À quelques jours de Noël, les marchés de Douala peinent à retrouver leur effervescence habituelle des grands jours comme actuellement. Dans les artères commerçantes comme celles d’Akwa, l’ambiance est plutôt timide, et les commerçants fixent les passants, l’air frustré par une baisse significative de la fréquentation. En cause, un pouvoir d’achat parental épuisé et des prix de jouets hors de portée pour de nombreuses familles.
Akwa : Des rues bondées mais des ventes timides
Sous les guirlandes lumineuses qui ornent les enceintes des boutiques et les étalages de fortune sur les trottoirs du centre commercial d’Akwa, les commerçants tentent tant bien que mal d’attirer les acheteurs. Sur la chaussée, c’est un désordre organisé. Motos, voitures et passants se frayent un chemin dans un brouhaha constant de klaxons et de cris de vendeurs vantant leurs produits.
Parmi eux, Tatiana. La commerçante emballe soigneusement un piano électronique, cadeau d’un parent pour son enfant. Le sourire qu’elle arbore sur ses lèvres montrent à quel point elle désespérait déjà de rentrer encore ce jour, sans avoir vendu un seul petit jouet: “Le marché est encore très calme, mais on espère une meilleure affluence entre le 22 et le 24 décembre”, confie Mars Kenye, son voisin commerçant.
À ses côtés, Boris, un autre vendeur, explique sur la question des prix onéreux des jouets cette année : “Les fournisseurs augmentent leurs tarifs, et ça se répercute sur nos prix. Les clients hésitent.”
Une hausse de prix qui freine les parents
Pour acheter une voiture télécommandée, il faut débourser entre 6 500 et 20 000 FCFA. Les poupées Barbie, surtout celles qui chantent ou parlent, oscillent entre 7 000 et 25 000 FCFA. Quant aux jeux de lettres ou aux pianos électroniques, les prix grimpent facilement à plus de 20 000 FCFA pour les modèles sophistiqués.
Des montants, qui ne sont pas à la portée de toutes les bourses. Angèle Seppo, mère d’une petite fille de 4 ans, exprime son désarroi : “À ce rythme, je ne sais pas si je pourrai offrir un cadeau à ma fille cette année. Tout est trop cher.”
La hausse des prix qui modifie les priorités
Face à ces prix, de nombreux parents choisissent de reporter leurs dépenses sur d’autres besoins. Marthe, croisée dans une boutique de lingerie, explique : “Je préfère investir dans des affaires utiles comme des vêtements ou du mobilier. Les jouets, ce sera pour une autre fois.”
La réalité de la hausse des prix qui affaiblit l’engouement des parents n’est pas seulement l’affaire du centre commercial d’Akwa. Dans les marchés comme Bonamoussadi et New Deido de Douala, les commerçants rapportent la même morosité. Contrairement aux années précédentes, où la fête se préparait avec enthousiasme, cette fin d’année est marquée par une prudence généralisée dans les dépenses.
L’espoir demeure néanmoins. Les commerçants affirment mettre toute leur confiance dans les derniers jours avant Noël, où certains parents, malgré tout, décideront peut-être à la dernière minute de faire un effort pour offrir un peu de magie à leurs enfants.
L’espoir est le même chez les parents qui comptent à leur tour sur la pression des commerçants, hantés qu’ils seront du fait des invendus de l’après-fête, pour baisser les prix.
Il reste encore une semaine pour le Jour-j, et chaque camp croise les doigts.
Luc BIGA