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SOCIÉTÉ : Les Camerounais de plus en plus malheureux selon le Classement mondial du bonheur 2024

 »Le monde va en vrille. Les hommes perdent de leur humanité. L’amour, l’entraide, la fraternité, le sens du partage, ces valeurs qui faisaient de nous des êtres humains s’effritent, l’Afrique se perd, le Cameroun avec ». Ce sont là quelques expressions de ces hommes et femmes, témoins des années glorieuses, que votre magazine Laura Dave Media a rencontrés ce 04 avril dans les rues de la capitale économique Douala. Ils répondaient à la question de savoir pourquoi les Camerounais étaient de moins en moins heureux. Ils ont égrené le chapelet de ces choses qui étaient bien avant, et qui faisaient autrefois la fierté du géant de l’Afrique centrale.

Dans le dernier rapport du World Happiness Report 2024 (classement mondial du bonheur), publié le 22 mars dernier, le Cameroun est absent du top 10 des pays africains où les gens vivent et sont heureux. Le pays a perdu 6 places. Il était 5e en 2021.
https://worldhappiness.report

Le rapport a établi la liste sur la base des valeurs humaines comme la générosité au sein des communautés où les gens se soucient les uns des autres, du soutien social, de la liberté de prendre des décisions cruciales dans la vie, de la faible corruption, le PIB par habitant, entre autres. Dans les rues de Douala, les hommes et femmes d’un certain âge nostalgique regrettent cette époque où le vice était un luxe et l’amour, un partage.

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Constat flagrant !

L’air résigné, Monsieur Wang , la quatre-vingtaine passée regrette ses belles années de jeunesse : ‹‹avant, la banane de 100 frs qu’on achetait, on pouvait nourrir tout un régiment militaire avec. Nous pouvions le manger matin et soir.›› Un commentaire corroboré par l’ami assis près de lui, papa Emmanuel qui va rajouter : ‹‹…avec 200 frs, on sautait une bonne marmite de banane malaxé qu’on mangeait des jours. Mais aujourd’hui même avec 2000 frs, c’est impossible ››. Papa Job lui, se souvient de la révolution verte, un plan mis sur pied par le Président Ahidjo pour booster la production agricole et ainsi limiter la famine. Il évoque également le plan quinquennal qui avait pour objectif général de doubler le revenu national par habitant, et qui présentait au bout de 5 ans l’évolution de la vie au Cameroun, permettant ainsi au gouvernement d’Ahidjo de se réajuster et au peuple camerounais de manger à sa guise: « le coût de vie était abordable, les gens étaient heureux !››
Si les Camerounais « de l’époque » regrettent les biens perdus par l’État du Cameroun depuis le début des années, ils déplorent davantage une valeur essentielle qui s’effrite au fil des années : l’humanité.

[Avant, tu pouvais laisser ton enfant chez la voisine sans t’inquiéter… ]

Alors que tout le monde pointe du doigt la régression économique du Cameroun, Maman Marthe, elle se souvient avec émotions de ce temps où les valeurs telles que l’amour, l’amour familial, l’entraide et la confiance caractérisaient la société camerounaise : ‹‹Une voisine pouvait te laisser son enfant et partir, être absente pendant des jours sans s’inquiéter (…) Tu ne pouvais pas dormir sachant que ta personne est en difficulté, un père pouvait savoir qu’il peut aider même 10 orphelins sans se plaindre mais maintenant… Ce n’est pas facile›› déplore-t-elle, chagrinée par cette vie ou les valeurs humaines ont disparu. Pour elle, « beaucoup ont perdu leur humanité, remplacée par de la barbarie. » Une opinion partagée par papa Emmanuel qui se souvient de son enfance harmonieuse : ‹‹ Il n’y avait pas de tribalisme, nous vivions en harmonie, On ne connaissait pas qui est Bami , qui est Beti, qui est Bassa , qui est Haoussa. Tout le monde était content. Les bagarres de rue que je vois aujourd’hui où quelqu’un poignarde son frère avec le couteau, nous on ne connaissait pas ça avant. ››

Ils proposent au gouvernement camerounais, de remettre l’éducation morale au centre de leurs préoccupations, de renforcer la lutte contre la criminalité et de sauver les meubles en matière de gestion de la chose publique. Le Cameroun remontera peut-être d’un pas espèrent-ils, l’année prochaine au classement des pays africains où il fait bon vivre.

Marcelle Libawo

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