Jeune intellectuel et talentueux, Patrick Tefoue est ce camerounais titulaire d’un Master en traduction de L’ École Supérieure des Traducteurs et Interprètes de l’université de Buea ( ASTI ). Passionné de lecture, sport, cinéma, voyage, télévision et mode, ses passions lui ont fait décrocher avec brio l’écharpe de Mister francophonie international 2023, le 22 juillet dernier à l’île Maurice devant autant de candidats aussi talentueux comme lui.
Rendu dans les locaux de Laura Dave Média, Patrick Tefoue n’a pas manqué de raconter sa belle aventure et de tout ce qu’il a traversé pour arriver à ce beau résultat.

Laura Dave Média: Patrick Tefoue c’est 31 ans d’âge et un magnifique parcours en arrière. Pour ceux et celles qui ne vous connaissent pas comment pouvez-vous vous présenter ?
Patrick Tefoue: Je suis Patrick Teffoue Ndongmo j’ai 31 ans je suis traducteur de profession, mannequin et acteur de cinéma.

Laura Dave Média: Acteur, mannequin, traducteur et plus. Dans quel couloir vous sentez-vous le plus à l’aise ?
Patrick T:
C’est vrai que j’ai toujours été attiré par les métiers de l’art notamment le mannequinat et l’actorat récemment, mais étant donné que j’ai fait des études de traduction, je suis titulaire d’un master en traduction de l’ASTI . Je travaille dans le domaine de la traduction, c’est ce qui me fait vivre actuellement !

Laura Dave Média: Comment est-ce que vous réussissez à mettre votre diplôme au profit de vos multiples carrières notamment en actorat et dans le mannequinat ?
Patrick T:
Je pense que quand on a un certain niveau scolaire, il est plus facile de s’adapter parce qu’au niveau de l’actorat le fait de maîtriser la langue, l’articulation et tout ça m’a permis d’avancer beaucoup plus vite que certaines personnes et je pense également que la traduction fait aussi maîtriser les langues ; c’est plus facile quand tu as un certain niveau intellectuel, tu arrives facilement à comprendre certaines choses, tu t’intègres facilement.

Laura Dave Média: Depuis 2021 exactement au mois de Mai, vous portez l’écharpe de Mister francophonie Cameroun. Pour ceux qui ne connaissent pas le concept, c’est quoi Mister Francophonie ?
Patrick T:
Mister francophonie c’est un concours de beauté pour homme qui a pour but d’élire l’ambassadeur de la jeunesse francophone notamment celui-là qui défendra les missions, les objectifs et valeurs de la francophonie notamment les droits humains, la promotion de la diversité culturelle et linguistique, la paix, la démocratie et tout ce qui va avec.

Laura Dave Média: Pour vous particulièrement qu’est-ce qui vous a motivé à vous lancer dans une telle aventure ?
Patrick T:
Ce qui m’a motivé à me lancer dans une telle aventure c’est qu’à la base je suis passionné des langues, je suis traducteur et même sur mes pages je fais déjà la promotion des langues françaises et je me suis également dis voilà c’est Mister francophonie je pense avoir le profil qui correspond au concours.

Laura Dave Média : Le regard des membres de la famille, est-ce-que ceux-ci ont accepté cela aussi facilement vu que vous avez un gros bagage intellectuel ?
Patrick T:
Après tout je dis merci à la famille parce qu’elle me permet de garder les pieds sur terre. Donc au départ elle n’était pas très réceptive mais à la fin ils m’ont dit si c’est ça qui t’intéresse fais le. La preuve c’est que les membres de ma famille ne m’ont pas permis de faire le mannequinat ni de concours avant d’obtenir mon Master ; alors c’est après le Master que j’ai décidé effectivement de me lancer dans les concours de beauté.

Laura Dave Média: très souvent il y a une confusion entre mannequin, modèle photo, égérie de marque, quelle est la différence entre les 3 concepts ?
Patrick T:
Un mannequin est un modèle photo, maintenant vous pouvez être mannequin et modèle photo mais vous pouvez être modèle photo sans être mannequin. Un mannequin c’est celui qui fait les podiums, un modèle photo c’est celui qui fait uniquement la photo en occurrence les publicités et les séances photos à thèmes avec les photos graves. Maintenant en tant qu’égérie de marque, vous pouvez être les trois à la fois c’est-à-dire mannequin, modèle photo et égérie de marque. Pour être égérie de marque vous n’avez pas forcément besoin d’être un modèle photo ou mannequin mais si vous avez de l’influence et que la marque voit quelque chose chez vous qui l’intéresse par exemple vos yeux, vos doigts, votre voix vous pouvez être égérie d’une marque.

Laura Dave Média: parlant du mannequinat il y a très souvent des cérémonies dans lesquelles on retrouve des personnes qui se plaignent des cachets qui ne sont pas à la hauteur des services qu’elles offrent. Selon vous quelles sont les solutions pour palier au manque de considération et le lot de problèmes liés au mannequinat au Cameroun ?
Patrick T:
Pour palier au problème de cachet de mannequin, il faudrait déjà restructurer le domaine, avoir un syndicat de mannequin, c’est ce qui est en train de se faire en ce moment. Cependant, le véritable problème aussi est que les personnes qui mettent sur pieds des évènements ne sont pas très professionnelles. Parfois, elles organisent des évènements et puis elles prennent des mannequins amateurs et à la fin elles n’ont pas le rendu qu’elles veulent par conséquent, il y a des mannequins professionnels qui se retrouvent sans emploi. Je pense aussi que les organisateurs d’événements devraient prendre un peu plus de considération sur la formation que les mannequins ont, parce qu’on ne se lève pas un matin pour devenir mannequin. Il faut passer par une formation qui est payante et elle peut parfois se faire sur 1, 2, 3 ans, et ça ne sert à rien de faire une formation si on n’est pas valorisé après.

Laura Dave Média: Pour vous qui évoluez dans ce métier, est-ce-qu’on peut dire que l’on peut véritablement vivre du mannequinat au Cameroun ?
Patrick T :
Personnellement je ne le dirai pas ! Par contre, on peut vivre des métiers du mannequinat. Parfois nous avons des mannequins qui sont à la fois make-upeurs , coiffeurs, directeurs artistiques. En fait ils essayent de joindre plusieurs casquettes pour vivre, mais dire qu’on vit uniquement du mannequin au Cameroun c’est compliqué.

Laura Dave Média: Depuis 2021 vous êtes la deuxième personne à être Mister francophonie Cameroun et depuis le mois de juillet 2023 vous portez l’écharpe de Mister francophonie international. Dans quel état d’esprit est-ce-que vous sentez-vous après ce sacre ?
Patrick T:
l’état d’esprit dans lequel je me retrouve après avoir été élu Mister francophonie international est un état de fierté, parce que j’ai fait briller le drapeau du Cameroun à l’international. Après je me dis maintenant que c’est fait il y a pleines de choses qui arrivent et je ne peux qu’être content d’avoir obtenu ce titre et de commencer à parler de mon projet au monde.

Laura Dave Média: Au départ la compétition devait avoir lieu à Mayotte et quelques semaines avant on annonce que ça aura plutôt lieu à l’île Maurice qu’est-ce qui s’est véritablement passée ?
Patrick T :
Les changements du lieu de la compétition sont dus aux tracasseries de l’ambassade. Nous avons essayé de faire les demandes nécessaires pour obtenir le visa du côté de la France, ce qui n’a pas été possible. Cela a été le cas pour plusieurs candidats africains qui n’ont pas pu obtenir le visa pour aller en compétition à Mayotte. Cependant, la raison principale était le fait qu’il y’avait des émeutes dans Mayotte à cette période, puis ils se sont dit que ce serait idéal de le faire dans un endroit plus calme, que de le faire dans ce contexte social.

Laura Dave Média: c’était quoi le plus difficile à appréhender durant la compétition Mister francophonie international ?
Patrick T:
Pour moi le plus difficile à appréhender pendant la compétition c’était la préparation parce que, lorsque les camerounais savent que tu vas à l’étranger tu as une certaine pression car il faut que les couleurs du Cameroun soient bien défendues. En plus, depuis qu’on nous appelle le ”continent” ça devient encore plus compliqué. Donc c’était un peu la pression que j’avais le plus, sinon au niveau de mon mental j’étais bien préparé et puis c’était une compétition que j’attendais depuis un bon moment déjà. En dehors de la pression de bien défendre les couleurs du Cameroun, je n’avais pas d’autre pression.

Laura Dave Média: Est-ce qu’en interne pendant la semaine de préparation de la grande finale il y’a pas eu des frustrations que vous avez eu à subir ?
Patrick T:
Effectivement j’ai subi certaines frustrations parce que quand j’arrive, j’ai plus de valises par rapport aux autres candidats et puis il y’a le directeur artistique qui me dit mais pourquoi tu as pleines de valises ? Je lui réponds, dans ces valises il y’a uniquement ma tenue traditionnelle et il me regarde en disant comment ça? . Je lui dis oui au Cameroun on a plus de 221 cultures et il faut représenter le nord, le sud ouest, l’est et tout et à lui de me répondre : “vous le Cameroun vous êtes toujours dans l’exagération”. Du coup lors des préparatifs, quand il fallait préparer les chorégraphies j’étais toujours en train de faire des suggestions et puis on m’a dit: << non tu aimes trop montrer que tu connais beaucoup, arrête de faire des remarques encore le Cameroun le Cameroun le Cameroun >>, finalement tout le temps c’était le Cameroun !.

Laura Dave Média: Mais qu’est-ce qui vous permettait de vous réserver ?
Patrick T:
Je me disais, concentre toi parce que tu es là pour un objectif, il te faut cette écharpe. Mieux rester tranquille puisque lorsque je faisais les suggestions c’était pour que les choses se passent bien et que l’événement se structure correctement mais comme elles n’étaient pas très reçues de façon positive, je ne sais pas si je faisais peur aux candidats ou bien à l’organisation.

Laura Dave Média: Dans cette compétition vous aviez 5 concurrents d’autres pays. Pour vous qu’est-ce qui a joué en votre faveur ?
Patrick T:
ce qui a clairement joué en ma faveur pendant la compétition c’est le test de culture générale parce que le test de culture générale c’était l’élément primordial de la compétition et j’ai eu la meilleure note. Le deuxième candidat était celui de la France donc, c’est ce qui nous a départagé en finale.

Laura Dave Média: une fois donc l’écharpe sur vos épaules qu’est-ce qui va suivre ?
Patrick T:
une fois l’écharpe sur mes épaules ce qui va suivre c’est de mettre en place le projet que je souhaite porter pendant mon mandat qui est l’ascension socio-éducative des déficients intellectuels. C’est un projet que j’ai toujours soutenu à distance et je me suis dis, pour ce mandat étant donné que << j’ai plus de poids >>, je pourrai porter ce projet un peu plus loin parce que l’handicap intellectuel n’est pas encore bien cerné dans la société africaine. Ces personnes sont mal perçues parfois leurs familles le cachent, parfois même elles ne savent pas exactement le nom qu’elles doivent mettre sur la souffrance que ces personnes endurent, donc là il est question de sensibiliser pour un début afin de déconstruire les préjugés de sorcellerie que ces personnes subissent dans notre société. Ensuite collecter des fonds pour participer à la scolarisation de ces personnes car je pense que si ces personnes sont bien encadrées elles peuvent participer à leur manière à apporter leur peu à l’édifice et à l’action d’une société inclusive .

Laura Dave Média: En terme de déploiement qu’est-ce que vous prévoyez s’il y’a déjà un planning pour les enfants ?
Patrick T:
en terme de déploiement il est question de descendre sur le terrain pour recenser les différents déficients intellectuels indigents afin de pouvoir leur apporter l’accompagnement et également descendre dans les orphelinats, parce que dans les orphelinats il y a pleins de déficients intellectuels. Il sera question de donner la priorité aux orphelins qui souffrent de déficience intellectuelle. Nous allons aussi descendre dans les établissements pour faire des campagnes de sensibilisation, expliquer aux personnes que les déficients intellectuels ne sont pas des personnes à part, mais plutôt des personnes à part entière qui ont également leur potentiel à apporter.

Laura Dave Média: De Mister francophonie Cameroun à Mister francophonie international qu’est ce qui change chez Patrick ?
Patrick T:
Ce qui change chez Patrick je dirai rien du tout. Je me sens toujours la même personne c’est vrai qu’ il y a les comportements des personnes qui changent avec moi << par exemple tu n’es plus très disponible >> et ce n’est pas tout le monde forcément qui le comprend. C’est vrai que ça m’affecte un peu mais je pense que je vais m’y habituer.

Laura Dave Média: il y a beaucoup de filles qui s’alignent derrière vous ?
Patrick T:
c’est compliqué mais il faut rester concentré.

Laura Dave Média : Quelle est votre plus grande déception ?
Patrick T:
c’est vrai que c’est compliqué à dire, c’est compliqué comme question !Ma plus grande déception dans le domaine du mannequinat et concours de beauté c’est qu’il y a certains concours de beauté dans lesquels on te dit par exemple ” sois peut-être Mister réseaux sociaux” et une fois que tu es élu tu n’as pas l’accompagnement qui va avec parce quand tu viens te présenter à un concours c’est parce que tu dois donner ton temps pour avoir un certain impact et puis aussi nous avons comme l’impression que les concours de beauté deviennent de plus en plus pluvieux. Maintenant c’est difficile de trouver un concours de beauté avec une plus value, par exemple tu vas voir un concours de beauté qui, une fois la miss élue il y’a pas de suite. C’est ça qui est un peu décevant.

Laura Dave Média: parlant de votre casquette d’acteur de cinéma puisque vous dites faire dans l’actorat, on n’a pas encore vu Patrick à l’action. Est-ce que vous pouvez nous parler des projets sur lesquels Patrick a donné son image ?
Patrick T:
En effet, je n’ai pas encore été vu à l’action comme vous dites, mais je pense que vous me verrez bientôt parce que j’ai joué dans la dernière série de Monsieur Ebenezer Kepombia la “bataille des chéries “ qui sera disponible bientôt et j’ai aussi joué dans une série “dimension 13 ” de Cynthia Elisabeth Ngono chez qui je me suis formé. J’ai également joué dans “HEART BEAT” qui était diffusé dernièrement sur une chaîne locale et enfin j’ai joué dans plusieurs courts métrages qui sortiront bientôt.

Laura Dave Média: Quel est votre mot de fin ?
Patrick T:
Mon mot de fin c’est merci, soyez vous même, soyez vrai, ne changez pas, restez qui vous êtes qu’importe les circonstances.

Propos recueillis par Serge Bonny et Leslie NGO OUM ( stagiaire ).

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