup d’acteurs restent enfermés dans un seul modèle : celui du revenu de prestation. « Tu joues, tu es payé, et puis quoi ? Tu consommes de l’argent en une semaine et tu recommences à zéro. Ça ne suffit pas pour bâtir une carrière durable. »
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Cinq types de revenus à connaître
Sobgo insiste : le jeu d’acteur, ce n’est pas seulement jouer. C’est aussi capitaliser.
« J’ai développé un programme de formation sur les différents types de revenus d’acteurs. Il y en a cinq. Le problème, c’est que la majorité ne connaît que le premier : celui du cachet. »
Il cite ensuite les quatre autres. La capitalisation de la notoriété : « Ton nom est une marque. Tu peux vendre, représenter, attirer. Les fans viennent vers toi, pas juste pour un film, mais pour ce que tu incarnes. »
Les droits d’auteur et voisins : « Ce sont des revenus passifs. Tu touches à vie, et même après ta mort, tes enfants continuent de percevoir. Encore faut-il déclarer ses œuvres ! »
La formation : « Quand tu maîtrises ton art, tu peux enseigner. Crée des masterclass, forme la relève, partage ton expérience. »
La création de contenus : « Aujourd’hui, tu peux faire ta propre série, ton court-métrage, ta chaîne YouTube. Tu n’attends plus qu’on t’appelle, tu te crées ta scène. »

« Un acteur peut vivre sans tourner un seul film pendant un an »
Roger Brice Sobgo veut faire tomber les clichés. Pour lui, l’acteur africain doit devenir acteur de sa propre économie.
« Il faut arrêter de dire : “Boss, est-ce qu’il n’y a pas un rôle pour moi ?” Tu es déjà connu, tu as un public. Tu peux transformer ça en revenus. Va voir un vendeur de téléphones, propose-lui de vendre à ta fanbase. Tu gagnes sans investissement initial, juste avec ta crédibilité. C’est ça, la capitalisation. »
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Un appel à transformer l’acteur en entrepreneur
Pour Sobgo, l’acteur africain doit opérer une révolution mentale : se voir comme un entrepreneur culturel, pas seulement un interprète.
« L’acteur ne peut plus se contenter d’attendre un casting ou un coup de fil. Il doit créer ses propres opportunités, devenir une marque, bâtir son écosystème. »
C’est dans cette logique qu’il a fondé la Sobgo Internationale Actors Academy, une école qui forme à la fois à l’artistique et à l’économie du métier.
« Il faut repenser notre métier. L’actorat ne doit plus rimer avec précarité. Il peut être une voie d’ascension sociale, à condition d’en comprendre les codes. »
À travers son expérience, ses formations et ses convictions, Roger Brice Sobgo propose bien plus qu’un discours : une stratégie. Une manière de concevoir le métier d’acteur en Afrique, qui allie art, intelligence économique et autonomie. Un message pour une profession en pleine mutation.
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Vanessa BAHO





