mardi, décembre 3, 2024
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ENTRETIEN AVEC … Jeanne Mbenti : « Je veux être une source d’inspiration pour la génération qui arrive »

Connue sous son pseudonyme de  » Norma « , Jeanne Mbenti est une comédienne, actrice et humoriste camerounaise qui compte dans l’univers cinématographique africain. Avec plus de 20 ans d’expérience sur les planches, ‘’Norma’’ est très appréciée du public camerounais. Elle fait ses premiers pas dans le Stand up en 2010 et dans le dans le cinéma en 2013. Invitée par la rédaction de Laura Dave Média, la comédienne s’est confiée à cœur ouvert sur sa passion, ses combats et ses rêves.

Laura Dave Média (LDM): Bonjour Jeanne Mbenti et merci d’avoir accepté notre invitation. Bienvenue chez Laura Dave Média.

Jeanne Mbenti : Je vous en prie ! C’est avec plaisir.

LDM: Vous êtes un nom incontournable, autant dans le théâtre que dans l’humour et le cinéma camerounais. Qu’est-ce qui vous a poussé à devenir comédienne ?

Jeanne Mbenti : Je voulais être danseuse professionnelle à la base parce que j’ai nourri une grande passion pour la danse. Malheureusement pour moi, quand j’ai commencé les moniteurs n’étaient jamais présents. Puisque j’étais à la Maison des Jeunes et des Cultures, et qu’ils faisaient dans le social et le culturel, il y avait le pont Théâtre. C’est comme ça que j’ai rencontré des comédiens qui m’ont dit que je peux ne pas faire de la danse, mais au théâtre on retrouve aussi la danse. C’est comme ça que j’ai fait mes premiers pas et aujourd’hui j’ai pris goût et je suis restée.

LDM: Quel a été le projet le plus mémorable de votre carrière? Et pourquoi ?

Jeanne Mbenti : Tous les projets sont mémorables. Mais il est évident que le projet qui l’a été le plus est  » Le Blanc d’Eyenga ». C’est un tournage qui a tout de même été très difficile. Les conditions étaient très rudes. C’est mon tout premier long métrage et c’est ce projet qui a permis qu’on me connaisse, qu’on me découvre au Cameroun et au-delà.

LDM: C’est « Le Blanc d’Eyenga » qui vous révèle donc au grand public même si aujourd’hui, vous êtes plus connue sous le nom de  » Norma ». Quelle expérience aviez-vous dans le cinéma avant ce film qui vous a lancée?

Jeanne Mbenti : Avant de travailler dans  » Le Blanc d’Eyenga », j’ai eu à faire des ateliers sur l’écriture d’un scénario. C’est comme ça que j’ai commencé à apprendre ce qu’est le cinéma. Après il y a eu Echu qui m’a donnée ma chance pour la première fois. C’était pour le sitcom « Retrouvailles bar de chez nous », diffusé à l’époque sur la télévision nationale. C’est ainsi que j’ai commencé en tant qu’actrice de cinéma et j’ai fait mes premiers pas face à la caméra.

LDM: Dans le nouveau projet de la réalisatrice Françoise Ellong intitulé » EWUSU » qui a été présenté au grand public cette année, en mars 2024 précisément, vous jouez le rôle de « Soye ». Quel est le message caché derrière cette série?

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Jeanne Mbenti : Le message est très simple. Il faudrait que nous les africains prenions conscience que parfois nous avons des maux qui nous dérangent et qui n’ont aucun rapport avec la sorcellerie. Pour moi, la psychologie a une place très importante en Afrique. Quand on va dans les morgues aujourd’hui et qu’on demande les causes du décès, la plupart du temps on entend AVC, Anxiété, Stress. Ce sont des maux qu’on peut traiter avec des séances de psychologie. En Afrique, il existe la sorcellerie certes mais tout n’est pas sorcellerie.

LDM: Comment vous êtes-vous sentie dans l’interprétation de  » Soye » ? Était-ce un rôle difficile?

Jeanne Mbenti : (rire…) Interpréter le rôle de  » Soye » dans  » EWUSU » n’était pas du tout facile! Mais ça m’a permis d’apprendre que les psychologues ont beaucoup de travail. Ce n’est pas évident de rester toute une journée à écouter les patients et essayer de trouver un diagnostic. C’était un très gros challenge pour moi car ce personnage demandait beaucoup d’écoute et il fallait que je travaille pour me mettre dans la peau d’une psychologue et surtout beaucoup me documenter. Je suis très contente de voir que ce personnage a été très apprécié par le public.

LDM: Vous avez eu à travailler avec plusieurs grosses pointures du cinéma camerounais. Dites-nous, c’était comment de travailler avec Françoise Ellong?

Jeanne Mbenti : Travailler avec Françoise, c’est toute une école. C’est la première fois que je travaille avec une réalisatrice. J’ai été subjuguée de travailler avec elle. Elle sait ce qu’elle veut et où elle va. Elle avait une sensibilité au niveau du travail qui m’a beaucoup marquée, encore que le gros challenge fût que le Cameroun ait une série Canal+ original qui soit à la hauteur des standards.

LDM: Vous trainez derrière vous des années sur les planches et les plateaux. Quel bilan dressez-vous à ce niveau de votre parcours ?

Jeanne Mbenti : Je dirai qu’il n’est pas abouti selon mes attentes et je sais qu’il y’a encore beaucoup à faire. Ça ne sert à rien de s’asseoir sur ses acquis et se dire c’est bon. Je veux aller au-delà de cela, je veux être une source d’inspiration pour la génération qui arrive, surtout pour ceux qui veulent affronter ce métier. Dieu voulant, je vais pouvoir atteindre le niveau auquel j’aspire.

LDM: Nous savons que votre genre de prédilection c’est la parodie. Que représente exactement ce style théâtral pour vous ?

Jeanne Mbenti : La parodie pour moi c’est un secteur du théâtre où le message passe plus facilement. Il est plus facile de faire passer un message à quelqu’un en lui faisant rire. Je suis arrivée au théâtre dans les années où on essayait d’alléger l’écriture. C’est peut-être pour cette raison que je suis très poussée dans ce qui concerne la parodie. On y retrouve également de l’autodérision et j’adore tous ce qui est autodérision.

LDM: Avez-vous des conseils pour les jeunes femmes qui veulent se lancer dans une carrière d’actrice ?
Jeanne Mbenti : Mon conseil il est simple. Les filles, battez-vous et croyez en vous ! Arrêtez de penser que pour avoir un rôle il faut coucher avec X ou Y, qu’il faut faire des choses pas catholiques. Seul le travail paye. Un travail où il y a les conditions n’est plus un travail. Surtout, formez-vous pour être toujours parmi les meilleures dans ce que vous voulez faire.

LDM: Merci Jeanne de nous avoir accordé cet entretien !

Jeanne Mbenti : C’est moi qui vous remercie pour l’intérêt porté à ma personne.

Entretien mené par Rosy Mireille Nanjip

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