À l’occasion de la Fête de la musique, célébrée ce 21 juin, Laura Dave Média a tendu le micro à plusieurs artistes camerounais issus de différents courants musicaux : jazz, bikutsi, mbolé, gospel, folk. Loin de se limiter à la fête, certains ont profité de cette journée symbolique pour dresser des constats et formuler des doléances.
Gaëlle Wondje, chanteuse de jazz et grande habituée des scènes live, donne le ton avec une vision plus introspective :
« Un jour particulier pour moi car au-delà de la musique en elle-même, c’est souvent une journée un peu bilan comme la fin du calendrier annuel de mes activités. »

Du côté du bikutsi, le chanteur Ledoux Marcelin, auteur de plusieurs titres à succès comme « Pincez deroulez » dresse un constat amer sur l’état de la musique camerounaise :
« La musique camerounaise a beaucoup régressé par manque d’originalité. Mais il y a un courant de jeunes qui font de la bonne musique et des thèmes et des anciens qui continuent à faire du bon travail.«

Un avis que Petit Malo, chanteur, auteur-compositeur et l’un des pionniers du mbolé, ne partage pas :
« La musique camerounaise a évolué. Elle n’est plus seulement chantée. La musique est aujourd’hui le mastering, le mix, le digital.«
« Le mbolé est le moteur actuel de la musique et de la culture camerounaise. On retrouve le mbolé partout. »

À sa suite, Junior Belinga, figure montante du mbolé gospel, défend lui aussi ce style :
« Le mbolé gospel est un rythme qui permet aux enfants de Dieu de le louer. Il a pleinement sa place dans le showbiz camerounais. »

Mais pour Serginy Sema, chanteur folklorique camerounais, l’enjeu est ailleurs :
« La musique camerounaise doit retrouver son originalité dans nos cultures et tourner le dos aux rythmes occidentaux. »

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Au-delà de la musique, les questions de droits d’auteur et du statut de l’artiste reviennent avec insistance.
Si Gaëlle Wondje préfère s’en tenir à l’esprit de la fête :
« Il y a pleins de revendications. Mais… je ne pense pas que ce soit le jour des revendications. Personnellement je préfère rester ce jour dans l’esprit de célébrer le plus beau métier au monde »,
les autres n’hésitent pas à pousser un cri.
Serginy Sema : « Ma revendication est que l’artiste ait un statut au Cameroun et qu’il y ait une bonne répartition des droits d’auteur. »
Petit Malo : « Ma seule revendication est le statut de l’artiste et les droits d’auteur. L’artiste a besoin d’être considéré et de vivre de son art. »
Ledoux Marcelin, très direct, lance un double appel : « J’interpelle les mélomanes à consommer de la bonne musique… J’interpelle aussi les responsables de la gestion des droits d’auteur.«
Junior Belinga : « Je demande au Minac de prendre un peu plus au sérieux cette journée. Que nous soyons vraiment rémunérés lors des concerts organisés. »
Tim Kayzer, chanteur urbain en pleine ascension, propose une approche plus détachée :
« Je n’ai pas grand chose à revendiquer. Ce jour est un jour où les artistes se lâchent. C’est notre fête, notre anniversaire, faisons la fête et demain recommençons à charbonner.«
Enfin, Mel B Akwen, figure féminine de la scène urbaine camerounaise, adresse une prière simple : « Je prie que la musique camerounaise avance encore plus financièrement. »

La fête de la musique n’est pas qu’une scène ouverte à la joie. Au Cameroun, elle devient aussi le miroir d’un secteur en quête de reconnaissance, de structuration et d’un vrai statut pour ceux qui le font vivre. Malgré les divergences de ton, tous les artistes s’accordent à dire que la musique mérite mieux.
Bonne fête de la musique à tous les artistes et mélomanes.
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Ève-Pérec N. BEHALAL