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PEOPLE/MUSIQUE : Koko Ateba, une vie de musique, d’exil et de résilience

Koko Ateba, la chanteuse et guitariste camerounaise s’est éteinte ce vendredi 13 décembre 2024, à l’âge de 59 ans, à l’hôpital Foch à Suresnes, en France. Figure emblématique de la scène musicale camerounaise, Koko Ateba a marqué les cœurs et les esprits avec son style unique, sa voix envoûtante et ses textes originaux et poignants. Son décès, tombé comme un couperet, est une grande perte pour la musique camerounaise et la scène musicale internationale.

Les débuts de Koko Ateba : Une passion ancrée dès l’enfance


Koko Ateba naît dans les années 1960 au Cameroun, à l’époque où des Anne-Marie Nzié, Manu Dibango, Miriam Makeba, Loyce DeMille, ou encore Fela Kuti brillaient de milles feux sur la scène musicale africaine. Née déjà dans une famille où la musique est une tradition, elle est très tôt attirée par le chant et la guitare, son instrument de prédilection qu’elle voyait déjà dans les bras Anne-Marie Nzié qui en grinçait magnifiquement les cordes. Dès ses 18 ans, Koko fait ses premiers pas sur scène dans les clubs de Douala, au côté de ses premiers mentors que sont Henry Njoh et Elvis Kamayo. Son charisme et son style authenticité vont captiver le public qu’elle baladait dans un mélange de Soul et de jazz, du Makossa des Doualas et du Bikutsi des Betis, d’où elle était originaire. Après ce premier succès sur scène, celle qui sentait l’univers musical lui ouvrir les bras prend la décision de consacrer sa vie à la musique, forgeant ainsi une carrière singulière. Elle chantait aussi bien en langue locale (Ewondo, Douala) qu’en anglais et français, et en pidgin (forme de mélange du français et de l’anglais) venu du Nigéria de Fela Kuti.

Les débuts de Koko Ateba

Premier album : coup d’essai, coup de maitre

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En 1986, Koko Ateba sort son premier album intitulé « Talk Talk ». Une bombe ! On y retrouve ses plus gros succès ‘’Je suis bien ici’’, un hymne à la liberté et à l’acceptation de soi, ‘’Talk Talk’’, ‘’Taxi’’ et ‘’Nelson Mandela’’ (will never give up), entre autres, où elle mélange Folk et Jazz, porté par sa voix puissante. L’album est considéré comme l’un des plus abouti de la décennie 80-90 et lui promet une carrière.
Et que dire de la chanson « Atemengue » : un autre grand succès, pourtant, très critiquée à l’époque. Elle traite de l’infertilité féminine et des stigmates sociaux qui y sont associés, créant ainsi une polémique à son passage au palais présidentiel en 1988.

Case prison et l’exil forcé

Deux ans plus tard, en 1988, Koko Ateba est invitée au palais présidentiel de son pays le Cameroun, pour une prestation. Elle y interprète le titre « Atemengue » qui provoque une polémique séance tenante. Elle est jetée en prison. Des mois plus tard, elle est libérée, mais secouée et traumatisé par l’épreuve, Koko choisit l’exil. Pays d’accueil, la France, où elle s’installe, et sa carrière prendra alors un nouveau tournant.

La renaissance

En France, la carrière de Koko Ateba prend un nouvel élan lorsqu’elle reprend une chanson française, ‘’Frou-Frou’’, grâce au producteur Jean-Pierre Castellin. Cette chanson devient le générique d’une ancienne émission télévisée, ‘’Frou-frou’’, animée par Christine Bravo sur France 2. Une des émissions de télé entièrement animée par les femmes et pour les femmes. Koko Ateba devient alors une figure du féminisme et de la scène musicale francophone.
Malgré l’éloignement du Cameroun, elle conserve des liens étroits avec son pays natal. En 2010, elle est invitée lors des célébrations des Cinquantenaires de l’indépendance et de la réunification du Cameroun. C’est à cette occasion qu’elle fait son grand retour sur scène devant les autorités de son pays et surtout ses fans, qui vont continuer à la déguster dans des spectacles qu’elle offre ça et là dans la capitale Yaoundé.

Malgré l’éloignement du Cameroun, elle conserve des liens étroits avec son pays natal

Koko Ateba laisse derrière elle, une discographie qui témoigne de son engagement et de son amour pour la musique. Parmi ses albums les plus notables figurent également : « L’âme de la guitare » (1995), un album qui marque sa rencontre avec la scène européenne ; « Ma Vie, Ma Voix » sorti (2002) : un album introspectif qui plonge dans les thèmes du vécu personnel et de la quête de liberté. « Douala, Paris et moi » (2011) : qui reflète ses racines et ses influences
À travers ses chansons, son exil et ses combats, Koko Ateba reste une icône indémodable de la musique camerounaise et un exemple de résilience pour les générations futures.

Lorsque les fans du monde entier célébraient son 59e anniversaire le 9 décembre dernier, 5 jours avant sa mort, personne n’imaginait que ça aurait été le dernier pour cette artiste afro pleine, libre et accomplie.


Luc BIGA

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