Le 14 février 2025, le musicien camerounais Salatiel Livenja Bessong dit simplement SALATIEL célèbrera ses dix ans de carrière solo au stade Molyko de Buéa. En prélude à ce concert, l’artiste nous a accordé un entretien au cours duquel il revient sur sa carrière, décline les articulations du concert et ses ambitions sur le court et moyen terme.

Laura Dave Média (LDM): Comment allez-vous à quelques jours de la célébration de vos 10 ans de carrière ?
Salatiel: Je suis sous pression et hyper fatigué car, ça fait énormément de travail entre la promotion et les répétitions.
LDM: Pourquoi célébrer 10 ans de carrière en 2025 quand on sait que vous avez commencé la musique de façon professionnelle bien avant 2015?
Salatiel : Les 10 ans que je célèbre sont les 10 ans de carrière en tant que chanteur solo. Avant ces 10 ans, il y a d’abord eu 9 à 10 ans de formation, mais mon premier single « Fap Kolo » en tant qu’artiste solo sort en 2015. Je célèbre donc 10 ans de partage de musique et d’amour avec mes fans et les médias.
LDM: Pourquoi la date du 14 février ?
Salatiel : Je célèbre 10 ans de partage de l’amour et quand on parle d’histoire d’amour, il n’y a pas meilleure date que celle du 14 février. C’est la date idéale, surtout que j’ai beaucoup de chansons d’amour et on va épicer la journée de l’amour.

LDM : Lors de votre dernier entretien à Laura Dave Média, vous déclariez » je préfère Douala à Buéa parce qu’il y a plus d’argent à Douala« . Pourquoi donc choisir de célébrer vos 10 ans à Buéa? L’argent est fini à Douala?
Salatiel: Buéa, parce que ma carrière professionnelle a débuté à Buéa. C’est la première de la tournée car il y aura Douala , Yaoundé, Bafoussam, Garoua . C’est important pour moi de commencer par où ma carrière professionnelle a débuté. Je préfère le climat de Buéa, mais j’aime les activités et le business de Douala.
LDM: Vous êtes connu comme quelqu’un de méticuleux, ancré dans le détail, qui aime quand tout est parfait. Comment vous vous préparez pour cet évènement?
Salatiel : Jusqu’ici je n’ai jamais fait de concert au Cameroun en terme de prestation dont je suis satisfait.. Mes prestations ont toujours été dans des concerts avec d’autres artistes. Difficile de concevoir par exemple un répertoire. Quand j’en faisais pour ce concert, je me suis rendu compte qu’il fallait couper certaines chansons car il y a plus de 45 chansons connues de tous qui sont sorties pendant ces 10 ans. Côté musical, ça va être le premier de ce niveau qu’on aurait vu en terme de concert. Il y aura beaucoup de détails, de style, car j’aime beaucoup le style et le fashion. Ça ne sera pas juste un concert, ce sera un concert plus que spécial. C’est pour cela que je suis autant épuisé. Je veux que ce soit grandiose.



LDM : Qui sera là comme artiste invité?
Salatiel : Petit-Pays la légende sera là. C’est une bénédiction pour moi de l’avoir. Je ne sais pas quoi lui donner en retour pour tout ce qu’il fait pour moi car il est en train de se blesser presque pour moi. Comme autres artistes, il y aura Mr Léo, Locko, Rinyu, Tzy Panchak, Blaise B, Askia, Seppo, Vivid, Cleo Grae, le groupe de danse Cameroon Dance Academy (mes partenaires qui gèrent l’organisation sur place.) et des artistes en herbe. Nous voulons offrir un spectacle, une histoire du passé, du présent et de l’avenir.

LDM : Ces artistes que vous avez cité sont vos collègues camerounais, pourtant vous avez collaboré avec une dizaine de superbes artistes étrangers. Pourquoi Beyoncé n’a pas été invitée?
Salatiel: J’espère qu’avant d’annoncer la dernière date (je ne sais pas encore où je vais clôturer ma tournée des dix ans entre Douala ou Yaoundé), on va pousser pour l’avoir. Mais déjà, Rutshelle Guillaume, la super étoile de Haïti sera là pour l’un des concerts.
LDM : Comment assister au concert au stade Molyko de Buéa?
Salatiel : On a essayé de mettre le tickets au plus bas prix car dix ans de carrière c’est aussi les dix ans de mes fans. Les tickets vont de 1.000 Fcfa à 1.000.000 Fcfa. On est sensé faire 15000 à 20000 places au stade de Molyko. Je voudrais que tout le monde soit capable d’assister à ce concert.
Les numéros pour le ticketing sont: 678 155 300 / 677 249 475 / 691 335 796
Si j’avais des sponsors, on aurait pu faire le concert gratuitement parce que c’est un anniversaire et je voudrais que les gens viennent célébrer ce que nous avons construit ensemble. C’est pourquoi les tickets sont à partir de 1000 Fcfa juste pour nous permettre d’organiser le concert.

LDM : 10 ans dans l’univers musical, avec tant de hits produits, tant de talents mis en lumière et tant de reconnaissance mondiale avec notamment cette collaboration avec la superstar américaine Beyoncé. Quels sont les meilleurs souvenirs de ces dix années de carrière High Man General?
Salatiel : Il y en a beaucoup. Il y a beaucoup de bons souvenirs. A chaque fois qu’il y a eu une sortie, un spectacle, un mouvement, les gens se sont pointés pour moi au Cameroun et dans le monde et c’est quelque chose de spéciale pour moi. La sortie du titre « Anita » fait également partie des meilleurs souvenirs de ma carrière solo. J’étais agréablement surpris de voir comment la chanson a explosée partout en Afrique, en Europe. Directement après « Anita« , il y a eu la collaboration avec Beyoncé. Pour dire peu.
LDM : Anita sera t-elle là à Buéa?
Salatiel: C’est une surprise.

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LDM : 10 ans, c’est beaucoup ou très peu pour ce que vous avez encore à offrir au monde?
Salatiel : 10 ans c’est important, c’est assez mais c’est 10 ans d’un process. Les dix premières années étaient la découverte, la confirmation et l’élévation de Salatiel, et je pense que les dix prochaines années, on va essayer de toucher le niveau légende car après chaque dix ans, c’est un cycle. J’ai pris une décennie pour me préparer avant de me faire connaitre. Il y a dix ans de carrière solo. C’est un cycle qui est passé. Le 2e cycle doit être encore plus grand et peut être avec beaucoup plus de révélations et de contributions dans la vie des autres artistes en tant que producteur. Il y a tout un plan pour avoir plus grand que Mr Leo, Daphné, en terme de formation et d’orientation musicale pour les artistes. Il est temps de porter le drapeau camerounais encore plus haut, pas juste en faisant des collaborations comme avec avec Beyoncé, mais avec nos projets à nous, de représenter le Cameroun plus haut au niveau mondial.
LDM: Quel est le vœu le plus cher que vous avez aujourd’hui pour la musique camerounaise et pour vous-même?
Salatiel : Mon plus grand vœu pour la musique camerounaise est que le gouvernement prenne ses responsabilités en main. C’est clair que le gouvernement ne s’intéresse pas à la culture. Nous sommes dans un pays pro-politique et la culture souffre. Pourtant, la culture, tout comme le football est un des maillons importants du développement de l’économie d’un pays. On le voit aux USA par exemple qui sont l’une des civilisations les plus puissantes mais qui mettent beaucoup de moyens sur leur culture. Nous sommes abandonnés au Cameroun. Je souhaite que le Gouvernement prenne ses responsabilités de porter comme il se doit la culture camerounaise. On vit comme s’il n’y a pas de ministère de la culture. On n’a pas de salle de spectacle. Aujourd’hui, je suis obligé de faire le stade de Molyko qui est compliqué à sonoriser. Les salles de spectacle se transforment en supermarchés dans notre pays. Il n’y a pas d’initiative qui puisse aider les jeunes artistes qui n’ont pas de moyens à se faire produire. Il n’y a rien pour contrôler le quota de représentation de la musique camerounaise sur le territoire. Il n’y a pas d’initiative pour payer les artistes. Nos parents nous disent que c’était mieux avant mais on a l’impression qu’on ne veut pas que notre génération existe. On a besoin de soutien dans la culture en général. L’année passée, j’ai vu le budget du Ministère de la Culture, et moi qui suis l’un des participants les plus clés du milieu jeune, je me demande où est passé cet argent parce que je n’ai pas reçu un franc. Je fête 10 ans de carrière et je n’ai reçu aucune subvention gouvernementale avec tous les artistes que je produis. C’est pas normal. Si moi, Salatiel, je me plains, c’est que c’est grave. Je ne sais pas comment on survit mais imaginez un peu si on avait le soutien, jusqu’où on pourrait amener le drapeau camerounais. Nous artistes voulons juste faire de la musique et représenter ce pays mais nous nous sentons comme des orphelins.

LDM: Dernièrement, vous avez fait une sortie sur les réseaux où vous fustigiez les mésententes entre artistes. Le problème ne viendrait pas de vous?
Salatiel : Avant ces malentendus, il y a eu l’entente et rien n’a était fait. Si tu as des enfants qui sont têtus, cherche celui qui marche droit et démontrez ensemble ce que marcher droit peut apporter et le reste des enfants va s’aligner. Il y a les malentendus chez les artistes partout dans le monde mais ça ne devrait pas empêcher que nous recevions ce qui nous revient de droit en tant que représentants de la culture.
Mon plus grand vœu pour moi est d’être comme les artistes venus avant moi, que j’admire beaucoup comme Petit pays, Richard Bona, Manu Dibango.
À 60 ans de carrière, Richard Bona, par exemple, tourne plus que tout le monde en Afrique. Mon plus grand souhait c’est d’atteindre ce niveau. C’est ce que je vise. Je veux finir ma carrière en faisant une école de musique au Cameroun car dans notre pays, il n’y a pas de conservatoire pour apprendre la musique. Je ne sais pas où on vit. Il faut des écoles, de vraies écoles de musique.
LDM: Quels sont vos projets pour 2025, y a-t-il autre chose en dehors du méga projet en hommage à la reine du Bikutsi aujourd’hui disparue, Anne-Marie Nzié 2.0?
Salatiel: Je prépare l’album THE JOURNEY. C’est un album spécial aux couleurs que j’ai jamais faites. Une balade et promenade dans les styles camerounais afin de montrer à la génération qui monte comment est-ce qu’on peut vendre la culture camerounaise au moyen le plus urbanisé possible. Ça sera un album-livre de formation.

LDM : Vous serez sur la scène à Buéa un 14 février, jour de Saint Valentin, jour de l’amour. Et vos amours alors, parents, compagne… elles seront privés de leur Valentin le jour-là?
Salatiel : (Rires), ma famille a participé à ce que je suis aujourd’hui. Certes je suis très réservé en ce qui concerne ma vie privée mais ils seront présents ce jour. C’est la Saint-valentin et je dois la célébrer avec eux. Je dis MERCI à mes parents, ma compagne, mes enfants qui ne cessent de prier pour moi. Merci à mes frères, mes sœurs, mes employés, les membres de mon équipe qui font un super travail et merci à mes fans. Merci aux abonnés de Laura Dave Média car vous faites partie de ma famille et vous m’avez soutenu. Vous êtes ma force.
LDM :Un dernier mot ou message ?
Salatiel : Rendez-vous le 14 février 2025 au stade Molyko de Buéa.

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Regardez l’interview complète vidéo avec Salatiel sur notre chaîne YouTube
Entretien mené par Ève-Pérec N.BEHALAL