Ce 05 janvier 2022 a débuté la deuxième édition du Carnaval Ngan Medza avec en prime, l’histoire de la traversée de la Sanaga par le peuple Ekang, sur le dos d’un serpent géant.
L’histoire de la traversée est bel et bien réelle ; du moins, c’est ce que fait comprendre le duo de conteurs par cette phrase introductive : “Les mythes sont des récits fondateurs.”
M. Mvesso Ganti qu’accompagne le Dr. Bingono Bingono, universitaire et homme de culture, pose les fondements historiques et archéologiques de ce qui avec le temps, est devenu un mythe.
Le récit répond à la question suivante : “Comment le peuple Ekang a fait pour traverser un fleuve de 1000 m il y a 5000 ans ?”
Les faits se sont déroulés à l’époque de la prescience, période pendant laquelle les initiés étaient en communion avec les ancêtres et les génies. Le guide, considéré comme celui qui a fait la découverte du serpent et dont on n’est sûr des origines, a parcouru le fleuve de l’amont vers l’aval dans l’espoir de trouver un point d’étiage. Cependant, ses recherches se sont montrées vaines. Il est alors convaincu de l’utilisation de voies mystiques pour traverser le fleuve. Il réussit à faire émerger le Ngan Medza de l’eau grâce à une formule incantatoire et informe les populations de sa trouvaille. La traversée a lieu, à plusieurs reprises et à des moments historiques différents.
Depuis lors, le serpent Boa a été totémisé chez les Ekang et on ne le mange qu’à travers des rites initiatiques.
L’histoire de la traversée du peuple Ekang relatée en 2023 à l’occasion du Carnaval Ngan Medza, marque la volonté des ressortissants de ce peuple de déconstruire le mythe Ngan Medza bâti au fil des années, pour renouer avec ce patrimoine culturel délaissé du fait de l’arrivée des missions chrétiennes européennes.
Laura Mbock