Téné Ivan Kevin, connu sous le nom de Tik Dengue, est un web comédien, Tiktokeur et influenceur camerounais en pleine ascension. Avec son humour unique et sa présence charismatique sur les réseaux sociaux, il a rapidement conquis un large public, devenant l’une des figures incontournables de la scène numérique au Cameroun. Invité pour un entretien par la rédaction de Laura Dave Média, le web comédien s’est confié à cœur ouvert sur sa passion et ses projets.
Laura Dave Média (LDM): Bonjour Tik Dengue, et merci de nous accorder cette interview. Bienvenue dans les locaux de Laura Dave Média.
Tik Dengue: Merci de m’avoir invité.
LDM: Vous êtes l’une des figures de l’humour en ligne sous le ciel camerounais. Pour ceux qui n’ont pas encore eu la chance de vous connaître, pouvez-vous leur parler de vous en quelques lignes ?
Tik Dengue : Je suis Téné Ivan Kevin, je suis né à Edéa en 2001 donc j’ai 23 ans, je suis l’aîné d’une famille de 4 garçons et je suis web comédien camerounais.
LDM: Quand et comment commence votre carrière de web comédien ?
Tik Dengue : À la base c’était de l’amusement. Mon frère et moi avions repris un challenge sur une musique du feu DJ Arafat, et DJ Arafat nous avait reposté sur Instagram. C’est à partir de là que nous avons commencé à faire des vidéos. Mais l’aspect comédie a commencé pendant le confinement en 2020. J’avais fait plusieurs vidéos qui ont cartonné sur internet. En gros c’est cette période qui a marqué mon entrée sur les réseaux sociaux.
LDM: Quelles ont été vos principales influences dans le développement de votre style qui est très particulier il faut le dire ?
Tik Dengue : Plusieurs personnes m’ont inspiré dans ce sens. Je peux par exemple citer Ulrich Takam que je respecte beaucoup. Grâce à lui j’ai compris que si tu veux évoluer sur les réseaux sociaux, il faut te créer un concept. Car c’est ça qui donne l’identité d’un créateur de contenu web.
LDM: Depuis que vous avez emboîté ce chemin, avez-vous eu des bâtons dans les roues ou alors tout marche comme sur des roulettes ?
Tik Dengue : Des bâtons dans les roues il y en a beaucoup. Au départ quand tu commences, il y a toujours des gens qui vont apporter des regards et appréciations négatifs. Même Jesus qui est venu pour nous sauver, les gens l’ont crucifié ( rire ). Il y a toujours des aînés qui essaient de me rabaisser et font tout pour empiéter sur mon travail. Une fois une liste est sortie comme quoi je suis homosexuel (rire) . Même dans ma famille on croyait que j’étais bizarre. Le plus important c’est de ne pas écouter les « on dit » et d’avancer dans son travail.
LDM: Vos vidéos ont un impact considérable sur votre audience. Comment choisissez-vous les thèmes de vos sketchs?
Tik Dengue : Concernant mes sketchs, je me suis inspiré d’un créateur de contenu naija qui s’appelle Sabinos. Et derrière son personnage, j’ai réussi à créer un personnage qui s’appelle Téné. Les scénarios je les crée moi-même et souvent avec mes acteurs.
LDM: Quelle a été votre réaction lorsque vous avez appris votre nomination au Kora Awards 2024, dans la catégorie » Meilleur Web Humoriste Africain » ?
Tik Dengue : Lorsque j’ai appris cette nouvelle, j’étais vraiment content parce que ça montre qu’en dehors du Cameroun, le travail qu’on effectue traverse des frontières . Cela m’a encouragé à travailler encore plus dur. Quand nous faisons des vidéos, nous avons parfois l’impression que ça n’a aucun impact. Mais lorsqu’on sort du Cameroun, on se rend compte que nous sommes vraiment suivis et que le travail est apprécié.
LDM: Aujourd’hui, vous avez développé une nouvelle tendance avec votre nom propre, Téné. C’est quoi le projet ?
Tik Dengue : Je vous explique. Téné c’est un personnage qui est pauvre mais qui aime les femmes, qui aime la vie mais qui n’a pas d’argent. Derrière ça il y a beaucoup d’idées qui se créent. Il y a un projet qui va marquer la suite de ce personnage, dans lequel Téné a trouvé un travail en tant que majordome. En gros, Téné est un personnage qui peut ouvrir la porte à plusieurs autres idées ou projets et toujours dans la précarité, dans la pauvreté parce qu’il n’a rien.
LDM: Quels rapports entretenez-vous avec les web humoristes de votre génération et de l’ancienne, comme Fingon tralala, Tagne Kondom, Safaria ?
Tik Dengue : Rien du tout ! Je n’entretiens aucune relation avec ces grands frères. Parce que quand un jeune veut émerger dans ce sens , il y a certains qui prennent bien et d’autres qui prennent mal. Certains t’encouragent et d’autres pas du tout. Mais , n’empêche qu’il y a certains avec qui je m’entends bien comme Ulrich Takam, Valérie Ndongo. Maintenant concernant ceux de ma génération j’entretiens de bonnes relations et je suis ouvert aux collaborations utiles. C’est-à-dire des collaborations gagnante-gagnante.
LDM: Vous vivez certainement les clashs et autres dans votre monde des réseaux sociaux, quel est le clash qui vous a le plus marqué ?
Tik Dengue : Le Clash qui m’a le plus marqué, même si je ne considère pas ça comme un clash mais plutôt comme une réponse, c’est lorsque le grand frère Valsero a pris sa caméra pour parler de moi pendant la CAN, où il a dit qu’aucune entreprise ne doit plus travailler avec moi parce que je sali l’image du Cameroun. Ça m’a vraiment fait mal parce que c’est un père et il a des enfants. Et si un père parle comme ça d’un enfant c’est pour que cet enfant ne travaille plus. Je lui l’avais répondu parce que j’ai vu son geste comme une manière de saboter mon travail.
LDM: Est-ce que le métier de créateur de contenu nourrit son homme ?
Tik Dengue : Oui! Le métier de créateur de contenu nourrit son homme. Je dirai même que ça nourrit jusqu’à ça grossit. Il faut savoir placer ses pions. Facebook paye, Youtube paye. Si par mois un créateur de contenu qui travaille vraiment publie au moins 20 vidéos , il ne peut pas dire qu’il a des problèmes d’argent. Un compte par exemple qui poste peut être 5 vidéos par semaine et qu’une vidéo fait minimum 200.000 vues il ne peut pas manquer ses 2.000.000.000 de FCFA le mois. Et pour atteindre ce résultat, il faut créer, il faut travailler. Il est important de noter également qu’il ne suffit pas juste de faire des vidéos, il faut aussi et surtout que ces vidéos prennent et ça demande de la créativité.
LDM: Quels conseils donneriez-vous aux jeunes comédiens qui souhaitent se lancer dans l’humour en ligne ?
Tik Dengue : Comme conseil je dirais, il ne faut pas être pressé, il faut partir petit à petit. Ne cherchez pas directement à vouloir travailler avec les grands. Travaillez, créez votre identité car c’est en fonction de ça que les grands du domaine accepteront de coller leur image à la vôtre. Si vous voulez vraiment faire dans ce métier, regardez les vidéos, inspirez vous, appelez même des amis du quartier pour un début et allez-y étapes par étapes. Moi même j’ai commencé ainsi. Pour la plupart des gens au Cameroun, le métier de créateur de contenu n’est pas considéré comme un métier. Donc si quelqu’un veut se lancer dans ça, il faut déjà qu’il se mette en tête qu’il y aura beaucoup de personnes qui vont le décourager. Le seul secret c’est de travailler avec le sérieux, le reste va venir seul.
LDM: Quel message pouvez-vous adresser à vos fans qui vous suivent depuis le début de votre carrière ?
Tik Dengue : Je leur dirais de rester concentré, parce que du lourd arrive, nous sommes en train d’entrer dans une autre étape. Il y a des concepts qui arrivent vraiment fort. Je les remercie parce qu’ils ne m’ont jamais lâché depuis le début même lorsque je travaillais encore avec le feu Cabrel Nanjip, qui est un grand frère qui m’a beaucoup aidé et qui m’a beaucoup conseillé et qui continue de me conseiller car chaque fois je regarde nos vidéos et j’essaie de m’inspirer de ça.
LDM: Quel est le plus grand rêve de Tik Dengue ?
Tik Dengue : Mon plus grand rêve c’est de jouer dans un grand film. J’ai envie d’entrer dans le cinéma, jouer dans un film même aux Etats Unis ou en France . Je veux aller au-delà de l’Afrique.
LDM: Tik Dengue a-t-il déjà une fiancée?
Tik Dengue : Vous savez dans la vie, il ne faut pas être pressé (rire) . Non je ne suis pas encore fiancé mais j’ai bien l’intention de me marier et de fonder une famille. Je voudrais avoir même 8 ou 10 enfants pourquoi pas.
LDM: Pour sortir, quel serait votre dernier mot ?
Tik Dengue : Djizoozzzzz !! (rire)
LDM: Merci Tik de nous avoir accordé cet entretien
Tik Dengue : C’est moi qui vous remercie.
Entretien mené par Rosy Mireille Nanjip