Ce lundi 12 décembre, la légende du Makossa Ekambi Brillant a rangé définitivement sa guitare à Douala de suite de longue maladie; alors que l’on célébrait le 89eme anniversaire à titre posthume d’une autre légende: Manu Dibango.
Icône du Makossa, Ekambi Brillant a été célébré quelques jours seulement avant son décès par le Festival du Makossa qui commémorait pour sa 7e édition les 70 ans du makossa, puissant rythme propre au Cameroun.
C’est aux côtés de Monsieur Zane Daniel, professeur de musique d’origine française en 1962 qu’il apprend la musique et particulièrement à jouer à la guitare, après une admission au concours d’entrée en 6e au Lycée Leclerc alors que son père le voyait difficilement réussir dans les études.
En 1971, à l’âge de 23 ans, il arrête ses études en classe de seconde et rejoint la ville de Douala où il intègre l’orchestre Les CRACK’S comme guitariste. Ceux-ci se produisent dans la boite de nuit Le Domino. Il se présente ensuite au concours de la musique lancé par l’Office de Radiodiffusion Télévision Française (ORTF) dont le jury était composé, entre autres, de Manu Dibango et Francis Bebey. Il en est le lauréat. C’est grâce à ce prix qu’il sort son premier disque 45 tours intitulé »Jonguèlè la Ndolo » (les pensées vers mon amour) qui enregistra 20 000 ventes.
Il continue à travailler avec Les CRACK’S pendant quelques temps avant de quitter le groupe à cause de quelques divergences pour entamer une carrière solo.
Il prend son envol et organise son premier concert au centre culturel français de Douala et par la suite au cinéma le Wouri. Bénéficiant du soutien du bassiste camerounais Jean Dikoto Madengué, il arrive en France et sort son second 45 tours chez Phonogram avec qui il a signé un contrat , qui fut également un succès avec 25000 ventes.
De passage au Cameroun dans les années 1976, Ekambi Brillant crée son orchestre appelé Les Ebis (Ekambi Brillant Show) qui a en son sein des musiciens comme Lobé Valery, Aladji Touré etc. Cette même année, il prend la gérance d’une boîte de nuit, le Castel où se produisent Les Ebis qu’il fait venir en France à la sortie de l’album Soul Castle.
En 1974, il sort l’album »Africa Oumba » avec comme titre phare »Elongui » qui par la suite a été repris par plusieurs autres artistes tant africains qu’européens. Cet album enregistra un record d’environ 4 millions de vente (Disque de diamant), numéro un au hits parades dans plusieurs pays d’Afrique.
Il retourne au Cameroun en 2000 après quelques années aux Etats-Unis et anime pendant quelques mois une émission de télévision à la CRTV, »le Super Ekambi Brillant Show ».
Il avait animé sur la scène du Palais des Congrès l’ouverture de la 18eme édition des Écrans Noirs.
En 2007, il organise une grande exposition de ses tenues de scènes à l’hôtel Hilton de Yaoundé pour consacrer ses 36 ans de carrière. Son nom a même été associé à une chaussure de fabrication locale au Cameroun. Il a aussi présenté l’émission « Black Mic Mac Show » pendant plusieurs années.
En février 2009, il est élevé au titre d’Officier National de la Valeur à titre exceptionnel et en 2016 Commandeur de l’Ordre National de la Valeur.
Ekambi Brillant a à son actif près de 20 albums. Il a contribué à l’éclosion de plusieurs artistes aussi bien camerounais comme Marthe Zambo, Valéry Lobé, Aladji Touré qu’africains à l’instar de Cella Stella, Angélique Kidjo.
Malade depuis des mois, il avait été évacué en Turquie où il a suivi des soins. De retour après quelques mois à Douala où il suivait sa convalescence, la virtuose s’est finalement éteinte ce 12 décembre 2022 à l’hôpital Laquintinie à l’âge de 74 ans.
Adieu l’artiste !
Ève -Pérec N.BEHALAL.