Après l’annonce de son sacre le 24 septembre dernier, Eric Delphin Kwégoué, lauréat de l’édition 2023 du prix Théâtre RFI s’est confié à Laura Dave Media.
Laura Dave Media : Quelles sont vos impressions après cette victoire ?
Eric Delphin Kwégoué : Je ne considère pas ce prix comme une victoire car dans le mot victoire, je vois vaincre des adversaires, dans ma philosophie de vie ,je ne suis jamais en compétition avec l’autre, jamais , le seul adversaire que j’ai c’est moi même. Donc ce prix est pour moi une récompense majeure, un couronnement, l’aboutissement d’un travail en perpétuelle évolution. J’ai été très ému, très content à l’annonce de ce prix, car il tient une place importante dans le parcours des auteurs et autrices africain.e.s et de l’espace francophone mondiale.
Laura Dave Media : Etes- vous surpris par ce prix ?
Eric Delphin Kwégoué : Surpris, je dirais oui, parce que dans une une compétition comme celle là où le jury reçoit plus de 200 textes, on n’est jamais sûr d’être l’heureux élu. Même quand on est sûr de son texte, ça ne peut pas être pareil pour les jurys composés des hommes et des femmes du monde culturel et artistique ayant des connaissances approfondies. Il plane toujours dans une compétition un vent d’incertitude et de doute. Tous les candidats et candidates y croient tous et toutes.
Laura Dave Media : Parlons de la pièce “A coeur ouvert”, à l’origine de votre sacre. Elle vous a été inspirée par quoi?
Eric Delphin Kwégoué : Pour dire vrai, l’assassinat horrible, brutal et totalement inconcevable du journaliste Martinez Zogo m’a complètement bouleversé, les nuits durant , je n’arrivais pas à retrouver le sommeil.Tout l’immense tapage autour de ce satané assassinat a créé en moi comme une sensation de mal être organique. Et il a fallu une phrase du célèbre auteur congolais Sony Labou Tansi pour me sortir de ma torpeur et me donner la rage d’écrire ce texte . Sony dit : ” l’art n’est qu’engagement , l’artiste africain doit s’engager”. Et c’est comme ça que j’ai décidé de prendre la parole pour m’engager pour la défense de la justice sociale et la liberté d’expression.
Laura Dave Media : Comment entrevoyez vous l’avenir après une telle distinction ?
Eric Delphin Kwégoué : Il est certain que mon année 2024 sera super chargée vu le calendrier de promotion du texte prévu par la direction de RFI et ses nombreux partenaires. Le planning est bien chargé et c’est très réjouissant parce que vous savez que notre métier n’est pas toujours évident. Être auteur ou actrice en Afrique, c’est un parcours de combattant ,fait d’ingratitude et de non reconnaissance, alors être lauréat d’une récompense pareille ouvre beaucoup de voies, c’est une étape de grande visibilité alors il faut savoir surfer sur la vague et saisir les opportunités.
Laura Dave Media : A qui dédiez vous ce prix?
Eric Delphin Kwégoué : Tout d’abord, je dédie ce prix à la mémoire de Martinez Zogo, à sa tendre épouse et aux enfants. A la mémoire de tous les journalistes qui sont morts pour défendre les causes sociales, la justice populaire et la liberté d’expression. Je dédie également ce prix à ma famille , à ces belles âmes si chères qui m’accompagnent au quotidien, m’encouragent , me soutiennent et croient en mon potentiel. A celui qui m’a inculqué la germe artistique Théodore kayese et tous ces aînés et devanciers qui me guident dans l’ombre de la beauté.
Propos recueillis par Hervé MBOLO.