Le 8 août dernier, l’univers du football africain terminait sa journée par un coup de massue, celui de l’annonce du décès de Issa Hayatou des suites de maladies.
Une tragédie qui nous oblige irréversiblement à saluer le passage sur terre d’un éminent homme qui a consacré une grande partie de sa vie au football et africain en particulier.
Issa Hayatou, du Cameroun au monde entier
Au départ, rien ne prédestinait ce formidable athlète, champion du Cameroun du 400 et du 800 mètres entre 1964 et 1971, à faire carrière dans le football, En parallèle à la course, il suit des cours d’éducation physique et sportive et devient professeur d’EPS à l’université de Yaoundé en 1973. Au sortir de là, il commence à se familiariser avec le football et de fil à aiguille, il devient en 1974, le secrétaire général de la Fédération camerounaise de football à l’âge de 28 ans. Après plusieurs années à ce poste, il décide de voir plus grand en 1988 et devient président de la Fecafoot à la faveur de ses innovations sur le plan administratif (toilettages de textes, professionnalisation des clubs…). Une consécration qui lui permet de siéger comme membre au comité exécutif de la Confédération africaine de football, juste le temps pour lui de s’imprégner du fonctionnement de l’institution et prendre la température de la discipline sur le continent.
En août 1987, il est porté à la tête de la CAF, la plus grande institution de football sur le continent suite au décès de l’éthiopien Ydnekatchew Tessema.
CAF, Issa Hayatou prend ses marques et se bonifie
Après quelques années d’observation de l’univers sportif mondial, le fils de Garoua abat sa première carte et obtient de la FIFA, le passage de 2 à 5, le nombre de représentants africains à une phase finale de Coupe du monde. De la même manière, la Coupe d’Afrique des nations de football prend de l’ampleur en passant de huit à douze équipes en 1992 puis à seize équipes quatre ans plus tard lors de l’édition sud-africaine. Le nombre d’équipes participant aux qualifications de ces Coupes d’Afrique des nations ne cessera d’ailleurs d’augmenter. Ils sont ainsi quarante-quatre sélections à tenter de se qualifier pour l’édition 2012. C’est aussi dans cet élan qu’en 1990 et sous sa coupe que le Cameroun va devenir le premier pays africain à accéder en quarts de finale de Coupe du monde, et médaillé d’or olympique en 2000, comme le Nigéria en 1996. On lui doit aussi la création d’une Ligue africaine des champions, sans oublier une amélioration considérable des droits de retransmission TV des matches au niveau des compétitions CAF comme la Coupe d’Afrique des Nations (CAN).
Par ailleurs, c’est sur son impulsion que le CAN trouve un calendrier inamovible à l’époque entre janvier et février, un changement perçu comme une affirmation de l’identité africaine dans un contexte particulier marqué par la puissance des dirigeants des clubs.
Travailleur acharné et homme discret, c’est sans fanfare qu’il gère la FIFA comme président intérimaire en remplacement de Sept Blatter, épinglé pour corruption en 2015. Un intérim avant le coup de massue en 2017 où contre tout attente, il perd les élections de la présidence de la confédération africaine de football, battu par le malgache Ahmad Ahmad.
Une défaite cruelle après 29 ans de règne qu’il mettra sur le dos de la trahison de certains de ses proches collaborateurs.
Rongé par la maladie, il va discrètement s’éloigner des terrains de football et des bureaux pour prendre soins de lui, malgré une nomination du chef de l’Etat qui fait de lui le président du Conseil d’administration de l’Anafoot quelques mois après son départ de la CAF.
Après une première rumeur sur son décès, c’est finalement à la veille de son 78e anniversaire que le baobab s’écroule à Paris le 6 août dernier, plongeant le monde du football dans la douleur et l’émoi.
Son inhumation est prévu pour ce samedi 17 août 2024 chez lui à Garoua.
Georges Mbimbe