La chanteuse franco-malienne Aya Nakamura, icône des charts internationaux, est désormais au cœur de réflexions académiques. Elle a fait il y a quelques jours, l’objet d’un colloque organisé par l’université Rennes 2 en France, où son parcours a été scruté sous l’angle de la culture et de l’identité.
Le 2 octobre 2024 marque une étape clé dans la carrière d‘Aya Nakamura, non pas dans son domaine de prédilection qui est la musique, mais dans le milieu universitaire. Ce jour-là, un colloque réunissant des experts et chercheurs a eu lieu sur le campus de l’université Rennes 2 et était centré sur l’analyse de l’impact de la chanteuse dans la société française avec pour thème: « Aya Nakamura, le minoritaire et le majoritaire ». Il s’est agi d’explorer la dualité de son succès commercial et son identité issue d’une minorité ethnique.
Emmanuel Parent, maître de conférences en musiques actuelles de la dite université, a ouvert les discussions en pointant le paradoxe qui entoure Aya Nakamura : « Elle est en tête des ventes en France, tout en appartenant à une minorité raciale et culturelle ».
Il s’interroge sur la manière dont la célébrité franco-malienne parvient à dépasser les codes établis, notamment dans le contexte français où la langue et la musique sont souvent perçues comme des marqueurs d’identité nationale. https://www.bfmtv.com/people/musique/une-journee-d-etudes-dediee-a-aya-nakamura-a-l-universite-rennes-2_VN-202410040886.html
Le clip de son tube « Pookie« , tourné dans le cadre majestueux du château de Fontainebleau, a été cité comme exemple de cette modernité qu’incarne l’artiste. Pour Emmanuel Parent, ce choix de décor illustre la capacité d’Aya Nakamura à réinventer des symboles de la culture française tout en y intégrant son propre style :« Elle bouscule les normes et ouvre une nouvelle voie pour la chanson française, dans un pays qui entretient une relation presque sacrée avec sa langue », souligne-t-il.
La langue française made in Aya Nakamura, elle-même fut un autre point central des discussions. En France, le langage a longtemps été un vecteur de discrimination et les expressions populaires ou issues de la culture urbaine, comme celles utilisées par Aya Nakamura, ont parfois du mal à être acceptées dans les sphères plus traditionnelles. Cependant, la chanteuse est parvenue à populariser un vocabulaire hybride, témoignant de l’évolution de la langue de Molière dans un contexte de mondialisation culturelle.
Le colloque a réuni des spécialistes français et québécois, ainsi que des chercheurs du Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), tous venus échanger sur le phénomène Aya Nakamura. L’événement a également permis de mettre en lumière son rôle en tant que femme noire d’origine malienne, devenue une figure incontournable de la scène musicale mondiale. La people franco-malienne a su imposer son style unique et son identité dans un milieu souvent dominé par des normes majoritaires.
Ce n’est pas la première fois qu’une star de la musique fait l’objet d’études universitaires.
L’on peut par exemple citer Beyoncé en 2017 et plusieurs autres célébrités mondiales. Désormais, Aya Nakamura rejoint cette prestigieuse liste, consolidant ainsi son influence bien au-delà des frontières musicales.
Rosy Mireille Nanjip