Il s’est imposé sur la scène musicale camerounaise avec sa chanson intitulée ‘’ON NE VOUS A PAS LAISSÉ’’ sortie en 2017, qui a fait danser des millions de mélomanes au Cameroun et à travers le monde. Lui, c’est l’artiste, chanteur et interprète Ghislain Dimaï, Mpandé Ghislain Dimaï de son nom complet, un Camerounais natif de la ville de Bertoua, région de l’Est Cameroun.
Presqu’effacé de la scène depuis un bon moment, la rédaction de votre magazine Laura Dave Média l’a récemment eu au téléphone pour un entretien à batons rompus afin qu’il nous parle de l’histoire derrière sa chanson à succès, les raisons de son absence, ses rapports avec ses collègues, les droits d’auteur ainsi que ses projets actuels dont le cabaret digital baptisé, MYDICA.
Laura Dave Média (LDM): Bonsoir Ghislain Dimaï et merci d’accepter de répondre à nos questions.
Ghislain Dimaï : Bonsoir très cher Laura Dave Média. C’est un réel plaisir pour moi.
LDM: Qu’est-ce qui explique votre disparition des feux des projecteurs ces dernières années?
Ghislain Dimaï : Il ne s’agit pas forcément d’une disparition mais d’une période de convalescence observée. J’ai été dépisté d’un nodule sur ma corde vocale droite, ce qui a nécessité une intervention chirurgicale en occident. Il m’a été imposé des années de convalescence que j’ai respectées. Aujourd’hui je suis rétabli.
LDM: Bonne nouvelle ! Votre chanson ‘’ON NE VOUS A PAS LAISSÉ…’’ a eu un tel succès. C’est quoi l’histoire derrière ce titre? D’où vous est venue l’inspiration?
Ghislain Dimaï : (rires). Merci de mentionner qu’elle a été validée. Elle m’a été inspirée d’une histoire que j’ai vécue à Douala au sortir d’une émission télévisée. De passage devant la maison de l’ancien Lion Indomptable Joseph Antoine Bell, la femme qui était dans le taxi avec moi s’est exclamée d’une manière extraordinaire après avoir vu un « blanc » qui mangeait de la viande braisée sur le foyer, pourtant le vendeur avait prévu une table à côté pour permettre à ses clients de manger aisément et loin de la fumée. Elle disait que quand on va dans leur pays, ils nous rapatrient et quand ils viennent ici dans notre pays, ils ont toujours raison en justice au détriment des nationaux et même la viande ils viennent discuter avec nous? C’est ainsi que l’ami journaliste qui était avec moi s’est exclamé en disant qu’on n’a pas de choix, on les laisse seulement. C’est cette histoire qui m’a inspiré la chanson ON NE VOUS A PAS LAISSÉ.
LDM : Pourquoi avez-vous décidé de faire un remix? Et pourquoi le choix du rappeur Ténor?
Ghislain Dimaï : Le remix était stratégique. Je ne voulais pas passer à autre chose sans ouvrir la chanson au reste de l’Afrique francophone qui est ma cible. Je tiens à mentionner que mon projet artistique a toujours été d’être parmi les artistes les plus aimés d’au moins cinq pays d’Afrique francophone. Il était important que j’ouvre le projet à l’Afrique francophone, d’où le clin d’œil au Sénégal, Gabon, Congo et Dieu merci le but a été atteint. La chanson a permis qu’on me connaisse dans ces pays et aujourd’hui, j’ai des représentants là-bas.
Le choix de Ténor est allé au feeling. Nous avions presté la veille à un concert et nous nous sommes félicités mutuellement de nos performances. Ténor m’a confié être disponible pour une potentielle collaboration. Je lui ai répondu que je travaillais sur le remix de « On Ne Vous a Pas Laissé » et tout de suite, il a accepté participer au projet.
LDM: Quel est l’ingrédient magique qui a permis à cette chanson d’exploser selon vous?
Ghislain Dimaï : Je dirais que c’est la chaleur du live. On l’a jouée sans répétition.
LDM: Après ces deux versions, vous avez commis plusieurs autres titres parmi lesquels SON AVENIR EST DERRIÈRE, N’OUBLIE PAS, JUSTE UN PEU, qui n’ont pas reçu le même accueil auprès du public. Qu’est-ce qui a manqué selon vous?
Ghislain Dimaï : Pour moi, le premier challenge est de me battre afin qu’aucune de mes chansons ne ressemble à l’autre. De 2, je ne cours pas forcément derrière le succès. Au delà de l’aspect créativité, il y a une politique de commercialisation.
LDM: Rêvez-vous de revivre le succès que vous a donné ON NE VOUS A PAS LAISSÉ dans la suite de votre carrière ?
Ghislain Dimaï : Ce n’est pas un rêve. Je sais que ça reviendra. Je vis pour le meilleur et pour le meilleur. Je n’ai pas mis fin à ma carrière. J’ai plein de chansons. Je suis engagé sur d’autres chantiers et il est important de noter que j’ai mis 15000 euros (9.856.192 FCFA) pour me faire soigner afin de chanter. Je ne vais pas investir autant d’argent et arrêter ma carrière. On est à la recherche des moyens et au temps opportun je présenterai un très très bel album, avec de belles collaborations.
LDM: Qu’avez-vous fait de votre carrière dans la police ? Exercez-vous toujours ?
Ghislain Dimaï : (rires). Je vous laisse deviner.
LDM: S’il fallait choisir la musique et la police, quelle serait votre option?
Ghislain Dimaï : J’aurais choisi « la police musicienne » (rires).
LDM: Vous avez récemment mis sur pied un projet baptisé MYDICA, peut-on en savoir un peu plus dessus?
Ghislain Dimaï : MYDICA, entendu ‘’My Digital Cabaret’’ est un projet de digitalisation de la musique en live jouée dans les cabarets afin d’ouvrir le champ d’intrusion de la musique en live au maximum de personnes, permettre aux artistes interprètes et de studio, qui restent les vrais garants de la sauvegarde du patrimoine musical de bénéficier de la réelle visibilité qui leur permettra de pouvoir défendre un nom à la rémunération. C’est un cabaret en ligne qui redonne un souffle nouveau au patrimoine musical camerounais à 70%, et africain à 30%. Il permet aussi de révéler les talents d’interprète des artistes de renom. C’est gratuit. Il suffit juste d’avoir la connexion internet et de te connecter depuis ton téléphone sur la page Facebook Cabaret Digital MYDICA
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LDM : Quelles sont vos relations avec Maalhox, Valsero et Mathématik de Petit pays?
Ghislain Dimaï : (rires). J’entretiens de bons rapports avec tous mes confrères et vous ne m’en voudrez pas de ne pas être en contact avec tous. Pour le cas de Mathématik, c’est un frère et ami. D’ailleurs nous avons commencé à enregistrer nos chansons au même moment chez Petit Pays. Lui, légèrement avant moi.
LDM: S’il fallait faire un featuring avec l’un des artistes suscités, ça serait qui et pourquoi ?
Ghislain Dimaï : (rires). Avec Mathématik et ce n’est pas loin d’arriver.
LDM: Percevez-vous normalement vos droits d’auteur ?
Ghislain Dimaï : (rires). Je ne sais pas ce que ça signifie. Il faudrait que je rentre dans le dictionnaire pour chercher à savoir c’est quoi droits d’auteur. C’est justement par rapport à tous les maux qui minent la musique camerounaise que je me suis engagé dans l’entrepreneuriat et que mon premier challenge est de digitaliser le cabaret.
LDM: Que pensez-vous des rapports que le public camerounais a envers la musique et les artistes de leur pays?
Ghislain Dimaï : Je dirais que le public camerounais aime la musique mais n’aime pas les artistes malheureusement. Si 10% de la population de Douala achetaient les CD des artistes à minimum 1000fcfa, il y aurait une évolution.
LDM: Sur quel projet travaillez-vous actuellement?
Ghislain Dimaï : J’ai mis ma carrière en berne pour valoriser celle des autres. Je voudrai que mon existence ait servi à quelque chose. Mon souhait c’est que d’ici 5 ans, s’il y a dix artistes qui cartonnent au Cameroun, que sept soient passés par mon canal d’où la raison de mon investissement sur MYDICA.
LDM : Que promettez-vous à votre public qui s’impatiente de vous revoir dans le top?
Ghislain Dimaï : Il y a le public fictif et les vrais Dimaïstes. Il y’aura bientôt de très très belles chansons avec de bonnes collaborations. Ce sera pour fin 2025 si Dieu le permet. Mais avant cela, je vais sortir un album pour mon équipe afin de révéler le peu de personnes que mes moyens me permettront de révéler.
LDM: Un dernier mot?
Ghislain Dimaï : Merci de l’attention portée sur ma modeste personne. J’espère que par votre canal, de nouvelles personnes découvriront MYDICA. Je vous annonce que MYDICA, c’est une édition par mois. Pour l’édition de ce mois de juillet, c’est maman K-tino la guest star ce dimanche 28. Vous pourrez vivre le show sur la page Facebook Cabaret Digital Mydica.
Entretien mené par Ève-Pérec N.BEHALAL