Le 11 octobre dernier, le public de Douala a été transporté dans un univers fascinant mêlant traditions africaines et rythmes contemporains grâce à Nda Chi, artiste camerounais et fondateur du Lessa Groove. Cette soirée à l’Institut Français du Cameroun a été marquée par une ambiance unique, où costumes et décors ancestraux ont fait revivre des pratiques culturelles profondément enracinées.
Depuis la sortie de son dernier opus, intitulé Men Shì, qui signifie « Enfant Spirituel », Nda Chi ne cesse de surprendre par la force de son engagement artistique. Après une première présentation à Yaoundé, la célébrité camerounaise a confirmé son talent à Douala en arborant des tenues conçues à partir de matériaux symboliques tels que les cauris, le feuillage et des masques traditionnels. Par cette mise en scène, il met en lumière des éléments caractéristiques de la culture africaine, en particulier celle de son village d’origine, Baleng, situé dans la région de l’Ouest du Cameroun.
Pour Nda Chi, ce retour aux racines est bien plus qu’un simple acte artistique. Il s’agit d’une démarche visant à réaffirmer l’identité africaine dans toute sa splendeur : « Nous devons toujours affirmer notre identité. Montrer au monde qui nous sommes à travers nos traditions, notre manière de penser, de chanter, de parler, de nous habiller », a déclaré l’artiste. Ses costumes évolutifs, qui varient à chaque représentation, symbolisent une progression: « C’est une manière de passer de l’ignorance à la transcendance, pour valoriser notre culture ».
Au-delà de l’aspect vestimentaire, Nda Chi, de son vrai nom Armand Noël Ntoungchi Kamtchoua, a également transporté son public dans les sonorités traditionnelles de son village natal. La soirée a été ponctuée de rythmes caractéristiques, des percussions aux chants, offrant une immersion totale dans les coutumes de la région de l’Ouest Cameroun. Toutefois, cette exploration des traditions n’a pas été accueillie de manière unanime. Certains spectateurs ont exprimé des réticences, allant jusqu’à associer certains éléments à de la « sorcellerie« . Une réaction que le people camerounais balaye d’un revers de main, affirmant : « Ceux qui voient dans mes spectacles de la sorcellerie sont ceux qui ont été persuadés que ce qui vient de chez eux est forcément suspect. Nous ne faisons que révéler ce qui fait partie de nos traditions, des pratiques qui, dans la plupart des cas, sont tout à fait naturelles ».
Parmi les voix qui s’élèvent en faveur de Nda Chi, la chanteuse camerounaise Princess Vinia qui loue l’audace et la fidélité de l’artiste à ses racines : « Il est incroyable de voir comment il arrive à représenter aussi fidèlement nos traditions. Des guerriers portant des feuilles de l’arbre de paix, le son des tam-tams à l’entrée de la salle, tout cela fait écho à ce que l’on pratique dans nos villages. C’est un effort que nous devons encourager », a-t-elle confié.
Pour rappel, Le Lessa Groove qui est le projet musical phare de Nda Chi, est une fusion harmonieuse des rythmes traditionnels camerounais, en particulier le lessa, une musique enracinée dans la culture baleng, connue sous le nom de « samali » dans d’autres régions. Cette fusion permet à l’artiste de tisser des liens entre le passé et le présent, la tradition et la modernité, tout en renforçant l’importance de préserver et de transmettre cet héritage.
Rosy Mireille Nanjip