Célèbre artiste malienne et fervente militante des droits humains, Rokia Traoré se trouve dans une situation judiciaire délicate. Arrêtée en juin 2024 et actuellement incarcérée dans une prison pour femmes en Italie, l’artiste sera transférée dans les prochains jours vers la Belgique pour répondre de ses actes. La chanteuse malienne est dans un combat judiciaire avec son ex-compagnon avec qui elle se dispute la garde de leur unique enfant.
L’information vient de son avocate italienne, Me Maddalena Claudia Del Re, à l’issue d’une audience le 26 septembre dernier devant la cour d’appel de Rome. Elle a confirmé jeudi dernier que l’extradition interviendrait « dans les dix jours à compter de la décision de la cour d’appel de Rome« , c’est-a-dire, la deuxième semaine du mois d’octobre 2024. Une décision rendue après une audience devant la Cour d’appel de Rome le 26 septembre dernier, où la défense de Traoré a été déboutée. Elle marque une nouvelle étape dans une bataille judiciaire qui a débuté en 2020.
À l’époque, Rokia Traoré avait déjà été arrêtée à Paris suite à un mandat d’arrêt européen émis par la Belgique. Cependant, les autorités françaises avaient refusé de procéder à son extradition, invoquant le respect de ses droits en tant que mère. L’artiste n’a pas eu de chance avec la justice italienne qui a, elle, validé son transfert.
Elle sera donc remise à la justice belge lui reproche le non respect des décisions judicaires, notamment la remise de sa fille à Jan Goossens, père de l’enfant, qui en obtenu la garde exclusive.
Le point de départ de cette affaire remonte à 2019, lorsque Rokia Traoré et Jan Goossens, séparés 1 an plus tôt, se sont affrontés devant les tribunaux belges pour la garde de leur fille. En octobre 2023, le tribunal correctionnel de Bruxelles a condamné la chanteuse à deux ans d’emprisonnement pour non-représentation d’enfant, une décision rendue par défaut, l’artiste ne s’étant pas présentée ce jour-là.
Depuis son arrestation en Italie en juin à l’aéroport Fiumicino de Rome, où elle venait d’atterrir pour donner un concert dans le cadre d’un festival au Colisée de Rome, elle est incarcérée à la prison de Civitavecchia, près de Rome.
Jan Goossens, le père, un directeur artistique belge, réclame la garde alternée de leur fille depuis le début de ce contentieux, ce que refuse d’appliquer Rokia, accusant son ex-compagnon d’attouchements sur l’enfant, âgée de 5 ans à l’époque,
Ce dernier s’est exprimé par l’intermédiaire de son avocat, Me Sven Mary : « Il est indispensable pour l’enfant d’avoir une stabilité émotionnelle et un environnement sécurisé avec la présence de ses deux parents », a-t-il déclaré à l’AFP (Agence France Presse). La fillette, actuellement au Mali, vit loin de ses parents depuis plusieurs mois, peut-on lire dans les colonnes des journaux locaux.
Rokia Traoré, connue non seulement pour son talent musical mais aussi pour son engagement humanitaire, a longtemps utilisé sa notoriété pour défendre des causes sociales importantes. En tant qu’ambassadrice de bonne volonté du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR), son statut n’aura pas suffi à empêcher son extradition.
Pour l’instant, les débats continuent de se concentrer sur l’intérêt supérieur de la fillette, aujourd’hui âgée de neuf ans.
Rosy Mireille Nanjip