François Misse Ngoh, légende du Makossa, figure emblématique de la musique africaine est en colère. En cause, les cachets dérisoires que lui proposent ses followers pour des prestations. L’homme qui a été désigné « Artiste du siècle » au Cameroun ne comprend pas comment ceux qui prétendent l’aimer et adorer sa musique en viennent à lui proposer des sommes telles que 100.000FCFA, comme cachet de prestation lors de leurs évènements. Il a pris la parole ce vendredi 07 juin pour dénoncer ce qu’il considère comme un total mépris de ses compatriotes envers un artiste de son acabit. Une sortie musclée à l’aube de la fête de la musique prévue le 21 juin prochain, qui soulève la problématique de la valorisation des artistes par le public, un pan très souvent oublié et négligé.
« S’il vous plaît, de grâce respectez les artistes, respectez la culture camerounaise, respectez l’art. Quelqu’un ne peut pas venir voir un artiste aussi prestigieux que moi et proposer 100 000FCFA. Vous êtes nombreux ici à le faire et je vous prie d’arrêter ! », a lâché avec indignation l’auteur du titre « Feu Rouge » ce vendredi 07 juin sur sa page Facebook.
A 75 ans révolus, François Misse Ngoh n’est plus à présenter. 39 albums, plus de 400 chansons qui ont été presque toutes des succès : You go cry ; Olé Olé ; Alpha Omega ; Pour l’Amour du Ciel ; Lydie ; On Ne Vit Qu’une Fois ; Dia La Tila ; La Vie C’est Terrible ; Feu Rouge…On peut y passer des heures à les comptabiliser, des chansons constamment reprises par ses pairs. François Missè Ngoh, désigné « Artiste du siècle » depuis la célébration des Festivités de l’an 2000 est considéré comme l’artiste le plus prolifique que le Cameroun n’ait jamais connu. La simple évocation de son nom impose à la fois fierté, respect et gloire de son pays le Cameroun dans le monde entier.
Alors, que ses compatriotes camerounais installés au pays en viennent à lui proposer la modique somme de 100.000 pour prester à leur évènement est pour lui, une catastrophe :
« Je prête ma voix et je participe à des évènements gratuitement, à partir du moment où tu veux faire venir un artiste, il faut mettre le minimum, pas forcément le maximum », a clairement fait savoir l’artiste avant d’être rejoint par son collègue Sam Mbende qui l’a soutenu avec des applaudissements.
Multiples réactions des fans
Ces propos de « l’homme tranquille du Makossa » ont fait réagir énormément ses followers.
Pour la plupart, l’artiste devrait être compréhensif, eu égard à la cherté rampante de la vie:
» Le père tu te sens hein »
‘’ Tu mérites plus que ça mon artiste mais tu dois juste comprendre qu’en ce moment le Cameroun est dur comme les cailloux…’’
« Grand frère c’est une insulte grave à l’ endroit de vos fans que nous sommes et comprends que Misse Ngoh artiste est la propriété de ses fans et non l’inverse et si tu es devenu l’artiste des ‘’bôbôs’’, dis-nous on présente les excuses ».
« Mon père, quand tu vas parcourir les 360 arrondissements que compte notre cher et beau pays, vous comprendrez que vos plus grands fans vous connaissent et vous donneront pas de l’argent mais, un sac de manioc ou de mil, du poisson fumé ou la viande boucanée. Allez-vous prendre ou refuser? Continuerez-vous à exiger des millions?’’
Des commentaires que n’a pas supporté une bonne partie des internautes qui ont tenu à rappeler à ces derniers l’actif de cet artiste qui mérite le respect à la mesure de sa carrière:
« Vous avez raison ! On donne les gros cachets aux moins talentueux. Vous seriez hyper riches si les artistes étaient reconnus à leur juste valeur dans ce pays, mais…”
« Rappel ! François Misse Ngoh est l’artiste camerounais ayant composé le plus de chansons. Honorons nos monuments vivants ! »
‘’Only a mad man can do that to a venerated artist like Missè Ngoh! It means that the person does not know your worth. Nonsense!!!’’
« Voilà une raison pour laquelle la musique Camerounaise n’a plus de longues jambes. Et après, quand on arrive au niveau de la Sonacam, c’est une autre catastrophe ».
‘’Vous avez raison ! S’il y avait les droits d’auteurs au Cameroun, vous seriez respecté et personne n’oserait avoir le culot de vous proposer cette somme…’’
Le cas Misse Ngoh n’est pas un cas isolé. Plusieurs artistes camerounais, qui peinent déjà à percevoir correctement leurs droits d’auteur de la part de la société en charge de leur collecte (Sonacam) sont également confrontés au manque de considération de la part de certains publics. Beaucoup d’internautes pensent que si la Sonacam commençait par donner de la considération à ses artistes à la dimension de leur mérite, le public et les fans ne prendraient pas autant de liberté qui frise le mépris.
Ève-Pérec N.BEHALAL