Femme très dure de caractère, mais douce quand il s’agissait de défendre la cause des opprimés, riches ou pauvres, mais dans la vérité. Suzanne Kala Lobè, la célèbre journaliste, éditorialiste hors pair, écrivaine, militante des droits de l’homme et chanteuse à ses heures perdues est décédée aux premières heures de ce 01er Aout 2024 de suite de maladie à l’âge de 71 ans. Mais quelle carrière !
Anti-conformiste assumée, ‘’Ma’a Su’’ comme elle aimait à se faire appeler était connue comme une femmee de poigne, amère sur les plateaux, une femme n’avait jamais sa langue dans sa poche une femme et qui ne s’incommodait pas des préjugés liés au sexe féminin, chantre de la franchise. Entre l’amitié et la vérité, le choix était vite fait, quitte à continuer seule sa route.
Suzanne Kala Lobè est devenue célèbre lorsqu’elle s’engage dans le métier de journaliste, qui n’était pas son métier de rêve, en hommage à son père, feu Iwiyè Kala, journaliste de profession.
Revenue au Cameroun suite au décès de celui-ci, elle dépose ses valises dans le Groupe La Nouvelle Expression de Severin Tchounkeu, à la presse écrite. Ses premiers pas dans le métier se feront dans une chronique intitulée « Ma Candidate serait une Femme », publiée pendant l’élection présidentielle camerounaise de 92. Son aventure se poursuivra à la radio avec la naissance de radio Equinoxe. Elle y présentera des émissions comme Polemos et Livres noirs et musiques d’Afrique. Ses invités, triés sur le volet devaient avoir les pieds sur terre pour répondre aux questions de cette titulaire d’un Doctorat en linguistique, d’un MBA en Management culturel et d’un DEA en sciences politiques obtenus lors de ses études universitaires en France.
Suzanne Kala Lobè était aussi une militante des causes justes. Elle avait la passion pour le militantisme depuis les bancs d’université. Membre de l’Union Nationale des Étudiants du Kamerun, elle était aussi militante de l’Union des Populatons du Cameroun (UPC) qu’elle quitte en 1998 du fait que le parti, ancrée dans l’opposition depuis sa création dans les années 40, s’était rallié au parti au pouvoir à la suite de l’élection présidentielle de 1997.
« Ma’a Su »
Suzanne n’était pas qu’une éditorialiste hors-pair et experte de la gouaille et de la verve sociopolitique.
Elle animera à la création de la télévision Équinoxe le programme culturel ‘’Vendredi Soir’’ où le public découvrira, avec plaisir, ses autres talents, comme le chant, la sociabilité, sa capacité à sourire avec ses invités comptés parmi les grands hommes et femmes de la culture, écrivains, chanteurs, artistes, entre autres qui la baptiseront sympathiquement « Ma’a Su ».
Éprise pour la production audiovisuelle dans le but de montrer au monde une Afrique positive, elle finira par créer sa propre maison de production, EBK Productions, propriétaire du magazine Actu qui lui était diffusé sur la chaine Canal2 International.
Depuis sa nomination le 23 fevrier 2013 au sein du Conseil national de la communication par le président Paul Biya, et ses donctions de elle est également chargée de la communication de la direction générale d’Hysacam, Suzanne Kala Lobè s’était éloignée des médias. D’aucuns l’accusaient même d’avoir abandonné les causes « nobles » pour flirter avec le régime de Biya, avec à l’appui une lettre qu’elle adressera à al diaspora camerounaise dans laquelle l’ancienne chroniqueuse de « Ma candidate est une femme » demande à ces derniers de « redescendre sur terre » et que leur dénonciations vis-à-vis du régime en place n’étaient que peine perdue.
Elle reviendra quelques années plus tard, plus comme modératrice mais comme invitée. Elle acceptait avec plaisir l’invitation de ses confrères et consoeurs de la presse. Sa dernière apparition à la télé date du 6 mai 2024 dans l’émission ‘’C’est Le Weekend’’ animée par Cyrille Bojiko sur Balafon Télévision.
Carole Guysso