Les traditionnelles déclarations des institutions qui assurent la sécurité et les droits des journalistes dans le monde entier non pas pu être lues ce vendredi 3 mai 2024 comme prévu à Douala. Et pour cause, les hommes du micro et de la plume ont été terrorisés par la police et chassés tels des malpropres au lieu de la rencontre. La présidente du SNJC, le Syndicat national des journalistes du Cameroun Marion Obam, est montée au créneau pour dénoncer ce énième acte de musellement que subit la presse camerounaise, triplement inquiète depuis l’assassinat odieux en janvier 2023 de Martinez Zogo.
« Tous en noir à la poste centrale de Bonanjo » ! C’était là, le mot d’ordre donné par le Syndicat national des Journalistes du Cameroun à ses membres qui devaient se retrouver ce 3 mai à la poste centrale de Douala pour lire les différentes déclarations des institutions internationales et locales qui veillent sur le respect de la liberté d’expression dans le monde, l’ONU, l’Unesco et le SNJC. Malheureusement, ce premier point qui devait ouvrir la célébration de la journée de la liberté de la presse à Douala a été tué dans l’œuf.
Les journalistes présents avec en tête la présidente Marion Obam et le bureau exécutif du SNJC ont été intimidés et menacés par les forces de police déjà sur les lieux depuis les premières heures de la matinée, à la recherche de la moindre ombre en noir.
« Dégagez ! Le chef ne vous veut pas ici »
Malgré la demande d’autorisation à manifester soumise des jours avant aux autorités administratives de la ville, les journalistes du SNJC ont été menacés de répression en cas d’insistance, informés de ce que le « commissaire ne veut pas les voir à cet endroit ». Une situation inadmissible pour la présidente Marion Obam :
« Nous avons eu ce matin la preuve vivante que la liberté de la presse est inexistante au Cameroun. Quand on veut nous accorder des moments de distractions, on nous permet de créer des journaux et des titres[…] Il est inadmissible qu’un 3 mai, ayant déposé une demande d’autorisation à manifester, que le jour de la manifestation nous soyons interdits de manifestation. On a été empêché de lire nos simples déclarations ».
Sous le coup de la menace et des pressions, les syndicalistes, dépités, n’ont eu d’autres choix que de prendre leurs jambes à leurs cous. Marinette Nguimfack, chargée de la communication régionale du SNJC exprime sa déception : « c’est regrettable que la presse camerounaise ne puisse pas jouir de la liberté d’expression […] On a l’impression que la situation ne s’améliore pas en ce qui concerne la liberté d’expression particulièrement des journalistes du Cameroun. Les choses vont vraiment de mal en pis ».
Journalistes, agressés par la police à Douala
Empêché de manifester, le SNJC a sorti au cours de la journée un communiqué dans lequel il « prend à témoin l’opinion nationale et internationale sur ce comportement d’une époque révolue et condamne énergiquement cet acte arbitraire qui n’honore pas le Cameroun. Regrette qu’au moment où le Cameroun a perdu plus de 20 places dans le classement de Reporters Sans Frontières, les forces de l’ordre brillent par leur violence sur les hommes et femmes de media ».
Une situation alarmante qui est constatée au Cameroun à cette même période de l’année. Cependant, malgré une délocalisation forcée, les syndicalistes ont pu effectuer la lecture des différentes déclarations de l’ONU, de l’UNESCO et le mot de la présidente nationale du SNJC prévu pour la circonstance. S’en est suivi la conférence de presse sous le thème : « Le rôle de la RSE dans les entreprises et la place du journaliste dans la protection de l’environnement ».
Au sortir de cette conférence, les journalistes ont été interpellés sur l’importance de leur rôle dans la sauvegarde de l’environnement par l’adoption des habitudes citoyennes. À Marion Obam de renchérir : « Nous devons commencer à insérer dans nos différentes rédactions un desk consacré essentiellement à la protection de l’environnement, car plus le temps passe plus la situation environnementale se dégrade[…] Aujourd’hui nous n’arrivons même plus à identifier nos saisons à cause du changement climatique ».
Alors que l’humanité fait face à ce périple existentiel, aucune action climatique efficace n’est possible sans l’accès à une information scientifique fiable et libre.
Rappelons que le Cameroun est passé de la 118e à la 138e place au dernier classement mondial de Reporters Sans Frontières à cause des arrestations arbitraires, des tortures et assassinats des journalistes.
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Rosy Mireille Nanjip