Le magazine Laura Dave entre dans l’univers des managers d’artistes et met en lumière les réalités de ces peoples au Cameroun.

Être manager d’artistes n’est pas une spécificité camerounaise. Le métier est pratiqué à travers le monde avec des missions précises. ” Par définition le manager est celui qui gère la carrière d’un artiste, ses scènes, ses spectacles, sa discographie. Il se rassure que tous les éléments liés à la communication, à l’image, et à la réussite de ses spectacles concourent au rayonnement de cet artiste et en retour il bénéficie de ce qu’on peut qualifier de pourcentage sur l’ensemble des apports qu’il construit autour de l’artiste dans sa carrière”, explique Michel Ngatchou, acteur culturel.

L’activité est de plus en plus convoitée dans notre pays. Ils sont nombreux ces compatriotes qui s’y engagent pour en faire des trajectoires de vie. Une histoire de famille pour certains. “Tout le monde dans ma famille maternelle exerce ce métier. En 2013 , avec un de mes cousins hyper bon en rap, je me positionne comme son manager et c’est ainsi que je me crée une place”, déclare Patrick Anderson Waffo, manager. Pour d’autres c’est une histoire de passion tout simplement. ” Grand fan de musique, je débute comme bénévole dans les festivals, j’assiste à bon nombre d’événements, de talks et d’échanges en rapport avec la musique”, relève Marcel Ebelle, manager.

” Voyez ça avec mon manager”. C’est la réponse qui revient tout le temps dans la bouche des artistes lorsqu’on rentre directement en contact avec eux. C’est normal, c’est même professionnel. Cependant il y a d’autres réalités. “Nous sommes dans l’esbroufe, les managers au Cameroun n’existent pas. C’est ceux que tu appelles quand tu veux avoir l’artiste pour un spectacle, une soirée, un mariage… C’est celui qui accompagne l’artiste, fait des photos, c’est juste des rapprochements pas du tout des stratégies développées pour un rayonnement exceptionnel de la carrière de l’artiste “, souligne Michel Ngatchou. Un avis qui n’est pas très loin de la perception de l’imagerie populaire qui voit les managers comme les hommes de main des artistes. Et aux managers de se justifier en rétorquant : “Vous n’allez pas arriver dans un espace public et laisser votre artiste porter ses bagages ou bien aller s’acheter un truc . Une fois que vous faites cela vous gâchez votre boulot car l’artiste c’est l’image généralement ” selon Patrick Anderson Waffo, manager. Une autre réalité Camerounaise du management artistique, c’est celle qui renvoit à ces accrochages permanents entre artistes et managers. Les deux protagonistes ne sont pas toujours d’accord sur un certains nombre de points. ” il y a déjà eu des désaccords, le dernier en date était en rapport avec un cachet “ révèle Marcel Ebelle. “Si vous voulez être en paix avec un artiste ne cherchez pas trop à rentrer dans sa vie privée, vous aurez tous les problèmes de la terre”, précise Anderson Waffo.*

Les managers d’artistes ont une grosse part de responsabilité dans les misères qui gangrènent leur activité. Mais tout n’est pas perdu, il est possible de redonner au métier toutes ses lettres de noblesse car ” l’artiste est une entreprise et nous sommes les dirigeants de cette entreprise”, d’après Marcel Ebelle. Cela passe aussi par certains préalables. “le respect c’est ma première devise. Une fois que tu bafoues cela, même si tu es Micheal Jackson, mon ami, on ne va plus s’entendre”, dixit Andersson Waffo. Pour les acteurs culturels, les artistes doivent connaître les missions assignées aux managers afin de leur permettre de jouer pleinement leur rôle. ” il faut que les artistes essayent de se mettre en mater classes , faire des sorties de façon groupée pour dire, nous voulons à travers nos carrières aider nos compatriotes à se faire un peu d’argent à travers les activités que nous menons”, propose Michel Ngatchou. A tout prendre, le contraste entre la vie aristocratique des artistes et les difficultés existentielles de certains managers, cessera à coup sûr si et seulement si ces fondations et bien d’autres sont posées en amont.

Hervé MBOLO

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