Françoise Mbango, double championne olympique de triple saut, la seule athlète camerounaise de l’histoire, hommes et femmes confondus, à avoir offert au Cameroun un titre mondial dans cette discipline est déçue par sa mise à l’écart de tous les projets sportifs dans son pays d’origine. Dans une interview accordée à RFI ce 27 juin 2024, elle a révélé n’avoir aucun rôle dans le développement du sport au Cameroun, malgré ses succès, sa notoriété et son expérience.
Invitée a analysé les performances des athlètes à la 23 ème édition du Championnat d’Afrique d’Athlétisme, Françoise Mbango n’a pas manqué d’exprimer sa déception de ne pas être associée aux projets sportifs du Cameroun : « Je n’interviens dans aucun projet de sport au Cameroun. C’est très dommage et c’est un fait que je dénonce […] j’ai personnellement un peu mal au cœur lorsque je vois que des acteurs du sport, ceux qui ont vraiment travaillé sur le terrain et qui ont apporté quelque chose d’exceptionnel, en l’occurrence moi, ne puissent intégrer, ni participer encore moins contribuer au développement du sport au Cameroun» a-t-elle déclaré.
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Un talent inexploité
Françoise Mbango Étonè n’est donc pas prophète chez elle. Celle qui a remporté deux médailles d’or olympiques en triple saut, en 2004 à Athènes et en 2008 à Pékin, est une figure emblématique du sport camerounais. Son exclusion des projets sportifs nationaux soulève des questions sur la gestion et la valorisation des talents locaux au Cameroun: « Quand je vois ce qui se passe dans notre domaine sportif, je me dis c’est dommage parce qu’ils ont tout pour éviter ce genre de situation. Vous avez une double championne olympique qui n’intervient en rien dans le développement sportif camerounais, qui n’a aucune place, qui ne sert à rien et vous voulez des résultats au niveau international ? Certaines choses doivent être changées » a regretté l’athlète.
Une institution, un engagement pour l’avenir
Malgré cette situation, Françoise Mbango continue de se consacrer à son institut établi dans la capitale camerounaise, espérant ainsi semer les graines d’une nouvelle génération de champions. L’institut de Sport et d’Éducation Physique Françoise Mbango se distingue par son approche holistique, alliant formation physique, éducation académique et développement personnel : « Nous formons les jeunes pour qu’ils puissent exceller non seulement en athlétisme, mais aussi dans la vie de tous les jours» explique-t-elle.
Le constat de la double championne olympique résonne comme un appel à une réforme urgente. Son témoignage met en lumière les lacunes d’un système qui, malgré ses potentiels, semble ignorer les potentialités et les contributions de ceux qui ont porté haut les couleurs du pays :« Les autorités doivent reconnaître et valoriser les compétences locales. Nous avons les ressources humaines pour faire briller le Cameroun sur la scène internationale » a-t-elle plaidé.
Rosy Mireille Nanjip