Lady ponce , de son véritable nom Adèle Ruphine Ngono, écrit depuis deux décennies de belles pages de la musique camerounaise. Invitée récemment chez Laura Dave Média dans le cadre du Média Tour de son nouvel album de 20 titres intitulé « Légende », sorti le 17 janvier dernier, celle que l’on surnomme « La reine du vouksement » a partagé, au cours d’un entretien à bâtons rompus, son histoire, son enfance extrêmement difficile suite à la perte prématurée de ses parents, et sa résilience par rapport à tous les obtacles qui se sont dressés sur son chemin de petite orpheline qui n’avait qu’un rêve, chanter. En 18 années de carrière, la diva totalise huit albums et de nombreux singles et collaborations.
Lady Ponce compte aujourd’hui parmi le cercle très restreint des artistes qui ont popularisé le Bikutsi dans le monde.
LDM: Bienvenue sur le fauteuil de l’invité sur Laura Dave Média. Après toutes ces années de carrière, comment vous définissez-vous aujourd’hui?
Lady Ponce: Je me définis après toutes ces années de carrière comme une artiste qui a beaucoup tourné, apporté de l’énergie, et partagé beaucoup de choses avec le public, sans compter ce que j’ai encore à lui offrir.
LDM: Votre album, Le Ventre et le Bas Ventre, sorti en 2007 a marqué toute une génération avec des titres à succès comme la chanson phare, Le Ventre et le Bas Ventre, Trahison, Essuie Larme ou encore Cellulaire & Internet. Quel message vouliez-vous transmettre à travers cet album ?
Lady Ponce: Cet album m’a beaucoup lancée, notamment le titre « Le ventre et le bas ventre« . C’est cet album qui a fait de moi ce que je suis aujourd’hui. La chanson Le Ventre et le Bas Ventre est d’ailleurs une histoire vraie. Celle d’un de nos locataires au quartier Essos à Yaoundé qui avait un petit commerce. Il a passé le concours de la police quelques mois plus tard, ceci avec l’aide de la famille de sa petite amie, mais, qui une fois à la fonction publique l’a quittée. Ce qui avait poussé mon père a laissé la fille vivre chez nous pendant pratiquement un an gratuitement. C’est de leur histoire que m’est venue l’inspiration car dans les discussions, le monsieur lui envoyait tout le temps des piques genre, tu ne sais même pas préparer (…), tu ne sais rien faire. »
Quand quelques chose vient de l’âme, quand ça vient du réel, ça touche les âmes.
LDM: Vous avez sorti huit albums en 18 ans parmi lesquels Le ventre et le bas-ventre (2007, 06 Titres), Confession (2009, 10 Titres), Suprême (2020, 20 Titres) et
́Légende (2025, 20 Titres). Lequel vous représente le mieux aujourd’hui et pourquoi ?
Lady Ponce: C’est mon premier album « Le ventre et le bas-ventre » qui me représente le plus
LDM: Certaines de vos chansons sont devenues des classiques de bikutsi.
Y en a-t-il une dont vous êtes particulièrement fière et pourquoi ?
Lady Ponce: Personnellement, je ne sais pas exactement quelle chanson m’a le plus marquée. Mes chansons, je ne les écrits pas, elles me viennent comme ça et je chante tout simplement. Toutefois, s’il faut vraiment choisir, au regard du choix des fans et de l’impact de mes chansons, alors ce sera toujours « Le ventre et le bas ventre.«

LDM: Avec le recul, y a-t-il une chanson d’un de vos albums que vous regrettez d’avoir enregistrée ou dont le message ne vous correspond plus aujourd’hui ?
Lady Ponce: Non! Chaque chanson que j’ai écrite, je l’ai fait avec mon âme, je l’ai réfléchie, je l’ai mûri. Il y en a d’autres que j’aimerais retoucher simplement, modifier les paroles, améliorer comme je l’ai fais avec certaines que les jeunes de la nouvelles générations sollicitent aujourd’hui des reprises.
LDM: Toutes vos chansons sont t-elles aujourd’hui inspirées de votre vie personnelle ou d’un regard panoramique sur la société ?
Lady Ponce: Les deux vont de paire. Les vies des gens, un regard sur la société, ma vie personnelle, ma vie antérieure, mes blessures en tant que jeune orpheline de père et de mère, et je le dit d’ailleurs dans une de mes chanson(Me Ndik Yem), vu que je suis issue d’une famille chrétienne et pieuse, je ne sais d’ailleurs pas comment la mort a fait pour entrer chez nous.
LDM: Comment décrirez-vous votre évolution musicale depuis « Le Ventre et le Bas Ventre » jusqu’à « Légende » aujourd’hui ?
Lady Ponce: Je suis fière de mon parcours. C’est un parcours de femme forte et combattante. Je suis dans un pays où quand une femme comme moi lève la tête où essaye de sortir du lot, on lui colle tellement de choses. Moi, j’ai pris tous ces coups là sur moi. J’ai me suis construite une barrière en béton et je continue d’évoluer malgré tout.
LDM: Votre nouvel album Légende marque un tournant dans votre carrière avec 20 titres et des featurings, notamment avec Roger de X-Maleya. Pouvez-vous nous parler du processus de création de cet album ?
Lady Ponce: « Légende » est un album de 20 titres qui a été produit pas la maison de production Keyzit qui a voulu travailler avec moi et c’est un ami qui m’a recommandé cette maison de production, Anicet de Bimstr. Je venais de faire l’olympia à mes propres frais. Il m’a vraiment motivée et je me suis lancée. J’avoue qu’au départ j’ai hésité parce qu’il y a toujours des histoires du genre Keyzit est ci, Keyzit est ça. Un an après avoir pris la peine d’étudier le dossier de fond en comble, ils me m’ont mis une pression énorme. J’ai envoyé le contrat à mon avocat, lui aussi va mettre six mois à le lire, question de mieux l’étudier. Je l’avoue aujourd’hui, je n’ai jamais travaillé dans des conditions aussi professionnelles. Je travaillais avec James et Roger de X-Maleya, et c’est dans mes séances d’enregistrement que voilà je panique et je dis à Keyzit: « je ne peux plus continuer, je ne suis pas émotionnellement au top.
J’ai demandé à ce que Roger de X-Maleya vient me retrouver et quelques temps après, il lui ont envoyé le billet d’avion. C’est allé trop vite. C’est comme ça que Roger monte sur Paris me retrouver tout tremblant en me disant « ma personne, qu’est-ce qui ne va pas et tout(…), puisque c’était une première pour moi d’enregistrer 20 titres, de surcroît en France, hors de mon pays. Roger est donc venu m’assister pendant une période d’un mois. J’ai également travaillé avec Bertrand Eba’a, Bebi Philip, et bien d’autres, des personnes positives, créatives et ingénieuses, et au final, tout s’est bien passé. Je remercie encore Keyzit pour tout cela.
LDM: Qu’est-ce qui différencie « Légende » de vos précédents albums ?
Lady Ponce: Ce qui différencie l’album Légende aux autres c’est toutes ces personnes qui ont travaillé sur le projet. Je n’ai jamais travaillé avec autant d’arrangeurs, 7 sur un album et durant la production je n’ai fait que mon job d’artiste. Keyzit a tout pris en charge, les tenues, le titre de l’album, etc…Pour moi qui ai l’habitude de faire l’autoproduction, ce n’a jamais été facile.
LDM: Quelle chanson de cet album vous touche le plus personnellement et pourquoi ?
Lady Ponce: Même si toutes me touchent, il y a celle qui est intitulée « Nnem y aboum« . C’est une chanson qu’un ami qui s’est sacrifié et s’est abstenu sur beaucoup de choses, quelqu’un qui n’allait pas en boîte, ne buvait pas d’alcool et disait toute le temps « faites la fête, mais à la fin c’est chez moi que vous allez venir dormir« , puisqu’il construisait sa maison etc… Il n’a malheureusement jamais dormi un seul jour dans cette maison. C’est son cercueil qui l’a inauguré. En gros, c’est l’histoire des personnes qui se battent au quotidien pour réussir et assurer leur avenir ainsi que celui de leur famille qui se retrouvent rappelés pour l’éternité. C’est une manière pour moi de dire aux gens: « personne ne connaît l’avenir, personne ne connaît le lendemain etc… On peut du jour au lendemain vous dire « ah tiens! Lady Ponce est partie etc… Le monde ne nous appartient pas. La vie est tellement courte, alors ne jamais remettre à demain ce que l’on peut faire aujourd’hui.
LDM: À travers Légende, quel message souhaitez-vous faire passer à votre public ?
Lady Ponce: Je veux tout simplement transmettre à mon public cette diversité dont j’ai la capacité à m’adapter et dans cet album, je me suis bien éclaté. Vous allez retrouver une Lady
Ponce à la fois vraie et sincère parce que c’est ça qui fait de moi ce que je suis, c’est ça qui m’a tout apporté et en même temps on retrouve une âme en joie dans son travail et qui s’éclate.
LDM: Quelles ont été les plus grandes difficultés de votre carrière musicale ?
Lady Ponce: Musicalement parlant, depuis mes débuts, j’ai eu la chance, car j’ai pas eu de propositions indécentes, j’ai juste eu des personnes qui ont cru en moi et qui ont contribué à la réalisation de mon rêve. J’ai pas vraiment eu des difficultés en dehors des buzz sur les réseaux. Aussi, je me dis, comme je ne suis pas passée par les mêmes couloirs que les autres, c’est pour ça qu’ils s’acharnent contre moi etc…
LDM: Vous êtes une figure majeure du bikutsi. Comment percevez-vous l’évolution de ce genre musical ces dernières années ?
Lady Ponce: Je pense que le bikutsi a fait son chemin et il y a de nouveaux genres qui ont vu le jour tels que le Mbolé qui vient du bikutsi. On compte aujourd’hui au Cameroun trois genre musicaux: Le bikutsi, le Makossa et le Bensikin. Ces trois genres peuvent nous amener très loin à l’international. Quand vous écouter du Mbolé bien fait, ça passe. Le Makossa, comme celui que maman Grâce Decca nous livre au quotidien, c’est digeste et agréable à l’ouïe, pareil pour le Bensikin de Geni solo, ça passe et ça touche le peuple.
LDM: Avez-vous déjà songé à arrêter la musique ? Si oui, pourquoi ?
Lady Ponce: Oui! À un moment dans ma vie, j’ai pensé à arrêté la musique, surtout quand je préparais mon concert à l’Olympia de Paris, j’avais fais un post où je disais « mon père avait raison quand il me disait me voir devenir une sœur religieuse« . Après ce post, j’ai reçu beaucoup de messages de soutien notamment de ma grande sœur Calixte Beyala, l’écrivaine, qui m’a fait un post à la hauteur de l’écrivaine qu’elle est. J’ai reçu pas mal de soutien de mes proches qui m’ont dit: « tu es une Lionne indomptable de la musique camerounaise, tu ne peux pas abandonner maintenant, tiens bon et beaucoup de courage, tu as intérêt à ne pas arrêter parce que si tu le fait, c’est nous-mêmes qui allons commencer par te clasher sur les réseaux sociaux. J’aime la musique mais pas ce monde où les gens se prennent pour des dieux, où des gens se prennent pour je ne sais quoi dans vos vies.
LDM: La place des femmes dans l’industrie musicale camerounaise reste un sujet délicat. Comment percevez-vous la situation actuelle ?
Lady ponce: Alors, parlant de la place de la femme dans l’industrie musicale, permettez moi de le dire, ce n’est pas que dans la musique que l’on retrouve cette poignée de femme, c’est l’aigreur du noir. La femme noire est celle qui chosifie sa sœur, c’est celle qui envie son semblable. L’énemi de la femme c’est la femme elle-même et j’ai pitié de la femme noire. Parce que les femmes noires ne se soutiennent pas mutuellement et malheureusement, ce phénomène se passe dans toutes les couches de la société, journalistes, commerçantes, etc… Il suffit que tu fasses bien ton travail et que le patron apprécie ce que tu fais pour que l’on se mette à dire des choses absurdes sur toi. Si on veut l’évolution, le changement, des places de choix dans le travail de la fonction publique et autres, la femme noire doit se respecter car aujourd’hui, elle est son propre ennemi.

LDM: Y a-t-il un artiste camerounais ou international avec qui vous rêvez de collaborer, mais que cela ne s’est jamais concrétisé ?
LDM: Oui, il y a encore des artistes dans ce monde avec qui je rêve de collaborer, surtout ces jeunes qui sont entrain de reprendre mes anciens succès. À ce sujet d’ailleurs, il y a des jeunes talents qui sont dans la maison de production Keyzit avec qui je compte faire des collaborations, je compte faire un album entier avec Roger de X-Maleya… Ils sont nombreux.
LDM: Vous avez eu des différends avec des artistes comme Mani Bella et Majoie Ayi. Pouvez-vous clarifier l’opinion sur ce qui s’est réellement passé ?
Lady Ponce: Personnellement, les différends avec Majoie Ayi et Mani Bella, c’était l’histoire d’un artiste qui est allé leur raconter des choses sur moi du genre, je voulais leur faire du mal, jusqu’à leur promettre des preuves. Fin de compte, la personne a été incapable de leur fournir la moindre preuve, aucun voice ou message de moi où je disais que j’allais les nuire. Mani Bella a fait volte-face, elle est revenue à des meilleurs sentiments. Quant-à Majoie Ayi, elle m’avait appelée pour en parler. Pour cela, je n’aimerais plus qu’on me colle l’étiquette d’artiste bikutsi mais plutôt l’étiquette d’artiste camerounaise tout simplement. Si on veut le changement, on doit arrêter avec ces clans. On ne se connaît pas à la base même si on vient de la même région, on se connaît en tant qu’artiste tout simplement. Ce sont des appellations d’artistes bikutsi qui créent du tribalisme sur les réseaux sociaux et moi je ne veux pas du tribalisme. Les artistes bikutsi n’ont pas plus de place dans mon cœur que les autres et je suis appelée à soutenir tous les artistes, quels qu’ils soient.
LDM: Qu’est-ce que vous êtes capable de faire en tant que Légende pour faire avancer le Bikutsi?
Lady Ponce: Vous aviez dû remarquer que tous mes spectacles ont été suspendus par ma maison de production Keyzit, car nous sommes entrain de préparer de grandes scènes dans de grandes salles du côté de Paris, au Cameroun, en Afrique de l’Ouest, au Canada etc… Cet album est celui où j’ai dû tout arrêté pour me concentrer, c’est la preuve que je suis prête à continuer à élever le bikutsi sur le plan national et international.
LDM: Que pensez-vous de l’impact de K-tino sur le bikutsi et de son rôle dans l’évolution du genre ?
Lady Ponce : Ce que je pense de K-tino c’est que c’est grâce à elle si on a cette confiance en nous aujourd’hui. C’est grâce à K-tino et bien d’autres que l’on a pu s’affirmer jusqu’à ce jour dans ce genre parce que jadis, le Bikutsi était dominé par les hommes. C’est ce qui permet aussi à cette nouvelle génération qui est déjà bien installée de s’affirmer. Je pense notamment à BelYv, à Blanche Bailly, à Sandrine Nnanga etc… et ce que j’aime chez elles, c’est qu’elles sont polyvalentes.
LDM: Le Bikutsi féminin semble marqué par de nombreuses rivalités. Selon vous, y a-t-il trop de tensions entre les chanteuses du genre, si oui quelles seraient les raisons de ces tensions?
Lady Ponce: Non! i
Il n y a pas trop de tensions dans le Bikutsi, je dirais plutôt de l’ignorance sans toutefois me vanter car, dans le milieu du Bikutsi on parle plus de sorcellerie que de projets. Quand je me décide de faire La Cigale et l’Olympia, ils ne croyaient pas parce qu’ils se sous-estiment. Le problème c’est l’ignorance, c’est le manque de confiance et quand on a un manqué de confiance en soi on devient aigri, jaloux etc… Nombreux se disent que Lady le fait parce qu’elle est dans des sectes. Aujourd’hui, je suis à huit albums et je parcours le monde pour la promotion de mes produits malgré mon niveau actuel. Moi, je prefère faire chemin avec des gens qui parlent plus de projets que de sorcellerie.
LDM: Vous aviez longtemps fait dans l’autoproduction à vos débuts, qu’est-ce qui a motivé votre choix d’être produit en 2025 par la maison Keyzit ?
Lady Ponce: Je me suis produite moi-même à l’Olympia, ce qui m’a coûtée au minimum 120.000 euros, soit 78.000.000frcfa, avec les TCC, c’est plus de 30.000 euros (195000frca). Bref, je me suis rendue compte que l’auto-production prend énormément d’argent et tout ce que je travaillais repartait. C’est ainsi que je me suis dis qu’il était temps de signer dans une maison de production qui va, non seulement répondre à mes attentes, mais qui sera surtout à la hauteur de ma personnalité et de ma carrière. En signant avec Keyzit aujourd’hui, je n’ai plus besoin de courir à gauche et à droite pour aller déclarer mes œuvres à la SACEM, c’est Keyzit qui gère tout ça et chaque artiste devrait avoir une maison de production honnête, et j’espère que Keyzit ne le fait pas seulement parce que c’est moi, je souhaite vraiment qu’ils le fassent pour tous les autres, les jeunes surtout. Ces jeunes artistes font face à des managers malhonnêtes qui veulent devenir star derrière leur image etc… Moi, Tchop tchop m’a managée il ne s’est jamais fait passer pour moi. Il a toujours travaillé dans l’ombre pour que je brille et pour cela je lui dis une fois de plus, milles fois merci.
LDM: Dans chaque deal, on sait qu’il y a des avantages et des inconvénients. Quels sont les vôtres avec Keyzit ?
Lady Ponce: Avec Keyzit, je n’ai pas d’inconvénients, parce qu’un contrat ne doit pas avoir des avantages et des inconvénients, un contrat devrait servir les deux parties. Il devrait être équilibré pour permettre aux deux parties de trouver chacune son compte. Le problème avec les jeunes, c’est qu’ils ne lisent pas les contrats qu’on leur donne comme si on leur avait dit que les cabinets d’avocats avalaient les gens. Il y a des cabinets qui peuvent suivre votre dossier avec 50.000Fcfa. Mon contrat avec Keyzit est un projet qui doit aboutir à de grandes salles de spectacle, la production de mon album Légende, sa promotion dans les médias, etc…
LDM: Quel regard portez-vous sur la question des droits d’auteur au Cameroun ?
Lady Ponce: Les droits d’auteurs du Cameroun sont comme le Cameroun lui-même, il n y a rien qui marche, mais nous, on a quand même l’avantage d’avoir les spectacles et autres. Je ne m’attache pas trop aux droits d’auteur au Cameroun. Si je le fais, que va dire le fonctionnaire ? Je garde la foi en ce que les choses vont s’arranger. Et il faut le dire, le problème du droit d’auteur au Cameroun, ce n’est pas le gouvernement, c’est nous-mêmes les artistes. Il y a des artistes parfois quand ils parlent de droits d’auteurs sur des plateaux de télévision, je me demande si leurs familles savent même qu’ils sont des artistes. C’est ce désordre là qui crée le mépris de la société camerounaise où personne n’est pas à sa place, ce sont ces mêmes artistes qui ne sont même pas connus dans leur familles qui vont manquer du respect aux légendes comme papa Ben Decca et autres. Ce sont ces derniers qui pensent qu’ils ont le monopole sinon le droit de gérer les droits d’auteur au Cameroun alors qu’ils ne sont auteurs de rien, ils n’ont rien produit, même pas deux secondes de chansons. C’est ainsi qu’ils arrivent à créer le désordre avec toutes ces maison de droits d’auteurs qu’on retrouve aujourd’hui au Cameroun. Les questions de droits d’auteur au Cameroun sont des histoires où si on parle, quelqu’un va se lever pour te manquer du respect. C’est pourquoi je me suis affiliée à la Sacem depuis plus de 10 ans aujourd’hui, et je touche mes droits d’auteurs partout dans le monde. La Sacem les regroupe et me les envoie.
LDM: Avez-vous déjà été victime d’injustices en tant qu’artiste ?
Lady Ponce: J’ai tellement eu de bonheur et de chance dans ma carrière que s’il arrive que voilà, je sois victime d’impasse, je ne m’attarderai pas dessus. Je me sens bénie, comparé à ce que les autres vivent. S’il faille parler d’injustice dans ma vie, c’est lorsque j’ai perdu mes parents et pour moi c’est une injustice, l’injustice de me sentir sentir seule, mais Dieu m’a tellement apportée, j’ai toujours minimiser le reste.
LDM: Quel regard portez-vous sur l’apparence physique aujourd’hui qui semble être une clé de réussite pour nombreux dans la carrière musicale d’un artiste ?
Lady Ponce: Sur cette question, je dirais, chacun fait de son corps ce qu’il veut, chacun fait de sa vie ce qu’il veut, il y en a qui se sentent à l’aise naturellement, il y en a qui ont envie de retoucher des parties de leur corps et c’est ça le problème aujourd’hui en Afrique en général, et au Cameroun en particulier. Les gens s’attardent sur les choses qui ne nous avancent à rien et ne nous apportent rien, pendant qu’on a des enseignants qui revendiquent les salaires, il y a des orphelins qui pleurent dans les orphelinats etc… Nous avons des problèmes plus graves et plus urgents, mais les gens s’attardent sur du commérage.
« Lady Ponce couche avec qui en ce moment » ? « Tu as vu la poitrine de Lady ponce? c’est comme ci elle a encore augmenté hein » (rires)… Moi, je fais de mon corps ce que je veux, je fais de ma vie ce que je veux. Ce qui m’importe en ce moment c’est la situation des mamans au Cameroun, les bébés et les jeunes filles qui se font violer au Cameroun, des jeunes filles qui font des partouzes ça et là à la fleur de l’âge. Je fais de mon physique ce que je veux.
LDM: Vous avez été mariée puis divorcée. Quels souvenirs gardez-vous de cette étape de votre vie quand on sait qu’avant ces confirmations de mariage, vous aviez connu pas mal de relations, vous le dites d’ailleurs dans l’une de vos musique intitulé « Avant Toi« ?
Lady Ponce: Ma vie personnelle aujourd’hui ça ne m’intéresse vraiment pas, parce que j’ai une vie de couple désormais. Aucune fille ne peux accepter ce que j’ai vécu.
Aujourd’hui je vis avec un homme qui me respecte et ça ne me permet pas de revenir sur mon passé. J’ai été mariée traditionnellement à un seul homme que ma famille connaît, j’ai fait un mariage à l’américaine et pour moi, c’est du passé aujourd’hui. L’hypothèse qui fait le buzz ces jours, si je ne répond pas c’est que je suis hypocrite. J’ai dit les choses telles qu’elles sont où alors telles qu’elles ont été mais malheureusement, les Camerounais aiment les personnes fausses. Il fallait que je vienne là, je commence à raconter du n’importe quoi pour le bonheur de leur attentes, dire que ma vie de mariage antérieure aura été rose alors que c’est tout le contraire et c’est tout ca qui me fait dire aujourd’hui que voilà, ces gens attendaient que je me suicide mais malheureusement pour eux, ce n’est pas arrivé. J’ai le droit de de savoir et de dire ce qui est le pire moment de ma vie maintenant, que ça plaise ou non aux uns et aux autres, je m’en fous.
LDM: Nous tirons vers la fin de cet entretien Lady Ponce. Quel conseil donneriez-vous aux jeunes artistes qui souhaitent percer dans l’industrie musicale ?
Lady ponce: Le conseil que je donnerai à ces jeunes artistes qui aimeraient se lancer dans la musique est de s’entourer des bonnes personnes. Comment détecter des mauvaises personnes. Une personne qui, après seulement deux ou trois minutes avec vous veut déjà faire pour vous poster, il faut comprendre que la personne est là pour ta lumière. La personne est là pour une mission, une vraie amie n’a pas le temps de faire des photos avec toi pour ce type de fin. Elle est plutôt là pour contrôler si tu as bu, mangé, contrôler si tu te portes bien etc… Celle qui passe le temps à faire des photos de toi pour les poster, chasse-la de ton entourage. La meilleure façon de vivre est de vivre dans l’ombre. Moi, j’ai eu la chance d’avoir une meilleure amie, Fati, avec qui je vis. C’est elle mon coffre-fort, mon bouclier. Il y a aussi un petit là, l’américain avec qui je travaille depuis 2007. Quand tu as un ou une ami(e) qui veut exister à travers toi, cette personne n’est pas une bonne personne.
LDM: Quel est votre plus grand rêve encore non accompli ? Où vous voyez-vous dans cinq, dix ans ?
Lady Ponce: Mon plus grand rêve c’est d’être la Koffi Olimide de la musique, c’est ce que je veux être, et quand je vois aujourd’hui mes grandes sœurs avec autant de talent qui se sont laissés aller avec autant de talent et je regarde Koffi Olomide qui est hyper talentueux et qui se réinvente chaque année avec le temps, je me dis, « on a pas encore de Koffi Olomide au Cameroun, il faut que nos papas là s’adaptent et quand je vous ce que Keffieh fait, j’ai envie d’être la Miriam Makeba du Cameroun. J’ai envie de bosser dure et mettre la musique camerounaise au sommet. Pour cela, je ne vais jamais baisser les bras et je vais travailler aussi longtemps que Dieu me donnera longue vie et santé, parce que ce métier m’a choisie.

LDM: Nous sommes arrivés au terme de cet entretien, mais avant de nous quitter, revenons un peu si vous le voulez bien sur ce nouvel album que vous aviez mis sur le marché depuis le 3 Décembre 2024.
Cet album a finalement coûté combien en terme de production ?
Lady Ponce: Cet album a coûté énormément cher à Keyzit. J’ai été payée à la minute. 14 euros de l’heure soit 9200 Fcfa par heure, ce qui est hors de mon cachet. Ça, se sont les conditions de travail des lois françaises et j’ai été payée par titres, heures et tous les musiciens qui m’ont accompagné ont été payer. S’il faut vraiment évaluer cet album, c’est un album, nous sommes dans les 200.000 euros soit 131.191.400 Fcfa. Ça, il faut le dire et on n’a pas encore fini avec les clips vidéos, la communication etc… Keyzit, en travaillant avec moi, savait avec qui il venait travailler et je crois qu’il n’est pas venu travailler avec moi pour de l’argent, il est venu au contraire travailler avec moi pour impacter parce qu’il avait besoin d’une figure de respect, une figure de pointe et une de travail. Et aujourd’hui, avec les résultats de cet album sur le marche, on est tous satisfaits.
LDM: Le choix de 20 titres dans votre nouvel album « Légende« , est-il personnel ou une exigence de votre nouvelle maison de Production Keyzit ?
Lady ponce: Parlant des titres de cet album, j’en ai fourni 35 et Keyzit a choisi uniquement 20. La question des titres sut l’album, c’est encore un choix de Keyzit. J’ai proposé autant que je pouvais et ils ont fait le choix et je continue à travailler sur mes futurs albums. Les autres titres qui sont restés vont aussi sortir, mais en singles.
LDM: Les thématiques (l’amour et les relations sociales, l’héritage et l’identité culturelle, la résilience et la lutte personnelle, que vous évoquez dans votre nouvel album sont-elles tirées de votre vécu?
Lady Ponce: J’ai dit à Keyzit que j’avais besoin de thématiques que je n’aborde pas trop souvent et c’est ainsi qu’ils ont mis la prod du titre tel que « le monde » à ma disposition.
LDM: Les titres tels que « ma vie« , est-il une réponse aux critiques que les autres portes sur vous où alors un choix artistique ?
Lady Ponce: Cette chanson est personnelle, c’est un vécu personnel, mais comme je ne peux pas aller faire des directs sur Facebook, alors je met cela en chanson. Eh oui! C’est ma vie, car j’ai été empoisonnée par une personne que j’hébergeais chez moi. Alors, je le met en chanson au lieu d’aller me mettre sur les réseaux sociaux pour le dire. Je ne peux pas chanter les histoires des autres sans toutes fois parler de mon vécu à moi.
LDM: Revenons sur sur ce titre que vous aviez repris dans votre album pour parler des droits d’auteur une question qui est sensible aujourd’hui et divise, aviez vous contacter celui qui est à l’origine de ce tube à succès ?
Lady Ponce: Oui, je l’ai contacté moi-même. Il a ensuite été contacté par Keyzit et comme je suis d’ailleurs au Cameroun ces jours, on va se voir pour en parler d’avantage, c’est l’avantage que l’on a à travailler avec des patriarches car ce ne sont pas des gens qui dérangent, ce sont des personnes qui connaissent l’impact des reprises de musique et cette chanson est d’ailleurs aujourd’hui déclarée à la Sacem. La question des droits d’auteurs au Cameroun, nous sommes dans l’émotion et celle-ci fait en sorte que certaines personnes pensent que c’est quand quelqu’un bavarde beaucoup qu’il connaît, au contraire c’est tout faux.
LDM: Comment se sont opérées les collaborations entre vous et les autres artistes qui ont participé à la réalisation de ce nouveau bijoux musical, je pense là à Roger de X-Maleya; Bebi Philip, etc…?
Lady Ponce: Roger de X-Maleya et Bebi Philip, c’est mon choix personnel. On a travaillé sur deux chansons, notamment « Tu parles de qui « Allô » et Roger de X-Maleya c’est mon ami, mon pote, mon chouchou dans la musique et j’avais déjà commencé à travailler avec eux. Alors, lorsque je leur ai dit, « voilà, je travaille désormais avec Keyzit, est ce que ça vous gène de m’accompagner, ils ont dit non et voilà comment c’est parti. Quant aux artistes comme James, le fils de Manu Dibango, qui est quelqu’un de très talentueux, et je suis trop fans de son travail. Je voulais travailler avec lui depuis mais on s’est toujours loupés, notamment lors des funérailles de son papa et de la CAN2022 au Cameroun. Lorsque Keyzit me l’a proposé, j’ai été d’accord, c’est comment ça qu’on s’est mis à travailler sur les prod des chansons telles que « Je n’ai pas le choix » et bien d’autres.
LDM: Nous avions préparé pour vous un bonus. Que répondez vous à ces commentaires de deux de vos fans qui vous suivent depuis longtemps ?
D’abord, cet internaute, Ndebi Patrick, qui dit: » Lady ponce, tu as du talent, je ne veux plus te voir dans le bikutsi. Tu as de la voix et du talent pour nous faire écouter autre chose. Quitte le bikutsi et fais nous un album loin de ce genre stp.«
Lady Ponce : J’ai toujours été taquine dans ma musique mais soft. J’ai toujours fait du bikutsi depuis mon entrée dans la musique mais je suis entrain de migrer petit à petit comme vous le voyez dans l’album Légende. Si je ne fais pas un album 100% bikutsi, je ferai toujours un album qui a trait au bikutsi parce que c’est ma racine. C’est le bikutsi qui m’a rendue célèbre mais je veux plus, le moderniser, et je veux le rendre un peu plus afro-jazz, donc Ndedi Patrick, merci pour ton soutien et merci pour ce message aussi classe et cultiver.
Et celui-ci, de Rosy Abem: « Tu es née pour briller ma star ne gère pas les pleures du margouillard.«
Lady Ponce: En fait, je n’ai plus envie de revenir sur cette histoire parce que voilà le mot magouillard, qui n’a rien à voir avec la personne, puisque dans notre groupe La Ponce Attitude, les hommes, on les appelle les margouillards et les femmes, Ndombas. Donc, lorsque je parle du margoullard, je fais allusion aux mecs, rien d’autre, donc merci pour le message et merci pour le soutien et les encouragements.

LDM: Un dernier mot pour vos fans et amoureux du Bikutsi ?
Lady Ponce: Merci de m’avoir reçu sur votre plateau. Comme dernier mot à dire à mes fans et amoureux de la musique c’est que, chaque pays où j’ai été, que ce soit en Afrique de l’ouest, en Europe où en Amérique du Nord, chacun a toujours mis sa propre culture en avant avant de penser autres cultures. Quand vous arrivez au Gabon, c’est écrit: « Gabonais d’abord! » En Côte d’Ivoire pareil. On a besoin de vous, public camerounais, et je ne veux pas être aussi ingrate parce qu’aujourd’hui, je suis fière du travail abattu par les tiktokeurs camerounais qui ont décidé de privilégier les albums camerounais. C’est d’ailleurs ce qui fait la force des grands pays tels que le Nigéria, le Congo, qui sont des pays avec de grandes industries musicales et ceci c’est parce que le peuple a d’abord été avec eux et les autres aujourd’hui ont suivi. Je vous dis merci pour tout ce que vous faites pour moi en particulier et en général pour la musique camerounaise. Je veux aussi dire à la jeunesse camerounaise d’aujourd’hui » excusez moi! Vous êtes une jeunesse qui va dans tous les sens. Excusez du peu. C’est pas parce que telle est devenue influenceuse que vous aussi vous pensez que vous allez réussir dans ce domaine là. Je vous ai toujours dit que l’avenir, c’est l’école. Tu n’as pas la chance de réussir dans les domaines des autres, alors il est mieux et important de re-concentrer sur ton école parce que si tu échoues sur les choix des autres, au moins tu vas te rattraper avec les diplômes. Si tu n’as pas la chance de chanter comme Lady Ponce, alors poursuit tes études, car c’est vous, jeunesse camerounaise, le Cameroun de demain et c’est vous qui alliez faire du Cameroun ce que vous voulez.
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William Nlep