Du haut de ses 39 ans de vie sur la terre, Salem Kedy est un réalisateur camerounais dont le talent et la qualité des productions cinématographiques forcent l’admiration. Reçu dans les locaux de Laura Dave Média, il est revenu sur son long métrage « le Petit Sam » en hommage à la légende du football Samuel Eto’o et a évoqué entre autres le mépris de certains acteurs une fois sous les feux des projecteurs.

Laura Dave Media : Bonjour Monsieur Salem Kedy et bienvenue dans nos locaux.
Salem kedy : Bonjour, Merci pour l’accueil.
Laura Dave Média : Pour ceux qui ne vous connaissent peut-être pas, qui est Salem Kedy ?
Salem Kedy : Je suis Salem Kedy, un jeune réalisateur camerounais âgé de 39 ans, originaire de la région du Littoral. Je suis également un passionné de l’audiovisuel où j’exerce depuis 2007 en tant que réalisateur mais, ma carrière professionnelle démarre en 2014 avec plusieurs projets cinématographiques, notamment des Web-séries, long-métrages et séries TV.
Laura Dave Média : Parlez-nous de votre enfance.
Salem kedy : A chaque fois qu’il faille que je parle de mon enfance j’essaie de me retenir. Je ne souhaite pas que quelqu’un vive cette situation, c’était très triste. J’ai perdu ma maman je n’avais que 13ans, je viens d’une famille extrêmement pauvre. Je n’ai pas connu les sacs de classe encore moins l’argent de poche. Je marchais des kilomètres après les cours pour chercher le manioc au champ pour le repas de la soirée. Je pense que c’est toute cette souffrance qui a forgé la personne que je suis aujourd’hui, un homme audacieux, un homme de caractère.

Laura Dave Média : Malgré votre enfance difficile, vous avez brisé les barrières de la limitation et avez poursuivi votre passion. Comment se fait justement le déclic pour les métiers de l’image ?
Salem kedy : Je suis né avec cette passion d’autant plus que lorsque j’étais plus jeune, je faisais déjà des vidéoclubs dans mon quartier. Je récupérerais des bobines et je prenais des loupes en créant par la suite des salles de cinéma ou les enfants payaient à une galette. C’était une passion, mon rêve a toujours été de faire dans le cinéma bien que le football était aussi ma deuxième passion. Malheureusement je n’ai pas pu continuer dans cette voie.
Laura Dave Média : La Web série »Pakgne » vous révèle au public suite à l’originalité et la qualité de cette production avec Marcelle kuetche et Muriel Blanche. Quels sont les souvenirs que vous gardez de cette collaboration ?
Salem kedy : De très bons souvenirs ! C’est ma plus grande expérience ! Si je suis Salem kedy aujourd’hui c’est grâce à cette web-série.
Cette série m’a mis sur les feux des projecteurs. Au début avec les filles, on ne savait pas où on allait par coup de chance, ça a plu aux camerounais. Chacun de nous aujourd’hui a une certaine renommée et c’est en partie grâce à la qualité de cette œuvre cinématographique. Le groupe s’est certes divisé ; j’en pleure jusqu’aujourd’hui. Ces filles allaient bien ensemble, elles étaient de très bonne amies. Pour ceux qui ne savent pas, les filles et moi avons eu une rupture après la saison une du projet, on a eu des problèmes et elles ont pris un autre réalisateur et, c’est leur manager qui demande encore après moi parce que avec le nouveau réalisateur, le projet n’avait plus malheureusement le même esprit. Pour se réconcilier, on a mis sur pied le film shenanigens. On a voulu célébrer notre réconciliation avec un projet phare. Ma prière de tous les jours est qu’elles puissent être de nouveau ensemble.

Laura Dave Média : Avec du recul et les réclamations du public, est-ce qu’il n’est pas temps pour le groupe de jeter les égos et se remettre ensemble ?
Salem kedy : Elles sont de grandes femmes. A un moment dans la vie, il faut bien dissocier la vie professionnelle de la vie personnelle. On peut ne pas s’entendre et avoir des projets ensemble encore que jusqu’ici, rien ne prouve qu’elles ne se sont pas réconciliées. Les deux se parlent, les choses ne sont juste plus comme avant.


Laura Dave Média : En tant que réalisateur, pourquoi Salem a choisi de réaliser les films au détriment par exemple des vidéoclips ou des émissions tv ?
Salem kedy : C’est un choix, c’est un secteur qui me parle plus.
Déjà la télé n’a pas trop d’exigences comme le cinéma c’est pourquoi, un cinéaste qui fait dans la télé tue son talent. C’est de l’audiovisuel mais ces deux secteurs sont bien différents. Le film c’est de l’Art, la création, c’est de l’esprit par contre la télé n’est pas très complexe. J’ai failli être recruté dans une grande chaine ici à douala pour un salaire de 300.000 frs mais j’ai dit non. Pourquoi parce que je ne voulais pas travailler à la télé. J’ai décidé depuis tout petit d’être patron…

Laura Dave Media : Sur les réseaux sociaux, les internautes se plaignent de plus en plus du manque d’humilité de certains acteurs de Madame Monsieur. Qu’est ce qui est à l’origine de cela selon vous Salem kedy ?

Salem Kedy : Le manque d’humilité de certains acteurs de Madame Monsieur est lié à la star mania. Il faut qu’on se dise aussi les vérités parce que ceux qui disent que les acteurs de Mme Mr se prennent la tête, s’ils deviennent des stars ils feront pareil et même pire. Les gens ont une mauvaise façon de vouloir communiquer avec les stars, ils ne savent même pas communiquer. La bonne manière pour ceux ou celles qui nous écrivent c’est d’aller droit au but.
Concernant certaines actrices de Madame Monsieur, je ne supporte pas leurs comportements, je suis parfois choqué parce que nous avons fabriqué certaines et du jour au lendemain elles nous méprisent. Si ça continu comme ça, on va commencer à balancer les rushs des tournages, Il faut que les gens sachent que lorsque vous appréciez les acteurs à la télé, il Y’a des gens derrière qui les ont fabriqué. Pour qu’une scène soit bonne à l’écran, il faut coacher ces acteurs, on arrête parfois les tournages pour que le jeu de l’acteur soit bon. Aujourd’hui quelqu’un a un prix et est incapable de remercier son équipe technique. La personne remercie sa grand-mère qui a cru à son talent il y a 10 ans mais ce n’est pas sérieux. La première personne a remercié quand tu as un succès c’est toute ton équipe technique, c’est cette équipe qui t’a fabriqué. Certaines actrices célèbres font l’orgueil même avec les stars, les ainés du milieu, c’est être parvenu…
Laura Dave Media : Le cinéma nourrit son homme pour certains et pour d’autre ce n’est pas le cas. Qu’Est ce qui explique ce déséquilibre ?
Salem Kedy : Le cinéma camerounais paie, on ne vit pas uniquement de son salaire même chez les fonctionnaires on a beaucoup d’avantages. Le cinéma donne de l’argent de manière directe et indirect. Il y a des acteurs qui touchent 2 millions chez Ebenezer Kepombia pour seulement deux semaines de tournages. Les cinéastes sont complexés et ne vivent pas en fonction de leurs moyens, ils veulent acheter des voitures parce que x ou y a acheté. Ils veulent être dans des appartements chic et poster sur les réseaux sociaux. Ils doivent profiter de leurs noms pour étendre la visibilité de leur business c’est le cas de Emy Dany Bassong, Muriel Blanche et même Marcelle, tout ça c’est le cinéma qui leur d’être aujourd’hui des égéries dans grandes marques.

Laura Dave Media : Les Awards au Cameroun récompensent beaucoup plus les réalisateurs de vidéo-clips et pas trop de films. Vous en tant que réalisateur de renommée, cela ne vous choque pas que malgré votre parcours, vous n’ayez jusqu’ici pas reçu de distinctions dans votre propre pays ?
Salem Kedy : Non pas du tout. Je n’ai jamais été fan des trophées, on aime donné des trophées au Cameroun alors qu’après la personne va quémander, souffrir…On va vous respecter lorsque vous serez financièrement assis, on n’a rien à foutre de votre intelligence. Tant que vos poches sont vides vous serez au dernier banc a la réunion familiale. Je veux d’abord gagner de l’argent et maintenant si je suis primé c’est une bonne chose. C’est encore mieux de présenter à vos enfants vos trophées dans un duplex. Je dois laisser à mes enfants une stabilité financière.

Laura Dave Media : Pour cette fin d’année 2022 vous présentez aux cinéphiles votre film « Le petit Sam » en hommage à la légende du football Samuel etoo. Pourquoi lui et non une autre figure du football camerounais ?
Salem Kedy : Samuel c’est la personne qui m’a le plus marqué, pas seulement dans le monde footballistique mais de manière générale. J’ai été abandonné par ma famille après le décès de ma mère, j’ai laissé l’école très tôt, j’ai porté les tomates au marché Sanaga, j’ai poussé sur la brouette et, j’ai tellement admiré son histoire a lui. Grace à son parcours j’ai eu la force de croire. C’était la seule personne que je pouvais prendre comme exemple pour la jeunesse camerounaise.
Laura Dave Media : Est-ce que le choix de Samuel n’est pas calculé compte tenu de l’extrême générosité de ce dernier ?
Salem Kedy : Tout le monde pense cela pourtant je n’ai rien calculé.
Samuel Eto’o ne n’a pas financé cette production, j’ai mis plus de 15.000.000 frs sur cette production. J’ai investie avec la productrice Lucie Memba, on a juste demandé à Samuel l’autorisation d’utiliser son image et il a approuvé.
Ce n’était pas une production visée. Le fait qu’il ait apprécié cette initiative, est une fierté pour nous. Il devait présent a la projection de Yaoundé mais son agenda ne lui permettait pas.
Il y’a une très bonne nouvelle qui arrive pour bientôt.

Laura Dave Media : Apres Yaoundé il y a deux semaines, a quoi doivent s’attendre les cinéphiles de la ville de douala ?
Salem Kedy : pour ce samedi 29 octobre 2022 au Cinéma L’Eden, les cinéphiles de la ville de douala doivent s’attendre à un film pleins d’émotions, Un films de deux heures remplis de leçons, une très belle histoire. Donc achetez déjà vos tickets a 3000, 5000, 8000 couple et 10000 frs vip au cinéma l’Eden ou contactez tout simplement le numéro 690717759 pour les réservations.
Laura Dave Media : Que pensez-vous du harcèlement sexuel dans le monde du cinéma ?
Salem KEDY : Chaque fois on tire sur les réalisateurs sans savoir que même ces derniers sont parfois des victimes. Beaucoup de femmes se plaignent sur les réseaux sociaux pourtant ce sont elles qui ont allumé ces acteurs ou réalisateurs et quand elles ne supportent pas la rupture, elles font le chantage. Il y a des femmes qui nous envoient des photos nues, des appels en abondance. Peut-être mes collègues cèdent mais je suis un homme de principe, si je dois tomber amoureux c’est de manière naturelle. Le cinéma est un métier chères jeunes dames formées vous, que les réalisateurs ne vous trompent pas.
Laura Dave Media : Comment voyez-vous votre carrière d’ici dix ans ?
Salem Kedy : Je serai très loin, déjà que l’année prochaine j’irai me former afin de hisser au sommet notre cinéma en plus qu’il tourne autour des mêmes sujets. Je pense qu’il faut revoir cela et proposer les histoires ou scenarios qui peuvent toucher l’Afrique, des films à thèmes, des biopics, films des légendes. Les studios Marvels l’on compris, ils racontent l’histoire des amazones du bénin ; c’est ce qu’on veut pour notre cinéma. J’ai une série en cour et elle portera sur l’histoire de « Mallah «. On en marre du classique, les gens sont fiers du Biopic de Kankan qui reste une légende du théâtre, c’est a encouragé ce genre de production.
Laura Dave Media : Nous sommes arrivés au terme de nos échanges, quel est votre mot de fin ?
Salem Kedy : J’encourage tous ceux et celles qui veulent faire carrière dans le cinéma d’aller se former en jeu d’acteur. Les techniciens de se former. J’ouvre ma maison de production en janvier prochain ce sera l’occasion de partager ce que j’ai appris aux autres. Arrêtez de prendre des raccourcis, chacun a son étoile.

Laura Dave Media : Merci d’avoir répondu à nos questions ?
Salem Kedy : Au plaisir.
Propos recueillis par Serge Bonny