Ils ne veulent plus être montrés du doigt comme une association des »ratés » de la République, sans statut légal. Les artistes camerounais, dans leur ensemble, revendiquent l’élaboration d’un projet de loi qui leur donnera une fois pour toute un statut social respecté et respectable. Aujourd’hui plus qu’hier, ils sont décidés à faire entendre leur voix auprès des instances décisionnelles et législatives du pays, à travers une série d’actions collectives de sensibilisation et de solidarité agissante.
Etat des lieux
La soirée de solidarité et d’entraide entre artistes et sympathisants dénommée ‘’Sauvons Bimas Bizou’’ très malade, organisée le 17 novembre prochain par un collectif d’artistes dans la ville de Yaoundé est une preuve que cette corporation veut tenir le taureau par les cornes pour la survie de ses acteurs. La participation d’une bonne fourchette d’entre eux à l’instar de Messi Ambroise, Eboué Chaleur, Clarice, Patou Bass, Clarisse la Belle, entre autres, témoigne du caractère symbolique et solennel de l’évènement. Pour ce groupe d’artistes, il est important de conjuguer les efforts pour sauver les collègues en détresse.
Anticiper et agir quand il est encore temps est l’engagement que tout être humain devrait avoir envers son semblable, et les artistes camerounais, porteurs de ce projet sont prêts à faire face à toute épreuve pour se sortir de la précarité. ‘’Faire appel à plus de solidarité pour trouver des solutions à la gestion collective de leurs droits’’ est l’une des nombreuses solutions que préconise le promoteur culturel et manager d’artistes Tony Mefe, pour sortir de l’auberge. Un réveil comme pour dire ‘’jamais plus ça’’.
Bimas Bizou n’est pas le seul cas. Certains collègues ont aussi initié des levées de fonds en direction de la légende de Bikutsi Ange Abogo Emerent, que l’on annonce très malade.
Plus de considération pour la condition de l’artiste
C’est une grande avancée que vient de réaliser le Syndicat National de l’Audiovisuel du Cameroun (Synavcam) en collaboration avec le groupe de recherche, d’animation culturelle et de Critique d’arts du spectacle (Gracas) et le Mouvement des auteurs compositeurs et interprètes du Cameroun (Macica). Lancé sur WhatsApp du 6 au 12 novembre 2024, le slogan ‘’1000 votants pour le statut professionnel de l’artiste’’ a largement dépassé les attentes des organisateurs sur la toile. Les concernés avaient trois options : Le Oui, le Non ou le Jamais avec l’assertion : ‘’Acceptez-vous que l’Assemblée Nationale et le Sénat du Cameroun, adopte maintenant une loi portant statut Professionnel de l’artiste’’. Le ‘’oui’’ l’a emporté avec 820 voix, 5 non, 5 Jamais pour 270 abstentions.
En quatre ans, les artistes se sont mobilisé, aussi bien de manière physique que virtuelle sur les plateformes digitales, pour rédiger cet avant-projet de loi remis aux députés et sénateurs en juin 2024. A l’heure où se déroule depuis le mardi 12 novembre, les travaux de la troisième et dernière session ordinaire de l’année législative 2024 au parlement, les artistes espèrent que leur plaidoyer sera à l’ordre du jour.
Luc BIGA