Pour Novak Djokovic, c’est l’heure de débuter la seconde partie de sa carrière. Vainqueur de son treizième titre du Grand Chelem, dimanche à Londres, et de son quatrième sacre à Wimbledon après 2011, 2014 et 2015, le Serbe a enfin renoué avec les sommets qui lui échappaient depuis vingt-cinq mois. Conséquence directe de ce sacre : il n’est plus qu’à un succès de rejoindre Pete Sampras et ses quatorze Majeurs sur le podium des joueurs les plus titrés en Grand Chelem. Il laisse derrière lui l’Australien Roy Emerson (12 titres). Facile vainqueur d’un Kevin Anderson majoritairement passé à côté de sa finale (6-2, 6-2, 7-6 (3), après 2h18 de match, le Serbe a mis fin à un cycle de deux ans sans remporter un titre majeur.
De Roland-Garros 2016 à Wimbledon 2018, le 21e mondial a tout vécu : la consécration de remporter le dernier Grand Chelem qui lui manquait, une chute psychologique, les blessures, les résultats en berne, la remise en question, le néant, avant de connaître cette renaissance londonienne qui a pris racine au printemps. C’est un retour au firmament qu’il a vécu sur le gazon du Centre Court.
Le constat qui se dégage est le suivant Anderson est entré trop tard dans sa finale
Dans la droite lignée de sa devancière de 2017, il n’y a pas vraiment eu de finale dimanche entre Djokovic et Anderson. La faute aux deux hommes. Droit dans ses bottes, réglé et bien physiquement malgré son marathon coupé en deux face à Rafael Nadal en demi-finale, le Serbe s’est montré intraitable pendant la quasi-intégralité de la rencontre. Un match qui a été le parfait symbole de son tournoi, abouti dans sa globalité et marqué par une demi-finale somptueuse remportée face à Rafael Nadal. La réalité, c’est qu’il a disputé sa finale face à l’Espagnol. Son match du jour n’a vu qu’un seul set être disputé : le dernier qu’il a remporté au jeu décisif. Auteur du break d’entrée dans les deux premiers actes, le Serbe a construit son succès de manière méthodique. Première balle présente, réglé des deux côtés et auteur d’une couverture de terrain impeccable, il a joué le match parfait pour se détacher et pouvoir contrôler. Chose qu’il a réalisé.
Preuve de cette après-midi de presque quiétude : il n’a concédé sa première balle de break qu’à 5-2 dans le deuxième set. Le dernier acte a été celui des frayeurs : il a dû s’employer pour sauver six balles de set. Ces deux moments de tension parfaitement gérés l’ont conduit tout droit vers le sacre.
Pour Kevin Anderson, la note a été salée lors de cette finale. Déjà passé à côté de son rendez-vous face à Rafael Nadal lors du dernier US Open, le Sud-Africain a plus ou moins vécu le même scénario dimanche. Nerveux et visiblement amoindri physiquement – il a été traité au coude droit après le premier set – le 8e joueur mondial a mis deux sets avant d’entrer dans sa finale. S’il a fait belle figure au service et dans le jeu dans le dernier acte, il est parti de trop loin pour espérer quelque chose. Son début de rébellion est lui, mort-né. Il faudra repasser.
Yvan Ango