Informaticien de formation, Dr Cuisto de son véritable nom Frank Meupeou s’est lancé depuis plusieurs années dans sa passion: la cuisine. Avec son entreprise Royal Gold Event, le trentenaire régale les papilles gustatives de tous ses clients. Récemment, il a représenté le Cameroun au concours « Chef of the World » aux côtés de 99 autres chefs venus du monde entier où il a terminé 6e meilleur chef. De retour au Cameroun, Dr Cuisto s’est rendu dans les locaux de Laura Dave Média pour partager son expérience vécue en Chine.
Laura Dave Média (LDM): Bonjour Dr Cuisto et félicitations pour votre belle 6e place.
Dr Cuisto : Bonjour et merci (sourire)
LDM : Pour ceux qui ne vous connaissent pas encore, qui est Chef Frank Meupeou, “Dr Cuisto” ?
Dr Cuisto: Je suis Frank Meupeou Loic, « Dr Cuisto » sur les réseaux sociaux. Un jeune camerounais extrêmement passionné de cuisine, qui a le désir de faire connaître l’art culinaire camerounais dans le monde.
LDM : Comment naît la passion pour la cuisine ?
Dr Cuisto : La passion pour la cuisine naît dans la cuisine de ma mère. J’ai beaucoup de sœurs et je suis le seul garçon à mes parents, notamment à ma mère. J’étais toujours dans ses jupes. J’étais celui qui allait écraser, qui tournait le couscous c’est d’où est venue la passion pour la cuisine.
LDM : A quel moment décidez-vous d’en faire un métier?
Dr Cuisto : Au moment où je me rends compte qu’il faut arrêter de vivre de la vie et vivre ses rêves. Mes parents ne m’ont pas payé l’école pour que j’aille faire restauration mais plutôt informatique ce que j’ai fait au point d’ouvrir une boutique et ça n’a pas marché comme je voulais. J’ai commencé à faire des petits jobs à gauche et à droite et puis je me suis dis pourquoi pas me lancer dans ma passion et j’ai fait de cette passion un métier.
LDM : Vous avez représenté le Cameroun en Chine lors du concours « Chef of the World 2025 ». Comment s’est faite votre sélection à ce concours ?
Dr Cuisto: Côté national, il y a de cela quelques temps j’ai fait un concours que j’ai remporté. Puis j’ai été contacté par la Présidente de Cameroon Pageant qui me fait savoir qu’ils ont besoin d’un chef talentueux et compétent qui va représenter le Cameroun en Chine et qu’ils ont besoin de mon CV. Le comité d’organisation a sélectionné le meilleur parmi les profils en compétition, il y en avait 30 chefs et le CTO a choisi Dr Cuisto pour représenter le Cameroun en Chine.
LDM: Qu’est ce qui a fait la particularité de Dr Cuisto?
Dr Cuisto: Je pense que ce sont mes contenus car je suis dans l’optique d’aider la jeunesse camerounaise. Je fais des contenus pour apprendre aux gens à revisiter les plats, à ne pas rester statique sur le plat de grand-mère. A voir la cuisine d’une autre manière. Je pense que c’est ça qui a fait ma particularité. J’enseigne dans mes vidéos.
LDM : Que pouvez-vous nous dire sur cette compétition ?
Dr Cuisto : C’était une compétition extraordinaire. Si on me demandait de le refaire demain matin je le referai. C’était magnifique.
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LDM : Quelle étape vous a le plus marqué ?
Dr Cuisto : Les trois derniers jours m’ont particulièrement marqué. C’est la population chinoise qui devait voter et choisir. Ce n’était plus des personnes choisies pour qu’on dise après qu’il y’a eu discrimination. C’était une grande foire avec des stands et chaque pays avait un stand de 3m² et chaque chef cuisinier opérait sa magie. Maintenant il fallait convaincre le Chinois à venir manger et acheter ton plat à hauteur de 3000 Fcfa. Il fallait convaincre le Chinois qui est difficile en gastronomie. J’étais le seul noir et nous étions à Langfang, une ville de Pékin très lointaine. Quand je marchais dans la ville tout le monde me regardait. C’était frustrant, à la fois un avantage et un inconvénient.
LDM : Pouvez-vous décrire les plats présentés durant cette compétition ?
Dr Cuisto : Au départ, nous avons fait les escargots sautés et ensuite le poulet Dg. Je précise que le concept était de faire les plats sous forme de fast-food, facilement réalisables et qu’on peut emporter dans les gamelles. Je voulais représenter notre fameux ndolè ou même notre grand taro mais ce n’était pas possible. Je suis quitté du Cameroun avec toutes mes épices (poivre blanc, pèbè, rondelles, le secret du chef et autres. Ma valise était pleine d’épices.) Quand j’arrive en Chine je me rends compte qu’ils ne mangent pas le plantain et pourtant l’ingrédient phare du Dg c’est le plantain et ils n’ont même pas ça chez eux. Ils ne mangent n’ont plus le poulet avec les os. Donc j’étais obligé de m’adapter à leur gastronomie. Au lieu du plantain je devais utiliser la banane mûre, très mûre même. J’ai donc revisité notre poulet Dg et je l’ai appelé Suprême de Poulet Dg et j’ai utilisé le blanc de poulet pour faire le Dg. Côté banane, quand je la faisais frire elle tombait pour la faire tenir il fallait que je mette un peu de farine et je précise que le plat était assez coloré avec les couleurs du Cameroun vraiment représentées.
LDM : Parmi 100 chefs, que pensez-vous avoir apporté de si distingué pour accéder au top 10 ?
Dr Cuisto: Je vais d’abord dire la passion et la détermination. Je n’ai pas baissé les bras malgré les difficultés. C’était vraiment difficile. Les 12 derniers jours étaient vraiment intenses sans repos avec des frustrations. Je parlerai ensuite de la technique culinaire et de mes épices du continent.
LDM: Pensez-vous que votre performance en Chine ouvre une nouvelle ère pour la gastronomie camerounaise ?
Dr Cuisto : Oui ça ouvre une nouvelle ère. Normalement, l’Unesco doit inscrire beaucoup de plats camerounais dans le patrimoine mondial. C’est vrai que c’est en cours avec le « ndolè » mais ça ne doit pas être seulement ça, mais aussi notre poulet Dg que nous avons représenté. L’occident doit découvrir les plats camerounais. Je vous précise que c’est nous-mêmes qui faisions notre marché. Ils nous amenaient dans les supermarchés pour acheter les ingrédients. Quand j’arrive au supermarché, je demande le poivre blanc. On m’a sorti du poivre moulu, je l’ai humé et je n’éternuais pas. J’appelle le chef de la Grèce qui était avec moi il hume aussi et il me dit c’est le bon poivre. Je lui ai dit non que je vais lui faire découvrir le bon poivre. Quand je lui fais humer notre poivre de Penja, à peine détaché, il avait déjà éternué. Quand vous mangez certains plats occidentaux vous vous rendez compte que pour un chef camerounais qui fait uniquement de la cuisine africaine, ça sera difficile pour lui de se situer pour détecter les épices car les épices n’ont pas la même saveur.
LDM: Quels projets avez-vous pour promouvoir la cuisine camerounaise à l’international ?
Dr Cuisto : Pour l’instant, former la jeunesse et sur toutes les plateformes possibles et tous les moyens.
LDM : Quels chefs ou traditions ont particulièrement influencé votre style ?
Dr Cuisto : C’est compliqué parce que je ne fais pas dans le plagiat. Je ne me projette pas sur X ou y, j’essaie de créer et faire la différence. Mais je pourrais citer Me Valère pour sa technique. Moi j’essaie d’apporter ma signature.
LDM : Vous êtes aussi entrepreneur (fondateur de Royal Gold Event) Parlez-nous de cette casquette?
Dr Cuisto : Royal Gold Event c’est une structure que je lance officiellement au Cameroun, je crée les entreprises légalement en 2018 et je me lance donc dans ce challenge en organisant des cérémonies de mariage, baptêmes, service traiteur, sonorisation, décoration.
LDM : Quel est votre prochain défi après « Chef of the World » ?
Dr Cuisto : Faire inscrire le poulet Dg au patrimoine mondial. Je vais combattre avec l’UNESCO. J’irai rencontrer le représentant de l’UNESCO et débattre dessus.
LDM : Un dernier mot?
Dr Cuisto : Je remercie le peuple camerounais pour le soutien et Laura Dave Média pour l’invitation.
Regardez l’émission en intégralité ici
Entretien mené par Ève-Pérec N.BEHALAL
