Jeune pétri de talents, Guy Michel Kingue est un artiste camerounais gospel qui a fait ses preuves à l’émission de télé réalité Africa Stars où il en est sorti vainqueur en 2010. Il a aussi excellé dans le football, mais n’a malheureusement pas pu poursuivre sa carrière à cause des soucis de santé; architecte de profession, la musique est pour lui aussi un moyen de se faire de la clientèle. Nous l’avons reçu il y’a peu et il n’a pas hésité à livrer un message à l’endroit des hommes de Dieu.
Laura Dave Media : Vous êtes un visage qu’on ne présente plus sur la scène du gospel au Cameroun et même en Afrique mais, comment se porte cette musique au Cameroun ?
Guy Michel Kingue: Je pense qu’il y’a eu un réel progrès, je pense qu’elle se porte bien. Elle est sur un très bon rail et ça promet pour les années à venir.
Laura Dave Media: C’est en 2010 que vous avez été révélé dans l’émission de télé-réalité Africa stars. Comment un jeune à cette époque se retrouve dans un tel milieu et pourtant amoureux du football à la base ?
Guy Michel Kingue: Oui, je dois dire qu’honnêtement ce n’était pas une programmation qui dépendait de moi. Je sortais d’un entraînement un soir et je reçois le coup de fil d’une amie qui me dit vas faire le casting et moi je lui dis non moi je ne chante que pour Dieu parce que à l’époque je chantais déjà mais à l’église. Elle me dit vas-y tu as du potentiel et tout, et je connaissais déjà Sidney qui avait gagné la première édition parceque c’était un ami d’enfance, il nous a fait tous rêver. C’est ainsi que je vais au casting tout naturellement le premier jour c’est saturé il y’a trop du monde je dis non moi je rentre. Je viens le deuxième jour pareil; le troisième jour je dis je n’y vais pas et elle était là le troisième jour, c’était vraiment une envoyée du Seigneur. Elle m’appelle Guy Michel tu es où là je lui dis j’arrive. Quand j’arrive ils étaient environ 150 candidats parmi lesquels Verushka, Sanzy Viany, Etane leock, il y’avait de la crème. Je prend le micro et je chante , une semaine après je suis entrain de partir au Sénégal. Je me retrouve au Sénégal et je suis un candidat à abattre parceque Sidney à la première édition était du Cameroun et moi encore du Cameroun, il y’avait toute une pression derrière. Je penses que j’avais eu l’opportunité de me préparer avant sans le savoir parceque quand je m’étais fais mal au genou je savais que je n’avais que deux alternatives soit je rentrais à l’école et j’essayais d’exploiter l’autre talent que Dieu m’avait donné : la musique. Alors je travaillais vraiment mon potentiel vocal et scolaire en me disant que si jamais »jai l’opportunité je la saisirai » et puis c’est arrivé et je l’ai saisi et quand je suis arrivé j’étais prêt et je pense que des 14 candidats la marque est restée en fait .
Laura Dave Media: parlant toujours de cette édition là. Il y’a eu quand même pas mal de tracasseries. Comment Guy Michel a-t-il pu tenir ?
Guy Michel Kingue: je pense que j’ai eu la grâce et la chance d’avoir quand même des aînés au Cameroun avec qui j’étais en contact et puis à l’époque il faut dire que ce par quoi j’étais déjà passé dans la vie même circulaire et tout m’apprenait déjà un peu les rouages de la vie. Je savais que le public te regarde c’est pour que tu vives, tu vis un moment et il ne faut pas te focus sur ce que tu vis, essayes de voir ce que le public attend et fais l’effort.
Laura Dave Media: Toi qui es dans le gospel depuis bien longtemps, quelle est la différence qu’il y’a entre chantre et Gospel ?
Guy Michel Kingue: La différence elle est beaucoup plus faite entre le chantre et l’artiste gospel, et beaucoup de personnes font ce mélange là; mais en fait il faut déjà comprendre que les deux ont un même objectif c’est chanter pour la gloire de Dieu, pour l’édification des hommes, et pour prêcher l’évangile. La différence se fait au niveau de la décision. En général, l’artiste gospel décide de dire je veux chanter pour Dieu, je veux chanter de la musique gospel, or le chantre en général c’est quelqu’un qui a reçu un appel, il a été interpelé par Dieu, il a reçu qu’il faut que tu le fasses, moi j’ai reçu un appel dans la vie comme je le disais tout à l’heure de le faire. Je ne voulais pas le faire de ma vie, je voulais être footballeur mais j’ai reçu un appel et par cet appel aujourd’hui je sais que je suis un chantre parceque c’est Dieu qui a décidé de me pousser dans cette voie là.
Laura Dave Media: Mais toi personnellement tu te définis comme quoi?
Guy Michel Kingue: Personnellement, je me défini comme un chantre. Parceque j’ai reçu cet appel et je sais qu’aujourd’hui même si je veux arrêter, je ne suis pas sûr que Dieu me le permettra.
Laura Dave Media: Au Cameroun on constate que cette musique gospel manque de visibilité contrairement a d’autres pays de l’afrique francophone. C’est dû à quoi Guy Michel?
Guy Michel Kingue: je pense que le problème c’est la structuration de la musique gospel en Afrique francophone. Il faut le dire ainsi parceque en Afrique anglophone c’est autre chose; en Afrique francophone aujourd’hui le gospel n’a pas encore pris son esprit. Au Cameroun aujourd’hui si je m’arrête je demande combien de Label il y’a au Cameroun qui font uniquement de la musique gospel ? on aura peut-être deux ou trois qui sont sérieux. Ça c’est déjà un problème de structuration. Combien de chanteurs de musique gospel comprennent que c’est un genre de musique qui non seulement rapporte de l’argent mais a un public fort pour aller se former réellement sur la musique, sur le show biz en général, le droit d’auteur, les droits d’édition, comment ça fonctionne dans ce milieu là. Ils sont très rares, la majorité se concentre beaucoup plus sur le ministère c’est à dire je veux chanter, gagner des âmes, je ne cherche pas l’argent. Mais c’est de l’ironie.
Laura Dave Media: est ce que ça réduit la visibilité de ces derniers ?
Guy Michel Kingue: Je pense que oui, ça empêche que ces acteurs prennent la chose vraiment un peu plus au sérieux parce que la musique c’est un créneau qui génère beaucoup d’agent et qui a forcément une certaine structuration mais ce ce que je vais dire c’est un chemin: il y’a du marketing, il y’a des actions commerciales à faire, il y’a une façon de gérer le produit, la marque et tout, il faut comprendre tout ça.
Laura Dave Media: Puisque dès le départ vous avez été hué par bon nombre de personnes, c’est juste lorsque tu as eu un peu de succès qu’ils sont revenus. Parcequ’ils ne croient pas aussi à la musique gospel…
Guy Michel Kingue: ça c’est vrai mais, j’ai du me battre seul. Je n’ai pas attendu que quelqu’un vienne m’aider. J’ai dû me battre parceque j’avais un objectif en tête et je crois que dans tous les secteurs de la vie, si vraiment tu veux chanter pour Dieu, écoutes Dieu a besoin de ce qui est excellent, il ne prend pas la médiocrité.
Laura Dave Media : En tant que leader de la musique gospel camerounaise qu’est ce qu’il faut faire pour que cette musique puisse éclore en Afrique et dans le monde ?
Guy Michel Kingue: J’ai parlé des mentalités tout à l’heure je vais prendre un exemple Dena Mwana qui est une chanteuse de gospel congolaise mais qui est une super star mondiale aujourd’hui, a signé chez Motown qui est chez Sony; Sony n’est pas un label de production de musique gospel, on est d’accord. Je pense qu’aujourd’hui peut être ces labels là qui produisent la musique circulaire mondaine commencent à comprendre et j’espère en tout cas que je la musique gospel a un public et si peut être eux aussi ils jetaient un coup d’œil pour prendre ce genre de musique comme un business, je préfère ça ne me dérange pas comme un business, peut être ça apportera un plus ça c’est un. De deux, je pense que les porteurs d’évangile dans une nation ce sont les pasteurs, ce sont les hommes de Dieu qui ont un bagatelle de population autour d’eux, qui ont de grandes églises, qui ont un minimum de moyens. Je pense que si ces pasteurs s’unissent aujourd’hui, et disent qu’ils vont pousser la musique gospel pour qu’elle atteigne son apogée et rivaliser réellement la musique circulaire mondaine je pense qu’on aura une véritable révolution. Donc que chacun arrête de se concentrer sur son église, la visibilité de son église, on est là pour le même arbre, on est des racines et il y’a le tronc etc. Moi je pense que ce serait l’une des solutions. Donc premièrement les mentalités, deuxièmement les pasteurs, si ces hommes qui portent l’évangile se rassemblaient pour porter ce côté là, le gospel musique, troisièmement les labels qui font aujourd’hui dans la production de la musique mondaine circulaire je pense qu’ils commencent à comprendre.
Laura Dave Media: On constate que la musique gospel camerounaise a beaucoup des airs des chansons nigérianes. On se poserait la question de savoir est ce qu’on perd notre identité à nous?
Guy Michel Kingue: je vais dire que ce problème là n’est pas seulement dans le gospel, je pense qu’aujoud’hui en général même quand j’écoute certaines chansons circulaires mondaines à part le mbolé il y’a toujours un fond des musiques venues du Nigeria.
Laura Dave Media: Parlez-nous de votre participation à la CAN au Tchad en 2005 avec les lionceaux.
Guy Michel Kingue: Je dis merci à Dieu qui m’a bourré de beaucoup de talents, j’en ai trop en fait. Et parfois je me dis une seule personne avec autant de talents, en fait je suis reconnaissant à Dieu, sincèrement je suis reconnaissant à Dieu. Parceque j’étais un très bon joueur de football et tous ceux qui m’ont connu à cette époque jusqu’aujourd’hui peuvent le confirmer. C’était une Belle époque, je jouais avec une équipe de deuxième division pour la MTN Élite Two, jeunesse stars et de là j’ai été copté pour faire mes tests à l’équipe nationale cadette et donc j’ai été pris parmi ceux là qui allaient au Tchad.
Laura Dave Media: « Renaissance » c’est votre toute dernière sortie en featuring Dj Gérard Ben, comment naît la collaboration ?
Guy Michel Kingue: Déjà je rencontre Dj Gérard Ben sur une chanson qu’on a fait pour Samuel Eto’o pour son anniversaire avec Armand Biyack, Gaëlle Wondje et je vois quelqu’un de très simple, vraiment quelqu’un de bien et donc on accroche et on s’écrit de temps en temps, très respectueux et j’ai beaucoup aimé la personne. Donc ce qui m’a d’ailleurs challengé et je me suis dis je dois être comme ça moi aussi. Un soir il m’appelle et me dit: grand j’ai une chanson et je voudrais qu’on la fasse ensemble, bon là sur le coup je ne perçois pas trop la chose. Je suis un chanteur gospel, lui c’est pas le cas parce-que est ce que si je lui dis non, est ce que ça va le blesser et tout ! Mais je lui dis envoies quand même je vais écouter, il est très spontané il m’envoie, j’écoute ça ce soir là je dis c’est trop fort ça. En fait il a fait un mélange de tous les grands succès de Gospel de l’époque et tout. Je l’appelle je lui dis on va le faire peu importe ce qui se dit on l’a fait. On s’est vu il m’a raconté l’histoire de deux de ses chansons, une histoire de son épouse; ça m’a beaucoup marqué et j’ai compris que c’est quelqu’un qui connaît réellement Dieu et j’ai profité pour lui prêcher l’évangile et j’ai mis une semence en lui. Quand on est entré en studio ça a coulé, une chanson qu’on a fait en 45minutes.
Laura Dave Media: Vous êtes depuis peu derrière une entreprise d’architecture. Parlez-nous de NGA Design.
Guy Michel Kingue: Je dois dire que c’est une longue histoire, je vais juste paraphraser pour ne pas être long, mais effectivement j’ai fait des études en architecture intérieure parceque, un matin je me suis assis et mon épouse rentrait tout le temps à la maison très fatiguée, très enlassée elle me dit comment le climatiseur me frappe trop le visage au boulot, écoutes mon bureau est petit et puis ça m’empêche de bien bosser et tout; j’ai dis okay et quand j’allais dans certaines entreprises juste pour des sponsorings pour des événements parceque à l’époque j’ai fait quelques évents aussi, j’ai réalisé que le bien-être de chaque employé aujourd’hui passe aussi par le cadre et aujourd’hui je réalise qu’au Cameroun, quand quelqu’un gagne de l’argent ou quand quelqu’un décide de construire une maison, le gros œuvre c’est toujours très propre, c’est beau mais en fait pour les finitions on est jamais calé.
Laura Dave Media: C’est pareil dans tous les domaines, comme dans la couture…
Guy Michel Kingue: Tu vas voir un mec qui dit non ma femme va faire la décoration là elle peut faire, elle va mettre les rideaux ici. Mais en fait c’est un métier et j’ai eu cette grâce de me rendre compte que c’était un métier quand j’étais en Côte d’Ivoire et j’ai pu m’inscrire dans une école à Cocody à Abidjan de faire une formation dans cela pour apprendre l’utilité du matériau, la décoration entre le matériau, le matériel et le relief dans lequel nous nous trouvons, les revêtements bureaux et tout ce qui va avec, le cloisonnage, la distribution des espaces et ça a créé en moi une véritable passion, donc j’ai compris que l’art musical, l’art football, maintenant c’est art design okay seigneur tu as fais de moi un artiste, allons y! Et j’ai décidé de me lancer dans la création d’une entreprise avec un partenaire à l’époque et on s’est séparé plus tard mais j’ai foncé et par la grâce de Dieu ce que j’ai appris a révélé en moi beaucoup plus de talents, j’ai formé pas mal de jeunes et aujourd’hui j’ai prêt de 25 employés dans ma petite boîte et des ingénieurs de tout genre parceque en fait aujourd’hui au Cameroun, il faut le dire ce n’est pas ce qu’on a appris forcément à l’école qu’on fait dans la vie. Moi j’ai des ingénieurs en pétrochimie qui font déjà le BT aujourd’hui parce qu’on a fait de petites formations et tout. Et par la grâce de Dieu à cause de la musique, ça c’est quelque chose qu’il faut révéler. Ça c’est très important c’est que je dois reconnaître je n’ai vraiment jamais fait une prospection particulière pour avoir les clients. Grâce à la musique j’ai eu des clients. La petite anecdote l’une des banques de la place avec qui je suis partenaire, je suis entré dans cette banque là un matin, j’allais déposer mon dossier,mon offre de service et quand j’entre je suis à la réception et tout je dis à la dame bonjour je voulais déposer une offre de services pour les rénovations et tout, je vois que vous êtes entrain de passer en banque et certaines il y’aura des agences à faire; elle me dit non on n’a pas lancé un appel d’offres je lui dis okay je peux quand même laisser le dossier? Elle me dit monsieur non allez déposer ça au courrier, je fais l’effort de ne pas être frustré, je suis entrain d’aller au courrier et je rencontre un monsieur et ce monsieur c’est le DAAF de l’entreprise, je ne le connais pas mais lui il me connaît il s’est mis à crier Guy Michel c’est toi? C’est Guy Michel? Je dis oui. Il dit putain ma femme te kiff mon frère attends je prends une photo. il me dit qu’est ce que tu fais là? Je dis non je suis venu déposer mon dossier, mon offre de services, tu fais dans quoi ? Et c’est comme ça qu’il m’a emmené dans son bureau il me fait asseoir , il me donne à boire, je lui dis ce que je fais, il me dit okay poses ton dossier là; c’est lui qui prend mon dossier qui va déposer aux moyens généraux et une semaine après je reçois un appel d’offres que je gagne et je fais mes preuves c’est du whaouh c’est le DG qui me fait son contact, il me dit écoute, toi là on ne te lâche plus; aujourd’hui je suis à la septième agence que j’ai construit pour eux de la même banque; il y’a aussi eu des compagnies d’assurance, même chose.
En fait ce que je veux dire c’est que je me suis rappelé de la parole que Dieu avait dit le 26 Avril quand il est révélé à moi il dit « moi je vais t’utiliser et au travers de la musique, je vais te bénir ». En fait, je peux chanter aujourd’hui dans les événements, et ne même pas avoir un cachet mais je le fais avec tout mon coeur, je suis convaincu qu’après là dans mon business là le contrat que ça me donne, et c’est de ça que je vis. C’est ce que je vis en fait. Les gens ne le savent pas mais c’est ça.
Laura Dave Media : Votre mot de fin.
Guy Michel Kingue: Le message que je voudrais passer aujourd’hui va à l’endroit de mes confrères camerounais, mes frères et sœurs qui ont choisis ou alors ont été appelés à polir ce genre de musique et pour toucher des vies au travers du gospel, je voudraid vous dire aujourd’hui l’heure est à l’unité, l’heure est vraiment à l’unité. Il est temps qu’on se mette ensemble et qu’on mette de côté toute sorte de préjugés parceque nous travaillons tous pour le même arbre, pour le même tronc qui est Dieu.
Laura Dave Media: Merci Guy Michel Kingue d’avoir répondu à nos questions.
Guy Michel Kingue : Je vous en prie.
Propos recueillis par Laura Dave Media